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27/01/2011

23% des Français renoncent à des soins faute d’argent. Les résultats du Baromètre Cercle Santé analysant 8 pays

accès aux soins Pancho.jpg
L'image est tirée du site de France Handicap, où elle illustre l'article "Minimum vieillesse, adultés handicapés et chômeurs... Les oubliés de la CMU".
Le rapport du Baromètre Cercle Santé, réalisé par l’Institut CSA pour la compagnie d’assurances Europ’Assistance, porte sur sept pays européens (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Suède, Pologne et Autriche), auxquels s’ajoutent, pour la première fois, les Etats-Unis. La dernière édition, rendue publique en septembre 2010, nous apprend quelles sont les inquiétudes des Français – dans le contexte européen – quant au système de santé et de soins, mais aussi les tendances, inquiétantes, dans le recours aux soins, leur accessibilité et leur qualité.
Ce sondage à grande échelle complète l'analyse de Health Consumer Powerhouse, portant plus sur les détails de la qualité de soins selon des critères factuels, dont j'avais rendu compte dans un article du 31 janvier 2009 intitulé "Dessous de table, listes d'attente, accès restreint à certains soins, information limitée, autoritarisme... Le système de santé français n'est plus que 10ème en Europe".
Voici quelques-uns des résultats du Baromètre Cercle Santé. J'ai extrait ceux qui concernent les perceptions des Français, avant de passer au communiqué de presse dont je complète les chiffres, sur certains points importants, par des extraits de la synthèse ou de la version intégrale du rapport (celle-ci est téléchargeable à partir de la page principale). Quelques commentaires et des liens placés à la fin de l'article permettent d'aller plus loin au sujet des inégalités socio-économiques en santé. Certes, on a déjà parlé de ce sondage, mais un seul chiffre a retenu l'attention des media. Or il me semble que le tableau d'ensemble mérite attention.
49% des Français estiment que le système de santé actuel ne garantit pas l’égalité d’accès aux soins (48% oui, 3% ne savent pas). Ils sont 23% à avoir renoncé à des soins en 2010 – pour 11% en 2009 - et 12% à penser qu’ils seront peut-être amenés à le faire. Sur les huit pays pris en compte, seuls les Polonais (25%) et les Américains ont été dans une situation plus difficile (24%) de ce point de vue. C’est une progression de 12%, la même que celle enregistrée en Pologne, très forte par rapport aux autres pays. Ce n’est qu’en Allemagne et en Italie que le nombre de personnes ayant dû renoncer à des soins ou les reporter à augmenté, notamment de 5%.

61% des Français ont une opinion positive sur le système de santé dans son ensemble. L’organisation du système de santé est jugée excellente par 3%, très bonne par 12%, bonne par 46%, moyenne par 32%, mauvaise par 6%, NSP 1%.
Parmi les menaces qui pèsent sur le système de santé, au premier rang vient la pénurie de médecins généralistes (63%), puis à égalité : l’inégalité d’accès aux soins et le manque de financement public, avec 58%. Suivent l’augmentation du financement personnel (c'est-à-dire des dépenses non remboursées, franchises, etc.) (53%), les délais d’attente avant d’être soigné (52%), l’augmentation du prix des actes médicaux (48%), les risques de contracter une infection à l’hôpital (43%), puis les erreurs médicales (35%).
La proximité et la médecine générale ne sont pas essentielles dans tous les cas de figure. En cas d’opération nécessaire, 50% préfèrent s’adresser à un chirurgien spécialiste dans une ville éloignée, face à 49% qui iraient voir un chirurgien généraliste proche de chez eux. Ces chiffres font des Français les Européens les plus favorables à la médecine de proximité, suivis d’assez loin par les Britanniques (43%). Ces chiffres sont confirmés indirectement par les 80% de Français qui disent choisir leur lieu de résidence aussi en fonction de la présence de médecins et d’hôpitaux de proximité.
Les Français ne sont que 17% - score le plus bas parmi les huit pays – à envisager d’aller à l’étranger pour une technique médicale de qualité identique mais à moindre coût.
