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07/11/2009

Business UE-Inde sous couvert de lutte contre le réchauffement climatique

Karima Delli

Fraîchement réélu à la tête de la Commission Européenne au grand dam de notre groupe des Verts, José Manuel Barroso effectue aujourd'hui et jusqu'à dimanche une petite balade à Delhi, la capitale indienne. Il s'y tient en effet, ce vendredi 6 novembre, le sommet annuel entre l'Union européenne et l'Inde. Depuis sa première édition en 2000, ce sommet est censé constituer un cadre de dialogue politique au plus haut niveau entre ces deux acteurs majeurs de la scène internationale. Lors du sommet de 2004, un partenariat stratégique concret entre l'UE et l'Inde avait été acté, puis révisé en 2008 pour tenter de tenir compte des nouveaux grands défis internationaux (entre autre officiellement le réchauffement climatique).

Au menu de cette année, changement climatique, énergie et commerce, selon un communiqué de presseBenita Ferrero-Waldner, et de la commissaire au commerce, Catherine Ashton. Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt est également de la partie pour la présidence suédoise de l'UE. publié mercredi à Bruxelles par la Commission Européenne. Barroso est accompagné de la commissaire chargée des relations extérieures et de la politique européenne de voisinage,

Mais tiens, bizarre... Stavros Dimas, commissaire en charge de l'environnement, ne fait pas partie du voyage. Pour un sommet devant être consacré aux questions environnementales et bien entendu au réchauffement climatique, à un mois de l'ouverture du sommet international de Copenhague, l'absence du commissaire en charge de l'environnement est plutôt révélatrice des vrais enjeux du sommet UE-Inde, que l'on a tendance à planquer sous le tapis en ces temps de crise systémique de la mondialisation libérale: la signature d'un accord de libre-échange sur le commerce et l'investissement. L'Union européenne est en effet le premier partenaire commercial de l'Inde, avec des échanges bilatéraux annuels d'un peu plus de 77 milliards d'euros. L'Inde figure en 9ème position des partenaires commerciaux de l'UE.

Les deux parties ont déjà tenu sept «rounds» de discussions à propos d'un accord de libre-échange depuis 2007. Parmi les points d'achoppement figurent les droits de propriété intellectuelle ou encore les taxes indiennes sur le vin et les alcools importés d'Europe qui restent trop élevées pour les autorités européennes.

Autre point de négoce: le nucléaire. Un accord de coopération doit être signé aujourd'hui même, portant sur la recherche dans le domaine de la fusion nucléaire. L’Inde fait en effet partie des pays associés au projet international de réacteur thermonucléaire ITER développé en France, à Cadarache.

Alors voilà, Barroso et les autorités européennes nous vendent leur déplacement en Inde sur le thème du changement climatique à un mois du sommet de Copenhague, mais pourtant tout indique qu'elles comptent bien surtout parler «gros sous» et essayer de vendre de l'alcool et de la technologie nucléaire aux Indiens.

Cette hypocrisie permanente, où l'on se sert de la question environnementale, question cruciale pour notre avenir à tous, pour continuer de faire du business, est proprement insupportable. Je ne manquerai pas de le rappeler mardi prochain, lorsque se réunira la délégation Inde du Parlement européen dont je fais partie. Copenhague a bon dos.

ecologie.blogs.liberation.fr - 06.11.09

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