Médecins du Monde fête ses 30 ans

Pour l’association, l’heure n’est pas au bilan. Il faut rester concentrer sur le présent et sur l’urgence des inégalités croissantes. Et le combat commence en France.

Médecins du Monde souffle ses 30 bougies cette année. C’est en toute simplicité qu’Olivier Bernard, Président de l’association, a reçu les journalistes pour une conférence de presse-anniversaire jeudi 3 juin, bien que l’heure ne soit pas à la fête.

Ni bilan ni rétrospective ne sont à l’ordre du jour. Olivier Berbard garde un regard concentré sur les problèmes actuels : « On ne veut pas d’un anniversaire tourné vers le passé. Il faut rester dans le présent »

Et ce présent met l’accent sur les actions françaises. Sans pour autant délaisser ses nombreuses opérations à l’international, Olivier Bernard n’a cessé de répéter son attachement aux combats que l’association mène sur le territoire, rappelant surtout la situation critique des migrants, victimes de la politique d’immigration brutale du gouvernement. « Avec le froid de cet hiver, j’ai trouvé que la situation des réfugiés de Calais était même pire qu’au Kosovo. Les femmes enceintes ne voulaient pas se rendre à l’hôpital, de peur qu’on ne les arrête sur le chemin. » raconte-t-il, pris par un sentiment de « colère » comme il le dit lui-même.

Les soins avant tout

Lorsque ce pédiatre de formation concède un léger bilan, il s’alarme avant tout du « constat inquiétant des inégalités croissantes » tout en se félicitant du « savoir faire » acquis au fil des ans. « Aujourd’hui Médecins du Monde assume sa militance. » conclut-t-il.

Il y a quelques années de cela, Jacquy Mamou, Président de MdM de 1996 à 2000, plaidait pour la mise en place d’une justice internationale que l’association appuierait. En 1998, allait de paire avec cette volonté une campagne au slogan prometteur : « Nous luttons contre toutes les maladies. Même l’injustice. » Myriam Tierce-Monier, alors directrice de la communication déclarait même : « Il n’y a pas de guérison s’il n’y a pas de justice » Mais au fil des ans, l’idée n’a pas fait son chemin…

« Médecins du Monde n’est pas une association de Droits de l’Homme. Nous pensons toujours que la guérison est aussi psychique. Nous avons par exemple un programme en Cisjordanie avant tout centré sur la psychologie. Certes, il est vrai que la santé va de paire avec l’accès aux droits mais aujourd’hui, la lutte pour les droits de l’Homme passe avant tout par des partenariats. Par exemple, nous travaillons avec Amnesty international »

Un remerciement aux donateurs

« Nous nous centrons sur quatre combats : le Sida, Haïti, la violence faîtes aux femmes et le cas des migrants » détaille le Président de l’association. Des thèmes que l’on retrouve dans la nouvelle campagne publicitaire de l’association. On aurait pu s’attendre à un éloge des actions de MdM sur trente ans, pourtant c’est aux donateurs que les Médecins du Monde ont choisi de rendre hommage. Des images floues, des slogans à double sens pour au final laisser suggérer un merci. « On voulait surtout montrer aux donateurs que leurs gestes ont un impact réel. Et cibler les jeunes. Aujourd’hui, ce sont les nouveaux donateurs. » explique Emmanuel Colin, directeur de la campagne.

Léa Barbat

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