Pour ce qui est de « consulte[r] des informations santé sur internet », c’est le score le plus bas parmi tous les pays : 45% le font, dont 11% régulièrement et 34% occasionnellement. Avec toutefois une progression de 14% par rapport à 2006, qui s’intensifie au fil des ans. Parmi ceux qui « consultent » internet, 73% disent « oser » ( !) parler avec leur médecin des informations santé vues sur internet et les concernant. (Ils sont 91% en Finlande et 90% en Allemagne ; il y a donc de la marge… Manifestement, le paternalisme médical survit mieux en France.)
Seuls 10% sont favorables aux consultations médicales sur internet, 87% sont opposés – ce qui est de loin le score le plus défavorable de tous les huit pays. Les Allemands sont les suivants, mais à 22% favorables.
Par contre, les Français sont dans la moyenne – relativement uniforme partout -, avec 61% à être favorables au développement de techniques de surveillance à domicile (prise de tension, contrôle du rythme cardiaque…), que ce soit par téléphone, par internet ou autrement.
Avec 64%, les Français sont en bas du classement – seule l’Autriche demande moins - s’agissant de demander à l’Etat de dépenser plus pour la prévention d’épidémies telles que la grippe aviaire, la vache folle, la grippe AH1N1… Apparemment, le gaspillage autour de la grippe A H1N1, avec 94 millions de doses de vaccins commandées, a laissé un impact durable : pas besoin d’en faire plus... alors qu’en Grande-Bretagne, par exemple, 90% demandent plus de dépenses allouées à ce type de prévention.
Les pratiques sont en accord avec cela, puisque les Français sont plutôt en bas du classement s’agissant de dépistages, de visites de contrôle (médecine + dentiste), de bilans de santé… 50% ne sont pas intéressés par un programme de surveillance tout au long de la vie, comportant un suivi annuel personnalisé et des consultations de prévention. Par contre, par rapport à d’autres pays, ce sont les Français qui montrent le moins de désintérêt, suivis par les Italiens (52% de désintérêt) et par les Finlandais (54%).
Dans le cadre de la médecine du travail, les Français estiment avoir besoin de programmes spécialisés portant sur : le mal au dos (72%), la gestion du stress (57%), la prévention de l’obésité (40%), le dépistage de maladies graves (37%) et la prévention des risques liés à la consommation de tabac, d’alcool ou de drogues (35%).
70% estiment que la prise en charge des personnes âgées et dépendantes est moyenne ou mauvaise. 78% considèrent que la priorité, c’est le maintien à domicile, et non pas les maisons de retraite (20%). 52% estiment que les fonds publics alloués au maintien à domicile sont plutôt satisfaisants (46%) ou tout à fait satisfaisants (4%). Afin d’optimiser le maintien à domicile, 97% (pourcentage le plus fort de tous les pays) souhaitent le développement en priorité d’emplois d’aide à la personne / d’aide à domicile ; 87% miseraient sur la télésurveillance, 52% sur la robotique qui pourrait effectuer certaines tâches quotidiennes (ménagères, etc.).
Le financement de la dépendance devrait se faire par plusieurs moyens, puisque 61% se prononcent pour un financement mixte, public et privé (assurance personnelle, aide familiale…), 31% pour un financement public en totalité (cotisations ou impôt), et seuls 6% sont pour un financement intégralement privé (assurances et familles). Lorsque la question est précisée, 62% sont en faveur d’une assurance obligatoire publique, 46% en faveur d’une assurance obligatoire privée.
Quant à la qualité des soins selon la perception croisée entre pays, les Français sont 67% à penser qu’ils sont le mieux soignés, mais les autres pays n’indiquent la France qu’à 4%, vs. 19% pour la Finlande et 11% pour l’Allemagne, par exemple. En tout cas, les habitants de chaque pays pensent être le mieux soignés chez eux. 69% des Français pensent que les soins sont le mieux remboursés en France, mais seuls 3% des Européens leur donnent raison (mais 3% pensent aussi que le remboursement est le meilleur aux Etats-Unis...). Dans la perception des huit pays, c’est la Finlande qui rembourserait le mieux (16% le pensent).
Les Français ne sont que 20% à penser que la France est à la pointe de l’innovation technologique en matière de santé, comme 2% des Européens. Ce sont les Américains qui estiment leur pays comme étant le plus avancé (50%) et les autres le voient comme tel à 31%.
