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06/05/2011

Pacte pour l’euro, un alignement vers le bas

Vincent Drezet

Le pacte pour l’euro, adopté en mars dernier par les chefs d’État de la zone euro, prévoit de « favoriser la compétitivité, favoriser l’emploi, contribuer à la viabilité des finances publiques ». En termes clairs, il vise à faire pression sur les salaires – « des augmentations de salaires pourraient provoquer une érosion 
de la compétitivité », dixit le Conseil de la zone euro… –, à introduire plus de flexibilité, à réduire le coût du travail, à faire pression sur les finances publiques, à « réformer » les systèmes sociaux (cf. la réforme des retraites 
en France), etc. Il prévoit aussi d’instaurer au sein de chaque État un mécanisme « contraignant et durable » prévoyant des plafonds de déficit 
et de dette. En la matière, la France 
est volontariste : un projet de réforme constitutionnelle relatif à l’équilibre des finances publiques sera examiné en mai 2011 par le Parlement.
Alors que, depuis vingt ans, les allégements d’impôts et de cotisations sociales substantiels ont contribué à creuser les déficits publics, on n’entend pas parler de rééquilibrage des systèmes fiscaux et de partage plus juste des richesses. La liste est pourtant longue des enjeux européens et nationaux qui permettraient de faire face aux défis du moment : réforme des impôts d’État et locaux visant à rééquilibrer le système fiscal (rappelons que si le barème de l’impôt sur le revenu de l’année 2000 avait été maintenu, son rendement annuel serait de 70 milliards d’euros contre moins de 55 milliards aujourd’hui), 
hausse du budget européen, harmonisation fiscale et sociale européenne…
De tout cela il n’est point question dans le pacte pour l’euro : il s’agit bien de graver la rigueur et la concurrence fiscale et sociale dans le marbre. Mais avec des effets dévastateurs : ainsi, baisser les cotisations sociales paupérise la Sécurité sociale au bénéfice des complémentaires privées, tandis que supprimer des postes dans le secteur public se traduit, 
à l’instar du secteur privé, par  
un management de plus 
en plus contraignant, des réorganisations incessantes, une hausse de la charge de travail, un service moins bien rendu et au final un malaise de plus en plus profond. Hausse des inégalités et de la précarité, pouvoir d’achat en berne, dégradation des conditions de travail, telles sont les conséquences directes et concrètes du néolibéralisme ambiant dont l’orientation n’a pas varié : alignement des droits et des solidarités vers le bas pour le plus grand nombre, maintien des acquis fiscaux et hausse du profit pour une poignée.

http://www.humanite.fr/28_04_2011-pacte-pour-l%E2%80%99euro-un-alignement-vers-le-bas-471100

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