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27/01/2011

L’instabilité de l’emploi à deux vitesses

Contrairement à une idée répandue, l’instabilité de l’emploi ne touche pas tous les milieux et toutes les générations de la même façon, comme le montrent les résultats d’une étude [1] réalisée par le Centre d’étude de l’emploi (CEE) sur la période 1982-2009. Certes, en moyenne la part de salariés qui ont changé de situation sur le marché du travail (perte ou retour dans l’emploi, changement d’employeur, etc.) est passée d’un peu plus de 12 % au milieu des années 1980 à près de 19 % en 2009. En réalité, le mouvement s’est fait surtout dans les années 1980, et depuis on assiste à des variations autour de 18 %.
Ceci dit, les auteurs indiquent que cette situation masque la constitution de deux pôles : d’un côté des travailleurs de plus en plus stables, de l’autre des travailleurs de plus en plus instables... Ainsi, parmi les actifs ayant quitté l’école depuis au moins cinq ans, la part de ceux qui ont effectué plus des trois-quarts de leur carrière auprès d’un même employeur est passée de 26 à 32 % du total. Ceux qui ont un emploi s’y accrochent dur comme fer. Les autres tournent.
Encore faut-il nuancer l’analyse : les auteurs expliquent que ce phénomène est uniquement dû au vieillissement de la population active. Ce sont les aînés qui sont de plus en plus stables, les générations nées entre 1944 et 1963. "Les recrutements des années 1960 et 1970 ont ainsi permis que se constitue un noyau d’emploi très stable pour ces générations, à l’inverse des précédentes, mais aussi, c’est à noter, des suivantes", écrivent-ils.
De même, toutes les catégories d’emplois ne sont pas touchées de la même façon. L’instabilité s’est concentrée sur les emplois les moins qualifiés. La stabilité a progressé pour les cadres, les professions intermédiaires, dans la sphère publique ou les grandes entreprises industrielles ou financières. Les auteurs parlent de "dualisation structurée, mais en trompe-l’oeil". Ils estiment que l’instabilité devrait encore progresser, supportée par les jeunes générations et les peu diplômés.
LM
[1] "Mobilité et stabilité sur le marché du travail : une dualisation en trompe-l’oeil", Thomas Amossé et Mohamed-Ali Ben Halima, Connaissance de l’emploi, numéro 75, Centre d’études de l’emploi, décembre 2010.

http://www.inegalites.fr/spip.php?page=la_breve&id_breve=749

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