Pour 57% des Français, le secteur de la santé (incluant la fabrication de médicaments et de matériel médical, etc.) est un moteur pour l’économie, un secteur important pour la croissance économique. Cela dit, à part les Polonais (49%), les Français sont les plus enclins à considérer ce secteur comme une charge, puisque les réponses des autres Européens et Américains sont nettement favorables. Cela n’étonnera personne, compte tenu du discours néolibéral ambiant sur les dépenses qui grèveraient le budget de l’Etat, sur le trou de la Sécurité sociale, etc. La perception de ce secteur était un peu plus favorable en 2006, avec 60%.
***
Voici le communiqué de presse sur l'édition 2010 du Baromètre Cercle Santé, complété par quelques extraits et suivi par d’autres extraits de la synthèse du rapport :
« Les Américains sont moins satisfaits que la plupart des Européens sondés de l’organisation de leur système de santé, mais plus confiants dans la qualité des soins et le professionnalisme de leurs médecins.
Moins d’un américain sur deux (44%) juge favorablement l’organisation du système de santé aux Etats-Unis, loin derrière des pays comme la France ou l’Autriche qui totalisent respectivement 61% et 86% d’opinions positives sur leurs propres systèmes de santé. Ces résultats s’expliquent notamment par une perception plus inégalitaire de l’accès aux soins aux Etats-Unis (66% d’opinions négatives), qu’en France (49% d’opinions négatives) ou en Grande-Bretagne (40%). Parallèlement, les Américains sont plus préoccupés que les Européens sur les prix des soins : trois Américains sur quatre s’inquiètent de l’augmentation des prix des actes médicaux dans le futur, contre 51% en France.
En revanche, les Américains accordent plus de confiance que les Européens à la compétence de leurs médecins, avec 60% d’opinions excellentes ou très bonnes, contre 44% en France ou 24% en Italie. Les Italiens et les Polonais se montrent les plus critiques sur ces points, exprimant notamment des craintes face aux erreurs médicales et aux risques d’infection, et leur insatisfaction devant de trop longs délais d’attente.
Les Américains estiment d’avantage que les Européens la formation de leurs médecins, avec les plus hauts scores respectifs pour la formation universitaire et la formation continue (respectivement 72% et 67% d’opinions positives).
La crise continue de peser sur la consommation de soins avec près d’un Français sur quatre ayant renoncé ou repoussé des soins.
Les effets de la crise se font sentir sur le comportement même des citoyens, entretenant une tendance au report de soins. La situation s’est particulièrement aggravée en France et en Pologne, suivies par l’Allemagne et l’Italie, avec une progression respective de +12 points, +12 points, +5 points et +5 points du nombre de personnes déclarant être ou avoir été amenées à différer des dépenses de santé en raison des conséquences de la situation économique. »
***
[Plus de détails dans la synthèse du Baromètre Cercle Santé, dont voici un extrait :
"La crise et son impact sur la Santé : de nouvelles exigences sociales
Une tendance au report des soins
S’agissant du renoncement ou du report des soins de santé en raison de la crise, la situation semble s’être globalement aggravée en France et Pologne suivies par l’Allemagne et l’Italie, avec respectivement une progression de + 12 points, + 12 points, + 5 points et + 5 points de personnes déclarant avoir été amenées à renoncer ou à reporter des soins de santé entre 2009 et 2010. C’est seulement en
Grande-Bretagne, qu’en revanche, on observe une baisse des pourcentages (- 2 points). Ce phénomène est particulièrement sensible dans la tranche des personnes en âge de travailler, ainsi, les facteurs sociaux –crainte de perdre son emploi en cas de maladie- pèsent-ils tout autant que les facteurs économiques- moindre remboursement des soins- dans cette réduction du recours aux soins.
Dans tous les pays étudiés en 2009, les personnes appartenant aux catégories socioprofessionnelles les moins favorisées étaient, ou estimaient être amenées à différer des dépenses de santé en raison des conséquences de la situation économique. Cette opinion perdure en 2010, plus particulièrement chez les 40-59 ans -sauf en France et en Grande-Bretagne- et aussi très nettement, aux Etats-Unis et de façon plus marquée chez les citoyens qui ne disposaient au moment de l’enquête d’aucune couverture santé.

