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15/05/2009

França - Un million de chômeurs en plus en 2009 ?

La France «risque d’atteindre un million de chômeurs supplémentaires en 2009», estime l’ex-directeur général du régime d’assurance chômage, Jean-Pierre Revoil.

Des manifestants dénonçant la hausse du chômage, le 29 janvier 2009 à Paris.

Des manifestants dénonçant la hausse du chômage, le 29 janvier 2009 à Paris.
Boris Horvat / AFP

«L'économie française ne crée pas d'emplois, mais n'en détruit pas non plus lorsqu'elle affiche 1 % de croissance annuelle du PIB», estime l'ex-directeur général du régime d'assurance chômage, Jean-Pierre Revoil. A partir de là, «c'est simple». A zéro de point de croissance, on détruit 200 000 emplois, et de même à chaque point de croissance en moins, selon ce statisticien. Un PIB en recul de -3,5 % équivaut donc à 900 000 emplois détruits.

Alors que le gouvernement estime désormais que la chute du PIB devrait se situer «autour de 3,0 %» sur l'ensemble de 2009, M. Revoil table sur -3,4 %.

«Comme actuellement la courbe démographique est plate - les départs en retraite égalent aux entrées sur le marché du travail -, toute perte d'emploi équivaut à de la croissance du chômage à l'état pur. Je suis donc en train de vous annoncer qu'on aura 900 000 chômeurs de plus cette année, et qu'on risque d'atteindre le million», a exposé M. Revoil.

«Je ne veux pas noircir le tableau, mais on n'a jamais vu une telle rapidité de croissance du chômage depuis l'après-guerre et peut-être la crise de 1929», a-t-il ajouté. Ancien chef du service statistique de l'Unedic, M. Revoil a été à la direction générale de 1992 à 2007. La corrélation entre croissance et emploi fonctionne dans les deux sens, c'est-à-dire qu'un point de croissance en plus de 1 % crée 200 000 emplois.

Mais «même si on peut penser que l'économie ira mieux en 2010, cela ne suffira pas à créer des emplois : il y aura seulement moins de perte d'emplois», prévient M. Revoil.

L'Unedic n'a livré aucune projection officielle. Des scénarios officieux examinés en janvier et en mars lors des réunions de bureau, où siègent patronat et syndicats, laissaient entrevoir 375 000 à 454 000 chômeurs de plus en 2009, mais ils étaient fondés sur des hypothèses de recul du PIB de -1,5 % et -1,8 %, bien en dessous de la réalité de la récession. Il faudrait en principe attendre le prochain bureau le 26 mai pour connaître les prévisions retenues par le régime.

Au premier trimestre 2009, autant d'emplois salariés que sur toute l'année 2008 ont été détruits. Avec une perte nette de 138 000 emplois (-0,9 % en un trimestre, -2 % sur un an), selon des données provisoires du ministère de l'Emploi. Comme depuis le début de la crise, les destructions d'emploi sont en grande partie imputables à l'intérim (-77 800 au 1er trimestre à 438 900 postes) et à l'industrie (-44 900 à 3,562 millions). En un an, le nombre de travailleurs temporaires a fondu de 33,8 % (-224 200 postes), précise le département statistiques et recherche du ministère (Dares). Le secteur des services, premier gisement d'emplois en France, enregistre au total une destruction nette de 93 900 emplois salariés au 1er trimestre à 10,702 millions de postes.

Libération - 15.05.09

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