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03/11/2009

Nouvelles subprimes: on efface tout, et on recommence!

Sylvain Lapoix

Presque sans écho en France, une étude de la réserve fédérale américaine révèle que le taux de prêts hypothécaires subprimes a retrouvé son niveau de 2006. Sauf que cette fois-ci, pas de banque à mettre en faillite en cas de crise : les Etats vont trinquer direct !
Londres, Washington, Pittsburgh... La réforme du capitalisme a failli marcher ! Quelques semaines durant, le grand public en aurait presque oublié la fâcheuse affaire des subprimes et de ces prolétaires américains dont les prêts hypothécaires, impossibles à rembourser, avaient plongé la finance et l'économie mondiale dans le chaos. Raté !

« La part des emprunteurs avec un score de crédit de moins de 660 est revenue juste au-dessus de 20%, annonçait il y a une semaine John Krainer, économiste de la réserve fédérale de San Francisco, la même que lors du pic de la titrisation subprime en 2006. » Le score FICO de 660, c'est la barrière entre l'emprunteur solvable et le subprime. Le pic de 2006, c'est celui qui a causé, un an plus tard, l'effondrement du système financier américain. Et nous y revoilà !

Crise du crédit + assurance des Etats = retour à la case départ

Le rapport de cet économiste est formel : début 2008, le taux de prêt subprime avait approché 0. Une situation qui a mené à la chute des maisons Lehmann Brothers, Citigroup, etc. Et à la crise de Wall Street. Le climat de méfiance a alors fortement restreint l'offre de crédit, causant un « credit crunch » face auquel le marché de l'immobilier américain s'est effondré.

Quelques mois plus tard seulement, les prêts subprimes ont redémarré. Oh certes, plus modestement : les ménages américains étant devenus aussi méfiants que les banques mais juste assez pour constituer 20% des prêts. Des prêts qui, contrairement à l'avant-crise, où les banques jouaient avec leurs propres fonds, sont désormais assurés par trois organismes para-publics : Fannie Mae, Freddie Mac and Ginnie Mae.

Immobilier commercial : une crise parallèle

La « conversion de la dette privée en dette publique », théorisée par Jean-Michel Quatrepoint, a atteint son point critique : si les mêmes foyers subprimes se révélaient insolvables, l'Etat fédéral américain devrait lui-même encaisser le choc. Difficile à gérer alors que l'administration Obama est si endettée qu'elle doit emprunter 50 cents pour chaque dollar qu'elle dépense.

Et les régulateurs américains ont déjà bien assez de soucis en matière immobilière : vendredi 30 octobre, la Réserve fédéral et trois autres agences publiques tiraient la sonnette d'alarme sur les prêts pour l'immobilier commercial, invitant les banques à renégocier « au plus prudent ». Les défauts de paiement ayant atteint un seuil critique la semaine précédente, ces institutions se sont inquiétées du sort des petits établissements bancaires qui concentrent une grande part des prêts commerciaux et pourraient souffrir de la crise économique qui entraine chômage, perte de bénéfice et faillites commerciales en série. En juin dernier, l'immobilier commercial représentait 1000 milliards de dollars, soit 14,2% de l'encours de prêt bancaire aux Etats-Unis. Selon Reuters, la valeur de l'immobilier commercial a chuté de 35 à 40% depuis 2007.

Silence de la presse française sur le risque d'une nouvelle crise...

Une conjonction de signaux si inquiétantes que la presse française... n'en a pas parlé ! A l'exception notable du Figaro ou du Journal du dimanche, ou de sites spécialisés comme Boursier.com, le rapport de John Krainer sur les subprimes et les mises en garde sur l'immobilier commercial ne sont presque pas traités dans nos médias. Pourtant, même les plus libéraux reconnaissent les risques : « les Etats et les banques centrales [ont été] transformés en gigantesques hedge fund », mettait ainsi en garde Nicolas Baverez au très américanophile dîner de l'Atlantique jeudi 29 octobre.

Pendant ce temps, les maisons se vendent aux Etats-Unis, à grands coups de prêts à des foyers insolvables. Sauf que, cette fois-ci, on ne pourra pas dire que nous n'avions pas été prévenus !

Marianne - 02.11.09

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