Nouvelles exigences sociales
En 2009, l’étude avait révélé un renforcement des inégalités d’accès des citoyens aux soins médicaux.
Le sentiment d’inégalité reste vif
Ce sentiment en 2010 perdure pour la grande majorité des pays, à l’exception de la
Grande-Bretagne où 54 % des citoyens estiment que l’accès aux soins est équitable (53 % en 2009) et de l’Autriche où ils sont 52 % à le penser.
Les Suédois se montrent particulièrement sceptiques avec 62 % d’opinions défavorables, moins toutefois que les Allemands (70 %), les Polonais (75 %) ou encore les Américains (66 %).
Notons également que les 18-39 ans se montrent plus positifs que la moyenne de leurs concitoyens en Grande-Bretagne, France et Suède, tandis qu’en Pologne et en Allemagne, ce sont les plus de 60 ans qui font preuve de cet optimisme.
Les Américains égaux dans le scepticisme
Enfin, les Américains restent à 66 % négatifs quant à cet accès égalitaire aux soins et ce quel que soit leur mode de prise en charge. Les effets de la réforme qui vient d’être votée n’ayant évidemment pas encore d’impact sur ce point. »]

Retour au communiqué de presse :
« Pour réduire les inégalités d’accès aux soins, les Américains rejettent le recours aux prélèvements obligatoires (56%), mais les Européens semblent divisés sur ce point : il y a une forte majorité en Grande Bretagne et Suède pour augmenter les impôts ou les cotisations sociales alors que les opinions sont assez équilibrées en France ou en Allemagne.
Le défi de la dépendance : une préférence marquée par près de 80% des Européens sondés pour le maintien à domicile à travers une formule de financement mixte alliant public et privé et une préférence majoritaire en France pour l’instauration d’une assurance obligatoire publique.
Dans l’ensemble des pays, la prise en charge des personnes âgées dépendantes est majoritairement mal perçue. Le taux d’insatisfaction est particulièrement élevé en Pologne (82%), en Italie (67%) et en France (64%).
Pour faire face aux problèmes posés par l’allongement de la durée de vie et l’augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes, les citoyens à l’exception des Suédois plébiscitent le maintien à domicile (pratiquement 8 personnes sur 10 prônent cette solution). Pour prolonger le maintien à domicile, de fortes attentes sont exprimées en ce qui concerne le développement des emplois d’aide à domicile (prioritaire pour 9 personnes sur 10 dans tous les pays interrogés) et de la télésurveillance qui permet de sécuriser la vie à domicile (autour de 8 personnes sur 10 et jusqu’à 92% en Grande-Bretagne. La robotique, qui permet de réaliser des tâches quotidiennes, est accueillie plutôt positivement (52% en France par exemple), sauf en Suisse, Autriche et Allemagne.
Pour assurer la prise en charge de la dépendance, plus de 6 sondés sur 10 dans tous les pays sauf en Suède (où le taux est de 45%) sont favorables à un financement mixte combinant financement public et contribution personnelle, cette contribution pouvant se faire via un financement direct ou une assurance complémentaire.
A la question portant sur le caractère obligatoire d’une assurance dépendance, la majorité des sondés dans tous les pays se déclare opposée à une assurance obligatoire privée. Si les Français (62%) se déclarent clairement favorables à une assurance obligatoire publique, les avis exprimés par les autres pays sont plus mitigés, même s’ils sont nettement plus positifs que pour l’assurance privée (10 points d’écart aux Etats-Unis et jusqu’à 20 points en Pologne).
Santé et mobilité : l’accès aux soins reste un critère important de choix de résidence ou de destination de voyage
Plus de 7 sondés sur 10 (et 8 Français sur 10) prennent en compte la présence de médecins et d’hôpitaux à proximité dans le choix de leur lieu de résidence.
S’agissant des destinations de vacances, les conditions sanitaires restent un critère important de choix des Européens comme des Américains. En revanche, seule une faible minorité des sondés serait prête à se déplacer à l’étranger pour avoir accès à des soins moins chers, mis à part les Polonais et les Américains dépourvus de couverture santé.
