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14/05/2009

L'Europe sociale est en marche face à la crise


La Confédération européenne des syndicats a appelé à des manifestations pendant trois jours pour exiger de l'UE une réponse concrète et coordonnée face à la crise. Quelques centaines de milliers de personnes sont attendues dans les rues. L'enjeu est de placer le social au coeur du prochain scrutin européen.

L'Europe sociale est dans la rue. A l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), quatre "euro-manifestations" sont attendues jeudi 14 mai à Madrid, vendredi 15 à Bruxelles et samedi 16 à Berlin et à Prague.

C'est une première pour la CES, organisation fondée en 197 qui regroupe aujourd'hui 82 confédérations syndicales dans 36 pays européens ainsi que 12 fédérations sectorielles. Des euro-manifestations ont déjà eu lieu - les plus célèbres sont celle contre la fermeture de l'usine Renault de Vilvorde en 1997 ou encore celle contre la directive Bolkenstein en 2005 -, mais jamais sur plusieurs jours et dans plusieurs capitales en parallèle.

"Dans un contexte de crise où le chômage explose, les syndicats européens défileront pour sauvegarder l'emploi et rappeler que toutes les mesures doivent être prises pour maintenir les travailleurs à leur poste de travail", explique la CES.

Plus de 8 millions de destructions d'emplois attendus en 2009 et 2010

Le taux de chômage a augmenté en mars dans la zone euro à 8,9%, soit son plus haut niveau depuis novembre 2005, selon Eurostat. En un mois, le nombre de personnes au chômage a progressé de 419.000 dans la zone euro, pour arriver à un total à 14,15 millions de personnes. Dans l'ensemble de l'Union européenne, le nombre de chômeurs s'élevait à 20,15 millions fin mars. Bruxelles table sur une perte de 8,5 millions d'emplois en 2009 et en 2010 dans l'UE.

La semaine dernière, l'UE a organisé à Prague un mini-sommet sur l'emploi qui, faute d'accord sur les moyens entre les 27 membres, s'est contenté de dresser un catalogue très général de recommandations pour faire face au chômage, de type il faut "maintenir autant de personnes que possible dans leur emploi", ou encore le recours au chômage partiel "peut constituer une option efficace pour des entreprises de toutes les tailles, avec le soutien de fonds publics".

La CES a refusé de souscrire aux conclusions de ce sommet. "Il est très important que l'UE ait une réponse vigoureuse à la crise, sinon ses citoyens auront des réflexes nationaux", a mis en garde à cette occasion son président, John Monks. Les trois journées d'action européennes de ce mois de mai ont pour objectif de "rappeler aux différents gouvernements qu'ils doivent apporter des réponses européennes pour régler cette crise et non pas prendre des mesures au cas par cas", explique la Confédération européenne des syndicats. Le mot d'ordre de cette quadruple et spectaculaire euro-manifestation, est l'appel à un "New Deal social" à l'échelle de l'Union européenne.

La CES veut donner plus de visibilité à l'Europe sociale

Entre 150.000 et 200.000 personnes au total sont attendues dans les rues des quatre capitales européennes. La manifestation à Madrid, qui a ouvert le bal de ces journées d'action, a réuni jeudi matin plusieurs dizaines de milliers de personnes. Une mobilisation qui peut sembler modeste en comparaison avec les journées d'action françaises - entre 465.000 et 1,2 million de manifestants le 1er et entre 1,2 à 3 millions le 19 mars -, mais qui constitue un record par rapport aux précédents rassemblements européens.

Reste que l'impact médiatique de ces journées d'action européennes sera limité, en France notamment, même si les cinq centrales membres de la CES (CFDT, CGT, FO, CFTC et Unsa) participeront aux cortèges. "Le problème de l'espace social européen est que les directives prises à Bruxelles sont ensuite transposées et soumises au débat public dans chaque espace national, explique Guy Groux, directeur de recherche du CNRS au CEVIPOF. Cette médiation des Etats a tendance à nationaliser les débats sociaux, à les sortir de leur contexte européen." Par exemple, lors des manifestations contre la directive Bolkenstein, l'opinion publique française s'est focalisée sur le "plombier polonais", ce qui n'a pas été apprécié en Pologne.

Et pourtant, depuis le traité de Maastricht, qui accorde la priorité aux partenaires sociaux pour négocier les directives sociales, la CES est une organisation essentielle face à BusinessEurope, l'organisation patronale européenne.

"Un grand nombre de critiques de l'UE portent sur le manque de visibilité de l'Europe sociale. Ces euro-manifestations de la CES ne sont donc pas à minimiser. Ces efforts méritent d'être retenus, notamment à quelques semaines de l'élection des députés européens", souligne Guy Groux. De fait, récession et envolée du chômage sont en cette période les principaux dénominateurs communs de tous les pays membres de l'Union européenne. Le social s'annonce comme un enjeu crucial du scrutin de juin.

l'Expansion - 14.05.09

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