La Banque Centrale Européenne est au petits soins pour les destructeurs du système financier mondial. Inaugurant un nouvel oxymore, Trichet le bien-nommé prête aux banquiers nécessiteux des sommes absolument inouïes en puisant dans la cassette de 750 milliards d’euros que les volontaires désignés que nous sommes ont alloué à l’UE.
200 milliards d’euros de prêts en huit jours. Au taux ridicule de 1%. Montagne d’argent destinée aux banques dans la zone euro. Les mêmes banques qui veulent multiiplier les ponctions sur l’activité de nos petits comptes, continuer à refuser un crédit au salariés en CDD et persistent dans la spéculatop à mort, avec les produits dérivés qui ont déjà cassé la machine et la casseront encore.
Ces deux cent milliards d’euros devraient permettre aux banques françaises d’éponger, à terme, leurs actifs « pourris ». Autour de 195 milliards d’euros, d’après l’établissement du même Trichet, s’ils ne nous gave pas de mirages comme d’habitude, ou n’a pas cru trop vite les banquiers. Actifs impossibles à convertir, dont l’existence résulte du krach mondial que les banques ont elles-mêmes déclenché.
Petit rappel pour compenser un peu l’oubli généré par la masse d’insignifiances que nous déversent les médias aux ordres et la désinformation continue autant qu’insultante des institutions européennes, et autres politiciens aux mains sous la table.
Tout cela a commencé, il y a plusieurs années, et aux USA, naturellement, puisque la grande majorité des krachs trouve sa source dans le berceau du capitalisme très peu pur et très dur.
Les marchands de biens US vendaient du mirage immobilier comme d’autres de la came à Medellin, sans limites. Les mêmes ont fourgué des baraques à des gens qu’ils savaient structurellement insolvables, ce malgré leur expérience et malgré les ratios d’endettement. Les banques US et étrangères installées aux Etats-Unis finançaient les réseaux des’agences immobilières US, quand elles ne les possèdaient pas.
La machine s’est emballée, mais dans les directions des agences, des banques et de tous les organismes d’assurances diverses ou de construction tout le monde fermait les yeux. On prêtait, on vendait à qui ne pouvait acheter, et après nous le déluge, tant que la thune est là. L’évidence qu’un crédit ne peut être remboursé que par qui a les moyens de le faire n’arrêtera jamais un système où la pure avidité a supplanté et éliminé toute autre considération. Il arriva évidemment à ces acteurs délirants ce qui arriva au scorpion transporté au travers des eaux par la grenouille.
Prêt croissants jusqu’à devenir insoutenables. Des milliers d’américains noyés sous les dettes. Impossible de payer les traites, on vend la maison. Mais plus personne ne veut, ne peut acheter. Personne ne remboursera plus les dettes. Les crédits forment des kilomètres de papier-toilette.
Les banques US, françaises et autres canailles prévoyantes, pensaient s’être couvertes en jetant sur le marché ces dettes insolvables, mélangées avec d’autres titres de dettes plus ou moins valables. Ce fut à peu près aussi pertinent que d’empêcher l’éclatement d’une grenade en la planquant dans un tas d’avocats, sur les rayons d’un hyper. Le réel finit toujours par gagner. L’astuce minable et perverse allait exploer en plein vol, devenant en 2008 la mega-crise mondiale nommée crise des « subprimes », dont tout le monde goûte, peu à peu, la saveur amère et absolument pas douce.
Aujourd’hui, les banques de la zone euro ont, donc, durablement cassé le monde financier. La fracture s’étend à toute l’économie, pour disloquer bientôt le corps social dans son entier.
Voyons les conséquences dans le coeur du capitalisme pourrissant.
A l’avant-garde des métastases, il n’est pas très difficile de voir qui opère : Les bourses mondiales et leurs investisseurs instituttionnels. Au tout premier rang desquels on trouve les banques. Ces "zinzins" [1] constituent les plus gros requins dans le marigot boursier mondial. Ce sont eux qui achètent et vendent en masse, font bouger les cours, au besoin avec des méthodes qui dénient toute liberté au marché boursier, comme le HFT [2] Les zinzins veulent essentiellement faire bouger à la hause ou à la baisse le cours des actions de toute nature qui circulent dans les réseaux boursiers planétaires.
Ce qui revient à monter une mayonnaise dans le vide spatial.
Le support possible, et réel d’une croissance boursières ne peut être que la crédibilité des entreprises les plus grosses. Hors, parmi celles-ci on trouve les banques. Plombées aux yeux de tous, aujourd’hui. Quant aux autres entreprises, elles sont également en sérieuse difficulté, vu que les banques ne leur font plus crédit, que le consommateur est aux abonnés absents. Les jeux de la partouze boursière, à 90% spéculatifs, se déroulant sur ce plancher troué ajoutent à la déstabilisation. On est aux antipodes de l’argent en Bourse investi durablement, pour soutenir l’activité, comme le serine toujours le baratin que nous servent les acteurs boursiers.