Des citoyens utilisant de plus en plus les nouvelles technologies à condition de préserver des relations de proximité avec le médecin
Les Américains sont plus utilisateurs de l’e-santé que les Européens: 66% ont recours à Internet comme source d’informations sur les sujets de santé, 4 Américains sur 10 sont favorables au développement des consultations par Internet, et près de 2 sur 3 sont largement favorables au système de notation, tant des médecins que des hôpitaux. Pour autant, les Européens s’accoutument de plus en plus à l’usage des nouvelles technologies dans la consommation de soins, et en premier lieu les Suédois et les Allemands, qui sont respectivement 67% et 62% à consulter Internet sur ces sujets. En France, les sondés déclarant consulter régulièrement les informations santé sur internet, ont progressé de 14 points en quatre ans (45% des sondés).
Si plus de 6 sondés sur 10 sont favorables au développement de moyens de surveillance continue à domicile par téléphone ou Internet, qui permettent aux malades d’être plus autonomes chez eux, en revanche, les consultations médicales par Internet sont peu appréciées sauf en Suède.
Mais les Européens sont plus réservés sur la mise en ligne de sites permettant de noter un médecin : 30% par exemple en France contre 62% aux Etats-Unis. »
***
D’autres extraits de la synthèse concernent ce que les habitants de ces sept pays ressentent comme menaces pesant sur le système de soins.
« Le système de santé : quelles menaces ?
Deux types de menaces sont ressentis, financières d’abord avec pour corollaire la qualité de l’offre de soins.
Le manque de financement public reste une préoccupation majeure :
  • A l’exception notable de l’Italie, le manque de financement public est ressenti dans tous les pays, mais les Suédois n’y voient pas comme corollaire l’augmentation du financement personnel et semblent plus sereins sur l’augmentation des prix des actes médicaux
  • L’augmentation du prix des actes médicaux préoccupe particulièrement les Américains (76 %), les Allemands (72 %) et les Polonais (67 %)
  • Les inégalités d’accès aux soins, qui en 2009 occupaient la seconde position en Pologne, en Allemagne, en Suède et en France, conservent cette place en France, passent à la première en Allemagne (73 %), tombent à la quatrième en Suède et Pologne (73 %) et arrivent en cinquième place en Grande-Bretagne, avec un pourcentage encore important (69 %).
Au plan de l’offre de soins, la crainte des erreurs médicales et les délais d’attente avant d’être soigné arrivent globalement en première position, mais la perception des menaces diffère sensiblement d’un pays à l’autre.
Avec, pour les menaces sur la quantité de l’offre :
  • Les délais d’attente avant d’être soigné sont surtout perçus en Pologne (89%), Grande-Bretagne (70 %) et en Italie (69 %)
  • La pénurie de médecins inquiète essentiellement les Britanniques (69 %), les Américains (66 %) et les Français (63% contre 51 % en 2006)
Et pour les menaces concernant la qualité de l’offre :
  • Les risques d’infection à l’hôpital sont présents surtout dans l’esprit des Britanniques (87 % contre 44% en 2006), suivis par les Polonais (76%) et les Américains (69 %)
  • Les erreurs médicales représentent des menaces particulièrement fortes pour les Britanniques (84 %) suivis par les Polonais (76%), les Suédois (70%) et les américains (70%), tandis que seuls 35 % des Français et 21 % des Autrichiens redoutent ce problème.
En bilan, on note une forte inquiétude des Allemands plutôt sur tout ce qui touche les aspects financiers de leur système de santé, ce qui peut expliquer le différentiel de score obtenu sur son organisation.
Les Britanniques chez qui ce différentiel n’apparaît pas aussi nettement se montrent particulièrement inquiets sur les aspects qualitatifs, à savoir les risques d’infection à l’hôpital et les erreurs médicales, en corollaire du manque de financement public que les restrictions budgétaires annoncées par le nouveau gouvernement peuvent laisser craindre.
Les Polonais se sentent globalement menacés, alors que les Italiens, dont les scores sont voisins, redoutent surtout les délais d’attente et les erreurs médicales. Crainte relativement partagée par les Suédois (65 %) qui, d’une façon générale, se montrent plutôt sereins, comme les Français, qui sont cependant de plus en plus attentifs à la pénurie de généralistes.
Les Autrichiens quant à eux, placent en premier la menace du manque de financement public (62 %), loin devant les autres.
