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01/03/2010

«Cette journée peut engendrer une prise de conscience»

Peggy Derder, vice-présidente du collectif «24 heures sans nous», qui organise ce lundi la journée sans immigrés a répondu à vos questions.

(DR)

Rootsmanfly. Je trouve cette initiative intéressante, elle peut permettre aux gens de se rencontrer, d'échanger des points de vue. N'ayant pu participer à celle-ci, quelles seront vos actions dans le futur?
Peggy Derder. Effectivement, ces rassemblements que nous avons organisés à Paris, sur le parvis de l'Hôtel de ville, et devant les hôtels de ville des autres grandes villes de France, ont été l'occasion de rencontres, d'échanges, dans un esprit festif et de bonne humeur, c'est exactement la teinte que nous voulions donner à ces moments de rassemblement.
Quant à la suite a donner au mouvement, nous allons devoir faire le bilan de cette journée avec tous les comités régionaux, avec tous les comités européens. Tous ensemble, puisque nous sommes un collectif de citoyens, nous déciderons de la suite que nous voulons donner à ce mouvement, sachant que, aujourd'hui, c'est le début de quelque chose.

Tomy. Quelle est la première revendication de ce type de journée?
Notre particularité, c'est que nous n'avons pas de revendication au sens propre du terme. Nous souhaitons nous placer sur une problématique large, déclencher un changement de représentation, provoquer des prises de parole, des prises de conscience, sur la place et l'apport de l'immigration dans notre pays.

Olympe. Les immigrés se mobilisent-ils autour de votre projet? Savez-vous ce qu'ils en pensent?
Nous ne sommes pas simplement un collectif d'immigrés. Le mouvement est très fédérateur, il rassemble aussi bien des Français qui ne sont pas issus de l'immigration, que des immigrés, ou des descendants d'immigrés. Dans l'ensemble, quelles que soient les origines ou l'âge des personnes concernées, les témoignages nous disent que ce débat était nécessaire.

Tomy. Trés bien. Qu'entendez-vous par immigrés? Ceux issus de familles d'immigrés, mais ayant la nationalité française, ou le immigrés travaillant en France avec leur nationalité?
On s'appelle «la Journée sans immigrés», mais c'est beaucoup plus large. On a voulu utiliser ce terme «immigré», mais pour mieux le réhabiliter, car lorsque l'on interroge l'immigration, c'est l'ensemble de la société française que l'on interroge.

Jean-Michel. Est-ce que vous ne craignez pas qu'on confonde cette initiative avec celle, légitime mais plus spécifique, des travailleurs sans-papiers?
Nous ne sommes pas un collectif de sans-papiers, notre mouvement est plus large. Mais, il interroge aussi la question des sans-papiers, puisque ces immigrés sans-papiers sont déniés, que leur place dans l'économie et leur participation à la croissance économique est méprisées. D'après les chiffres de l'ONU, l'Union européenne aura besoin, d'ici à 2025, de 159 millions d'immigrés, c'est pourquoi leur combat est légitime. Nous ne comprenons pas que leur place soit ainsi niée.

Jean-Michel. Est-ce qu'on connaît le taux d'activité des immigrés en France?
Les immigrés représentent 11,3% de la population active en 2007, ce sont des chiffres de l'OCDE. Bien entendu, encore fois, le mouvement ne concerne pas seulement les immigrés eux-mêmes, mais aussi les descendants d'immigrés, et les citoyens solidaires. En l'absence de statistiques ethniques, le poids économique des descendants d'immigrés n'est pas quantifiable.

Boa. Ne craignez-vous pas la récupération politique? Des politiques se sont-ils manifestés pour soutenir votre action?
Nous sommes un collectif de citoyens indépendants, le mouvement n'est pas partisan. Mais, avec la lumière médiatique qui s'est posée sur notre mouvement, certains partis politiques se sont intéressés à nous, sans que nous les sollicitions. Nous serons extrêmement vigilants à toute tentative de récupération, en particulier à l'approche des élections régionales. C'est ce que nous avons fait dans une mise au point, suite au communiqué de soutien du parti socialiste. Nous ne cherchons pas l'appui des partis politiques, l'implication dans notre mouvement est un engagement de citoyens à titre individuel.

Rootsman. Vous inscrivez-vous dans une démarche altermondialiste ?
Non.

Laamdo. Peggy, une journée en France sans immigrés au travail.. Tu imagines ce matin-là, ce que serait le pays? balayeurs, bureaux, comptables, traders...nettoyeurs, pêcheurs, gardes du corps, serveurs? Une france morte?
C'est exactement ça, puisque les immigrés et descendants d'immigrés, sont présents dans tous les secteurs économiques, aussi bien ceux qui ont été cité que, par exemple, les services des hôpitaux, des universités. 23% des immigrés sont employés dans les services domestiques. A l'heure où le risque de la dépendance, en particulier celui des personnes âgées, est mis en avant, c'est un chiffre percutant. C'est pourquoi, ce mot d'ordre de non participation à la vie économique a une forte valeur symbolique, il peut engendrer une prise de conscience de l'impact économique de l'immigration dans notre pays.

Jean-michel. Ce mouvement existe-t-il ailleurs dans le monde? Avec quels résultats?
Nous nous sommes inspirés de l'inititiave des latinos américains qui, le 1er mai 2006, avaient organisé un grand boycott économique, aux Etats-Unis, avec un très fort succès. Nous avons réadapté cette idée à la problématique française. Après avoir lancé cette initiative en France, nos voisins européens, en Grèce, en Italie, en Espagne, nous ont emboîté le pas en organisant aujourd'hui, une Journée sans immigrés, «24 heures sans nous» dans leur pays respectif.

Rootsman. Quelles sont les actions pour le reste de la journée ?
Les rassemblements ont eu lieu de midi à 14 heures, devant les hôtels de ville des grandes de France.

Tomy. Quelles retombées attendez-vous de cette journée?
C'est difficile à prévoir...

Didi. Pourquoi un ruban jaune ?
Le ruban jaune, c'était un signe de ralliement et de solidarité parce que certaines personnes, qui ne pouvaient pas être présente sur les lieux de rassemblement, souhaitaient manifester auprès de leur entourage leur implication et leur solidarité à ce mouvement. L'idée est venue de nos adhérents et sympathisants.

http://www.liberation.fr/societe/1201254-les-immigres-des-travailleurs-comme-les-autres

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