A 9,1% en métropole, le taux de chômage est revenu à son niveau du début 2006. Sa montée s'accompagne d'une hausse récente du chômage partiel. Les jeunes sont les premières victimes de la crise.
Alors que les statistiques d'inscription à Pôle emploi ont donné des signaux contradictoires pour les mois les plus récents, celles de l'enquête trimestrielle de l'Insee sont sans ambiguité: le chômage a continué d'exploser en France au deuxième trimestre. Entre avril et juin, le taux de chômage a augmenté de 0,6% , à 9,1% de la population active en France métropolitaine et à 9,5% avec les départements d'outre-Mer (DOM). Le chômage est ainsi remonté au niveau qui avait été atteint début 2006, effaçant toute la baisse observée entre 2006 et 2007, selon l'Insee. Il s'agit d'une estimation corrigée des variations saisonnières à "plus ou moins 0,4 points", précise l'institut.
Au deuxième trimestre, le taux de chômage mesuré en France métropolitaine selon la norme du Bureau international du Travail (BIT), correspond à près de 2,6 millions de chômeurs (2.591.000).
"Ce chiffre confirme la dégradation en cours du marché du travail qui est consécutive à la crise mondiale", commente Bercy dans un communiqué. "Chez la plupart de nos partenaires, la dégradation du marché du travail est nettement plus importante : le nombre de chômeurs au sens du Bureau International du Travail a ainsi augmenté en France de 14% depuis le printemps 2007 alors que sa progression atteint sur la même période 28% dans la zone euro, 116% aux Etats-Unis et 139% en Espagne", nuance toutefois la ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, Christine Lagarde.
Le chômage a nettement accéléré à partir du deuxième trimestre 2008. Il a progressé de 0,7 point au premier trimestre, selon un chiffre révisé fourni jeudi par l'Insee. Toutes les catégories de personnes ont été touchées par la nouvelle hausse du chômage au deuxième trimestre, qui a cependant été plus marquée pour les hommes (+0,7 point en trois mois à 8,8% en métropole). Le taux de chômage reste plus élevé parmi les femmes (+0,4 point à 9,4%).
Les jeunes en première ligne
Alors que les 15-24 ans cherchant du travail auraient dû profiter à plein du retournement démographique et des postes laissés vacants par les nombreux retraités, leur taux de chômage a atteint 23,9% au 2ème trimestre en métropole (+1,6 point en trois mois, +5,2 points en un an voire +6 pour les hommes). Il y avait 662.000 jeunes actifs au chômage en France métropolitaine. 8,8% de l'ensemble des 18-25 ans sont désormais au chômage.
En pleine rentrée scolaire, l'économiste Philippe Askenazy (Ecole normale supérieure) conseille d'ailleurs de prolonger ou reprendre une scolarité, plutôt que de subir un déclassement en début de carrière difficilement rattrapable ensuite.
Parallèlement, l'Insee a noté un nombre croissant d'établissements placés en chômage partiel : 319.000 salariés au 2ème trimestre, soit un niveau "équivalent à 1993". Soit 1,2% de la population active contre 0,6% au trimestre précédent. C'est la principale cause de la hausse du sous emploi, autre indicateur du marché du travail suivi par l'Insee, qui passe de parallèlement de 5,3% à 5,9%.
Nouvelles mesures en faveur du chômage partiel
Mais le chômage partiel a au moins le mérite de limiter la casse. Le gouvernement a donc relevé jeudi par arrêté ministériel le contingent annuel d'heures de chômage partiel autorisé, à la demande du patronat et d'une majorité de syndicats.
Désormais et jusqu'à nouvel ordre, tous les secteurs d'activité ont le droit, comme dans la filière automobile plombée par la crise, de pratiquer jusqu'à 1.000 heures de chômage partiel sur l'année (soit plus de six mois).
Le chômage partiel, dont l'indemnisation a un coût pour l'Etat, permet de maintenir le contrat de travail au prix d'une perte de revenu pour le salarié. Seulement une douzaine de branches ont signé début août (ou étaient en passe de le faire) une convention avec l'Etat permettant le maintien de 75% du salaire brut en cas de chômage partiel, selon une source gouvernementale.
A 9,1%, le taux de chômage en France métropolitaine reste légèrement inférieur à celui de la zone euro (9,4% en juin). Le taux de chômage trimestriel produit par l'Insee sur la base d'une enquête auprès d'un vaste échantillon représentatif est le seul chiffre de référence permettant des comparaisons internationales. Les statistiques administratives mensuelles d'inscriptions à Pôle emploi sont une indication de tendance, sensible aux évolutions de la législation sur l'indemnisation.
Sem comentários:
Enviar um comentário