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11/05/2009

Face aux crises, une autre Europe

En 2008, trois ans après l’échec du projet de Traité constitutionnel européen (TCE) et quelques mois après la ratification en catimini du traité de Lisbonne par le Parlement français, la France a exercé pendant six mois la présidence de l’Union européenne. À l’issue de cette période, nous avons eu droit à la coutumière autosatisfaction des sommets de l’État. Mais le débat sur le bilan a été escamoté : dommage… Fidèle à son habitude, Nicolas Sarkozy s’est voulu le chantre du grand retour de la volonté politique. En fait, par delà les effets d’annonce, la politique européenne n’a pas dévié du cours qui est le sien depuis si longtemps. Les seuls domaines que la présidence française a marqués de son empreinte l’ont été, hélas, de façon bien négative : la défense et la politique de l’immigration. On eût attendu de l’Europe, depuis trois ans, qu’elle prenne un tour ouvertement social et qu’elle fasse le choix d’une présence active dans les grands dossiers planétaires. Il n’en a rien été : l’Union européenne a poursuivi dans son mixte de technocratisme et d’ultralibéralisme. Résultat : elle est de plus en plus loin des préoccupations de ses peuples et de ses citoyens et citoyennes ; responsables politiques et classes dirigeantes continuent de faire cavalier seul.

Aujourd’hui l’UE est plongée dans une vaste crise de légitimité et d’efficacité. Qu’il y ait crise n’a rien de surprenant : depuis plusieurs années les signaux d’alarme n’ont pas manqué. Ils n’ont jamais été écoutés et, a fortiori, jamais entendus. La crise en soi n’est pas un mal dès l’instant où elle perturbe un ordre immuable et suranné ; elle est même salutaire, tant les responsables européens semblent enfermés dans leurs certitudes tranquilles. Encore faut-il que s’ébauche une issue à cette crise par une marche en avant et non par un retour en arrière. Nous ne cachons pas notre jeu : la crise européenne ne devrait pas, à nos yeux, se traduire par la mort de l’Union européenne mais par la rupture avec la manière dont elle se construit. L’Europe ? Oui, cent fois oui mais l’Europe autrement. Il n’est plus temps de tergiverser. La Fondation Copernic s’est engagée depuis longtemps dans un double travail de décryptage critique et de prospective alternative. En octobre 2003, avant même la campagne du référendum sur le projet de Traité constitutionnel européen (TCE), une note « Europe : une alternative » avait été publiée. En octobre 2004 notre Fondation a été à l’initiative de « l’Appel des 200 » pour lancer la campagne du « non de gauche ». Il fut signé par de nombreuses personnalités de gauche, de la LCR jusqu’à des dirigeants du Parti socialiste et des Verts, du monde syndical et d’associations progressistes. Nous avons donc pris notre place dans la bataille contre l’ultralibéral TCE, rejeté en 2005. Avec beaucoup d’autres, nous nous sommes élevés contre la forfaiture qui, à l’automne de 2007, a abouti à la ratification par le Parlement français, sans sanction populaire, du traité de Lisbonne qui se contentait pourtant de reprendre l’essentiel des dispositions du TCE massivement repoussées par les électeurs français et néerlandais. Nous poursuivons sans hésiter ce combat européen.

Le parti pris de notre Fondation est donc qu’il faut, à gauche, concilier l’esprit critique le plus mordant et le plus exigeant, et la volonté de promouvoir une alternative à l’ordre dominant. Un tel parti pris est plus sensé que jamais : L’Europe est malade : ce n’est pas avec des placebos qu’on la guérira.

Ce livre, pluraliste, à notre image, est une contribution à la nécessaire tension vers une ère nouvelle pour l’Union. Puisque le débat sur la Présidence française n’a pas eu lieu, nous essayons d’en dresser le bilan dans la première partie. Et puisque l’action française est, en fait, restée prisonnière d’un cadre européen très contraignant, nous la resituons dans ce qui n’est rien d’autre que le fonctionnement ordinaire de l’Union européenne, notamment depuis le sommet de Lisbonne du printemps 2000. À cela s’ajoute une seconde partie propositionnelle. Nous proposons d’abord une méthode alternative à celle qui est suivie depuis des décennies : s’appuyer sur la dynamique sociale et l’engagement citoyen. Et nous y ajoutons un ensemble de pistes transformatrices. Il ne s’agit pas de réponses élaborées par la seule Fondation Copernic. Depuis quelques années, en effet, les travaux collectifs n’ont pas manqué, dans le cadre de notre Fondation, à Attac ou dans d’autres lieux de convergence où les forces critiques ont tenté de consigner ce qu’elles pouvaient avoir de commun. Nous avons articulés les résultats de tous ces travaux, sans préjudice des élaborations plus poussées des uns et des autres. Ce qui nous a frappés, en faisant cet effort de recollection, est la cohérence qui se dégage des propositions énoncées au fil des ans : nous avons trouvé, non pas une simple juxtaposition programmatique, mais la trame d’un projet cohérent, qui dessine réellement les contours d’une « autre Europe ». À lui seul, ce constat nous paraît être un facteur d’espérance.

Fondation Copernic

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