Tout lemonde le voit, il suffit de regarder les courbes s’incliner vers zéro, le CAC, le Nasdaq, le Nikkei, toutes les bourses chuter de plus en plus, malgré des sursauts, s’effondrer de plus en plus vite. Le système est moribond, il était malade dés le départ. Malade de la valeur, qui n’a aucune valeur sans le travail, Baudrillard l’expliquait brillamment déjà dans un livre paru en 1973 [3] Les bourses sont menées en dépit des raisons économiques évidentes, pour ne pas dire contre la simple logique et les comportements anthropologiques fondamentaux, sans doute. En tous cas, contre l’incontournable fondement de l’économie qui est le travail fourni par les salariés et autres.
Le Casino Mondial est aujourd’hui brisé. Le CAC 40 a perdu 42% de sa valeur en quelques semaines. Il venait de remonter à peine. Il s’était écroulé déjà en 2008. Comme il l’avait fait en 2001, pour la crise de la bulle Nouvelles Technologies...On ne peut créer de l’argent avec uniquement de l’argent, même en employant les moyens les plus indignes pour y parvenir.
C’est une évidence économique et une revanche morale pour tout le monde, sauf pour M. Trichet et M. Sarkozy de Nagy-Bocsa qui a fait des pieds et des mains pour constituer le fond de 750 milliards d’euros, empêcher Merkel de s’y soustraire, et continue à pousser de toutes ses forces la BCE à financer les banques françaises, notamment.
C’est-à-dire sauver une nouvelle race de prédateurs sans la moindre once de morale, sans la moindre empathie sociale, qui handicapent l’avenir de toutes les sociétés civilisées.
Si Trichet ou Sarkozy sortaient de leur bunker dorés à la feuille, ils pourraient constater et subir au quotidien, par plans de rigueur interposés, que les européens souffrent grandement, et pas par leur propre faute, comme le répètent les médias soumis, qu’ils soient privés ou financés par notre argent.
La vie quotidienne est amputée, la perennité des emplois et des services sociaux pourtant indispensables anéantie. Le repos minimal et tant mérité de la retraite est lui-même brisé par un travail en extension, qui nous amènera bientôt directement au cimetière s’il n’arrive pas à nous faire sauter par la fenêtre avant. Elles sont énormes les blessures directes et indirectes infligées par cette perfusion de liquidités dans les coffres des banquiers à la cohésion sociale, à l’impression d’appartenir à une même société avec les mêmes valeurs.
Trichet et les politiques qui le commandent, par ce soutien à quelques-uns, dont les moyens, le pouvoir et les valeurs manifestées sont aux antipodes des existences communes, répliquent à une échelle continentale et très médiatisée les asymétries sociales insupportables que l’on constate et ressent dans chaque pays de l’UE. En sont-ils conscients ?
10% de la population française possède 40% du patrimoine du pays ; en 2004 le patrimoine des 10 % des plus fortunés était 2 135 fois supérieur à celui des 10 % les moins riches, d’après l’Observatoire des inégalités. J’ai bien peur, pour vous, Messieurs de la nouvelle noblesse non de titre mais d’argent, qu’on ne vienne bientôt vous ébranler les oreilles avec ces constats, faute de remettre à l’endroit votre entendement.
Quand on a fait le tour du problème et inventorié les impasses comme les dénis, on est bien obligé de le reconnaître : c’est une régession sans précédent qui est opérée par des dirigeants absolument sous contrôle des banques. Au coeur de ce cap vers les Sargasses, la ponction des forces vitales de l’UE par les banques, via la BCE et sous complicité des gouvernants.
En résulte un divorce brutal entre la réalité et les fondements même de l’UE, comme de la BCE qui en résulte, au plan sociétal – faire une meilleure société par la coalition des peuples – et économique, puisque les élites nous emmènent délibérément vers une vie plus mauvaise et jettent au panier les principes centraux du modèle économique libéral de l’UE, que Trichet et ses compères politiques prétendaient promouvoir et défendre.
Comment suivre le gouverneur de la BCE et le quarteron de décideurs UE, Barroso, Rompuy, ou la Commission Européenne avec sa « Nouvelle stratégie 2020 pour la croissance » qui annonent leurs ritournelles pesantes sur la libre-concurrence, quand ils ne laissent pas les banques se débrouiller alors qu’elles sont des acteurs privés qui ont choisi leur marché, leur stratégie et ont perdu d’elles-mêmes leur chemise ?
Comment peuvent-ils ces mêmes responsables et politiques invertébrés interdire formellement, ce dans tous les traités, de soutenir les éléments majeurs de cohésion et d’égalité républicaines en France et ailleurs, que sont les services publics, tout en versant des centaines milliards d’aide aux banques privées. dont les immenses fautes pour augmenter leurs profits privés gangrènent les institutions et les moyens publics de 400 millions d’européens. ?
Comment, enfin, Trichet peut-il distribuer notre argent à poignée pour un intérêt quasi-nul, alors qu’ils prête aux Etats - dans les rares cas où cela est permis par les traités de cette UE si douce aux banksters -, à des taux trois à quatre fois plus élevés ?
[1] investisseurs institutionnels, en jargon boursier.
[2] achat et vente à haute vélocité de produits boursiers grace à des logiciels très sophistiqués et des capacités informatiques très performantes, pour réaliser un nombre faramineux de transactions.
[3] Jean Baudrillard Le miroir de la production Ed. Casterman
http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4595
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