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06/11/2009

Grand emprunt, le keynésianisme au service... du libéralisme

« Pourquoi la majorité qui critiquait la dépense publique en vient-elle à faire l’éloge du grand emprunt ? En réalité, les députés qui en font la promotion réclament des dépenses d’investissement pour mieux rogner sur les dépenses de fonctionnement. Ou comment mettre le keynésianisme au service du libéralisme. »

Par Denis Clerc, fondateur d’Alternatives Economiques et conseiller de la rédaction, 05 Novembre 2009

Il faut que l’Etat dépense plus ! « Le grand emprunt ne doit pas devenir un ″petit emprunt″ », demandent 63 députés de la majorité dans une déclaration solennelle publiée par Le Monde du 3 novembre 2009. Apparemment, c’est à n’y rien comprendre : comment une majorité qui n’a eu de cesse de dénoncer l’endettement croissant de l’Etat, de vitupérer la charge insupportable que la gabegie publique mettait sur les épaules des générations à venir, en arrive-t-elle à plaider pour une dépense publique accrue de 50 à 100 milliards, alors même que l’endettement public vient de dépasser les 1 500 milliards d’euros, que la Cour des comptes estime insupportable le déficit de 26,5 milliards d’euros des régimes de Sécurité sociale qui devrait être supporté au titre de 2009 et que le Sénat renâcle à voter en l’état le projet de Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010, prévoyant 36 milliards d’euros de déficit (y compris le Fonds de solidarité vieillesse et que le Conseil d’administration de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS, la « banque » de la sécurité sociale ») s’inquiète de ce qu’elle doive désormais faire face à un besoin de trésorerie cumulé de 65 milliards d’euros ?

Contradictions au sein de la majorité, entre partisans et adversaires de la dépense publique ? Ce serait un grave contre-sens. Car en réalité, les uns et les autres poursuivent un même objectif. Certes, nos 63 députés plaident en faveur d’un surplus de dépenses, mais de dépenses d’investissement. Ce qu’ils veulent, c’est « faire preuve d’audace et mobiliser les moyens suffisants pour donner à notre économie une dynamique nouvelle, pour faire de notre société une société de création, d’inventio , d’innovation, résolument tournée vers l’avenir ». Ils pensent que l’Etat est mieux placé que le marché pour impulser ces investissements, à la fois parce qu’il s’agirait d’investissements à finalité collective - recherche, santé publique, etc. - et parce que la crise a rendu les firmes désargentées et les banques frileuses. Ils sont en quelque sorte les héritiers les plus fidèles du gaullisme : l’Etat est mieux à même de penser l’avenir et d’engager des projets collectifs que le marché.

Mais nos députés ne sont pas pour autant des adorateurs, ni même des défenseurs, du déficit. Si le grand emprunt qu’ils préconisent doit engager de nouvelles dépenses publiques d’investissement, il faut que cela soit rapidement compensé par une diminution d’ampleur comparable des dépenses publiques de fonctionnement. Ils ne s’en cachent pas, dénonçant « une pratique qui depuis trente ans veut que l’on s’endette essentiellement pour assurer des dépenses de fonctionnement. Cette pratique doit être combattue et ce type de déficit condamné ». C’est donc, à mots couverts, un grand coup de hache qu’ils veulent porter à ces dépenses du quotidien - les subventions, la sécurité sociale, l’administration... - de manière à recentrer l’Etat sur ses fonctions « régaliennes » et à dégraisser tous les mammouths publics.

Et c’est là que le libéralisme rejoint l’interventionnisme. Le grand emprunt, à leurs yeux, est le moyen par excellence de contraindre la société française à opérer ces économies du quotidien. En période de crise, en outre, remplacer le déficit « ordinaire » par un déficit lié à des opérations extraordinaires - des investissements -, c’est s’exempter du risque de peser sur l’activité. Car dépenser moins dans le quotidien a inévitablement un effet récessif, que le grand emprunt doit permettre de compenser. Nos députés, en réalité, souhaitent mettre le keynésianisme au service du libéralisme.

ContreInfo

1 comentário:

David C. disse...

Ni dettes, Ni emprunts, la France doit créer de l'Argent !

Non à l'emprunt Sarkozy !

Face au pillage de notre pays organisé, depuis plus de 30 ans, par les marchés financiers qui gonflent artificielle, par les taux d'intérêt, la dette de notre pays, et afin de promouvoir des politiques de bien commun le gouvernement Français doit rompre avec la loi Giscard-Ponpidou du 3 janvier 1973, et tous les traités européens depuis Maastricht.

Le gouvernement doit reprendre sa souveraineté économique et émettre du crédit productif Publique émit par une nouvelle Banque de la France.

Le château de cartes de la finance est entrain de s'effondrer, il faut sortir de la spéculation et remettre l'argent au service de la population.

David C.
david.cabas.over-blog.fr

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