Les Américains inquiets
Les Américains se montrent sensibles à la fois aux menaces liées financement des soins avec les risques d’augmentation des actes médicaux (76%) et du financement personnel (63%) et à celles liées à la qualité des soins avec les risques d’erreurs médicales (70%) et les risques d’infections à l’hôpital (69%) ainsi que la pénurie de généralistes (66%). »
***
Un mot pour finir - et quelques liens pour continuer...
Il y aurait beaucoup de choses à dire quant aux inégalités socio-économiques en santé, à l'accès inégal aux soins et ses multiples causes (pauvreté et toutes ses conséquences (pas de mutuelle ou de complémentaire, par exemple), densité médicale insuffisante, dépassements d'honoraires avec des tarifs inaccessibles même pour les classes moyennes, refus de la CMU, situation de handicap (qui ne donne pas droit à la CMU), etc.).
En outre, on doit parler d'inégalités au pluriel: inégalité devant la prévention, devant la protection sociale, devant l'accès aux traitements, inégalité issue du niveau d'études ou de l'éducation à la santé, qui se distingue de l'inégalité de cause purement économique. Il y a une inégalité en santé issue de la catégorie socio-professionnelle, de l'exposition différente à des facteurs de risque (environnementaux, par exemple). Et ainsi de suite.
Ici, il m'a paru intéressant d'extraire d'abord les résultats reflétant les perceptions des Français, qui sont des "mesures" plus subjectives et qu'on pourrait contraster avec ceux de l'enquête de Health Consumer Powerhouse, cité au début de l'article.
Pour en savoir plus, on peut commencer par les articles réunis sous la catégorie "Inégalités sociales en santé", qui devrait s'appeler "Inégalités socio-économiques en santé", mais le titre est trop long pour la case limitée... En tout cas, ces inégalités augmentent en France, lanterne rouge des pays occidentaux, comme nous l'apprenions à la lecture d'un rapport de 2008. Et à cette époque-là, l'impact des franchises médicales n'était pas encore patent...
A noter la publication, le 12 octobre - journée du refus de la misère... - du rapport de Médecins du Monde sur l'accès aux soins en 2009-2010. L'ONG dénonce une dégradation brutale de l'état de santé des exclus en France. Les plus pauvres restent toujours ceux qui n'ont aucune couverture-maladie et qui forment 84% des personnes reçues dans les centres de l'ONG. Cela n'a pas changé. Par contre, la politique menée par le gouvernement - démantèlement de la protection sociale, déplacement de populations, "criminalisation de la pauvreté", etc., aggrave la situation sanitaire des populations les plus exposées, de même que la crise économique. Voici un extrait du texte, qui donne quelques chiffres édifiants:
"Le chiffre de 17 % d’augmentation des patients vus en consultation médicale dans les centres de MdM [Médecins du Monde] entre 2007 et 2009 résume à lui seul cette situation aggravée.
Plus grave, les personnes reçues ont recours aux soins avec retard et quand ils n’ont vraiment plus le choix : le retard aux soins a doublé entre 2007 et 2009 passant de 11 % à 22 %.
Enfin, le nombre de patients mineurs a cru de 30 % en un an ; un nombre toujours plus important qui se rend dans les centres de Médecins du Monde pour se faire soigner sans disposer d’aucune couverture maladie."
Le texte complet du rapport rédigé par Médecins du Monde peut être lu à partir de cette page: "L'accès aux soins des plus démunis en 2010 / France". L'ONG doit déployer en France (!) des installations et des mesures d'urgence habituellement réservées au tiers-monde...
Et Roselyne Bachelot, encore ministre de la Santé en octobre 2010, ne croyait toujours pas que le renoncement aux soins augmente, comme on l'apprend dans cet article paru sur le site web de Marianne... Elle a demandé à la DRESS (Direction de recherche, des études, des évaluations et des statistiques) et à la DSS (Direction de la Sécurité sociale) d'enquêter sur le sujet et se fiait à une étude de 2008 de l'IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé), qui estimait ce renoncement à 15,4%.
Parce que 15%, ce serait acceptable?
Elena Pasca

http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2011/01/27/23-des-francais-renoncent-a-des-soins-faute-d-argent-les-res.html

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