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26/01/2011

Le président de droite portugais réélu par défaut

Anibal Cavaco rempile face à un candidat socialiste en chute libre en raison de l’impopularité des réformes antisociales du pouvoir.
Anibal Cavaco Silva a conservé, dimanche, le fauteuil de président du Portugal. Ce conservateur du Parti social-démocrate (PSD), qui a bénéficié du désistement des autres formations de droite, a totalisé, dès le 1er tour, 52,94 % des suffrages. Il devance ainsi nettement le socialiste Manuel Alegre (19,75 %) et le candidat « sans étiquette », Fernando Nobre (14,10 %). Francisco Lopes, le communiste soutenu par les Verts, obtient quant à lui 7,14 %, suivi de José Manuel Coelho (libéral, 4,5 %) et du dissident socialiste, Defensor Moura (1,57 %). Que faut-il retenir de cette élection qui survient dans un contexte de crise économique sans fond ? Tout d’abord, et c’est là un signe inquiétant du malaise social, la faible participation. L’abstention atteint en effet 53,37 %, soit l’une des plus importantes depuis le retour de la démocratie, en 1974. Les votes blancs et nuls totalisent quant à eux 6,2 % des suffrages. Il n’empêche, au soir de sa réélection, Anibal Cavaco Silva a encensé « le sens civique élevé » des Portugais. Il s’est plu à rappeler qu’il était « le président du Portugal entier, sans exception », en dépit de « conditions très difficiles », en allusion à ses placements au sein de la Banque portugaise de négoce (BPN) dont les dirigeants sont poursuivis pour malversation. Rien n’est moins évident. À l’exception de « l’indépendant », toutes les formations reculent en voix. La plus spectaculaire chute revenant au Parti socialiste. « J’assume totalement la défaite », a reconnu Manuel Alegre, tout en « rejetant » la moindre « comparaison avec d’autres élections ». Et pourtant, en 2006, alors qu’il était candidat dissident du Parti socialiste, il avait obtenu presque 300 000 voix supplémentaires à son score de 2011 (plus d’un 1,1 million de voix, contre 831 000), devançant ainsi l’autre socialiste, l’ex-président Mario Soares (778 389 voix), investi, lui, par le Parti. Cette fois-ci, Manuel Alegre a eu à peine à souffrir du trublion Moura (66 091 voix). Qui plus est, le socialiste a bénéficié du soutien du Bloc de gauche (BE), qui, il y a trois ans, avait rassemblé plus de 288 000 électeurs. Cette désaffection des électeurs socialistes et du BE (qui perdent ensemble plus d’un million de voix) tient pour l’essentiel à l’impopularité des réformes du premier ministre socialiste, José Socrates. En 2009 déjà, lors des dernières élections législatives, l’avertissement avait été clair : le Parti socialiste avait perdu sa majorité absolue. Depuis, les trois paquets d’austérité, censés soigner le déficit public, ont fini par dégoûter les Portugais qui, pris dans le jeu mesquin de l’alternance, ont préféré l’original libéral à sa copie.
Cathy Ceïbe

http://www.humanite.fr/24_01_2011-le-pr%C3%A9sident-de-droite-portugais-r%C3%A9%C3%A9lu-par-d%C3%A9faut-463195

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