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21/07/2010

Retraites : entretien avec Bernard Thibault

Le secrétaire général de la CGT estime que le gouvernement sera contraint de bouger. Il se montre confiant dans la mobilisation du 7 septembre pour «bousculer» la réforme.

L’examen de la réforme commence à l’Assemblée nationale. La façon dont 
il s’engage permettra-t-elle 
un vrai débat ?

Bernard Thibault. La forme retenue est dans la droite ligne de ce qu’on a connu depuis le début du processus de la «réforme» des retraites : une concertation mais pas de négociation, la présentation d’un projet le 20 juin, quelques jours avant les congés d’été, un Conseil des ministres un 13 juillet, en plein congés, et une commission des Affaires sociales à huis clos. C’est le signe d’une difficulté pour le gouvernement à assumer les choix qu’il va défendre en septembre.

Vous n’avez pas l’espoir que 
la commission présente un projet 
un peu modifié ?

Bernard Thibault. Ça ne semble pas être l’orientation politique retenue à ce stade. La consigne semble donnée par l’Élysée de ne pas engager les choses sérieuses dès maintenant. Ça ne veut pas dire qu’on ne soit pas à la merci 
de manœuvres. Mais, d’après moi, le gouvernement, très conscient 
du climat social qui entourera 
le débat parlementaire 
de septembre, attend le dernier moment pour savoir s’il doit bouger et sur quoi.

Mais Éric Woerth et Nicolas 
Sarkozy répètent qu’il peut 
y avoir des changements sur 
la pénibilité, les carrières longues, les polypensionnés. Vous les rencontrez, est-ce que vous percevez des évolutions ?

Bernard Thibault. Non ! Aujourd’hui, il n’y a absolument aucun mouvement particulier sur quelque paragraphe que ce soit du texte, y compris ceux énoncés par le président de la République. Ça relève à mon avis du besoin de communication politique parce que le projet du pouvoir est largement rejeté. En même temps, je l’interprète comme des points marqués sur le caractère injuste de cette réforme et le fait que le gouvernement ne pourra pas présenter son texte en totalité 
dans sa version actuelle. 
Je ne sais pas sur quoi il sera contraint de bouger mais 
la mobilisation l’oblige déjà 
à communiquer sur des évolutions possibles. Mais il y a loin 
de la coupe aux lèvres et on ne va pas laisser de faux espoirs sur 
la seule base de la communication gouvernementale.

Vous remettez donc en cause l’ensemble de la réforme…

Bernard Thibault. Oui, parce que 
ce n’est pas une réforme des retraites mais un plan d’économie sur les futures retraites à verser. Et il n’y a pas de débat réel 
sur les différentes options. Nous sommes par exemple les premiers à considérer qu’il faut améliorer le taux de remplacement et donc débattre de l’évolution des droits actuels. Nous considérons 
que la précarité génère une baisse des pensions et nous aimerions débattre de cette question. 
Ce débat nous est refusé. Ce plan d’économie sur le dos des salariés consiste à verser les retraites plus tard, c’est pourquoi on joue 
sur l’âge légal de départ, et à partir de là tout en découle. C’est cette approche qu’il faut absolument bousculer.

Le débat refusé, ça veut dire 
que c’est plié ?

Bernard Thibault. Absolument pas ! Ce qui me rend confiant, c’est l’immense succès de la journée de mobilisation du 24juin. Une mobilisation exceptionnelle 
si on considère le calendrier. 
Ceux qui étaient mobilisés 
le 24juin le resteront début septembre. Et ça continue 
puisque nous en sommes 
à 580 000 signatures sur la pétition 
de la CGT. Le rendez-vous 
du 7 septembre est connu, c’est devenu un sujet de conversation 
et je pense que le gouvernement sera une nouvelle fois surpris.

Mais le président de la République assure que, quel que soit le nombre de manifestants, ça ne changera rien.

Bernard Thibault. C’est une posture qui n’est pas très originale. 
J’ai entendu ça à plusieurs reprises sous différents gouvernements. Cela vise à dissuader de manifester mais c’est surtout le signe d’une grande fébrilité.

Entretien réalisé 
par Olivier Mayer

http://www.humanite.fr/20_07_2010-retraites-entretien-avec-bernard-thibault-450141

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