A Madrid, dans la matinée de mardi, des milliers de fonctionnaires protestaient déjà devant certains ministères aux cris de "Zapatero démission !", tandis qu’une grande manifestation était prévue en fin de journée. "J’ai voté pour Zapatero lors des deux dernières élections, à présent je vais y réfléchir, même si je pense que la droite est pire" explique José, jardinier municipal de 54 ans, lors d’un rassemblement devant le ministère de l’Economie.
Une soixantaine de manifestations étaient prévues dans tout le pays. Au total, 2,6 millions de fonctionnaires travaillant pour l’Etat central, les régions, les collectivités locales ou les universités étaient appelés à cesser le travail. Cette grève des fonctionnaires, qui constitue une première en Espagne depuis 1996, était suivie en moyenne à 75%, ont assuré à la mi-journée les deux principaux syndicats espagnols, UGT et CCOO. Le gouvernement leur impose une baisse moyenne de salaires de 5% dès le mois de juin et leur gel pour 2011.
Le président du gouvernement Zapatero, qui entretenait de bons rapports avec les syndicats depuis son accession au pouvoir en 2004, s’est résolu à ces mesures sous la pression des marchés et des grands pays de la zone euro. Lundi soir, la Commission européenne et Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, avaient même estimé que Madrid et Lisbonne devaient faire "davantage" en matière de réformes structurelles et de consolidation budgétaire après 2011."S’il y a une déviation" par rapport aux engagements pris envers ses partenaires européens, à savoir ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2013 après un bond à 11,2% en 2009, "l’Espagne adoptera plus de mesures", a répondu hier sa ministre des Finances Elena Salgado.
Cette journée de mobilisation des fonctionnaires pourrait n’être qu’une répétition avant une probable grève générale, que CCOO a estimé la semaine dernière "inévitable". Les syndicats envisagent de faire descendre tout le monde dans la rue si le gouvernement adopte une réforme du marché du travail jugée trop dure par les travailleurs. L’exécutif a déclaré que faute d’accord entre les partenaires sociaux, il présentera son projet de réforme le 16 juin. Son objectif est notamment de précariser les travailleurs stables dans le but de réduire le taux de chômage, qui dépasse 20% en Espagne. Le gouvernement envisage de faciliter le recours au licenciement économique pour les entreprises et de réduire son coût.
Ces politiques libérales, qui ont d’abord touché la Grèce, puis le Portugal et l’Espagne, devraient bientôt frapper l’ensemble des pays européens, sous la pression des dogmes économiques et financiers imposés par les marchés. La réforme du marché du travail espagnol est jugée indispensable par le FMI et l‘Union Européenne, pour sortir le pays de la récession provoquée par l’éclatement de la bulle immobilière en 2008 et la crise financière internationale.
Xavier Vogt
http://www.humanite.fr/Espagne-les-premisses-d-une-greve-generale
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