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02/05/2011

Maud Simonet / Le travail bénévole : travail gratuit ou engagement citoyen ?

Maud Simonet, sociologue membre de l’Institut européen du salariat (IES), est l’auteure de l’ouvrage Le travail bénévole : travail gratuit ou engagement citoyen ? Suite à la naissance du « service civique » [1] en France en 2010 et à l’émergence de programmes soutenant le bénévolat, elle s’est intéressée aux enjeux sociaux et politiques posés par ces nouveaux dispositifs. Afin d’affûter l’expertise, elle interroge la situation hexagonale au détour d’enquêtes de terrain qu’elle a mené aux États-Unis, pays où le volontariat a une longue histoire. Rencontre sous la neige en décembre 2010 dans les préfabriqués (durables ?) de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense :

Du workfare

« Le workfare découle de l’idée qu’un bénéficiaire de l’aide sociale doit faire des heures de travail afin de prouver à la société sa citoyenneté s’il veut continuer à percevoir ses allocations. Il en existe plusieurs formes. Je ne suis pas spécialiste de ce point précis même si je collabore depuis 2008 avec le sociologue John Krinsky, qui travaille sur ce sujet aux États-Unis [2]. Quelques villes étasuniennes ont été pionnières dans la création de programmes de workfare, comme New-York dans les années 1980. La loi Clinton de 1997 qui réforme l’aide sociale a étendu le dispositif au niveau national. »

Les parcs de New-York

Un terrain historique des luttes syndicales
« Nous menons en commun avec John Krinsky une enquête sur les parcs publics et municipaux de New-York. Initialement, la main d’œuvre était publique et syndiquée. Mais ces parcs sont devenus peu à peu un laboratoire d’expérimentation du workfare.
Aux États-Unis dans les années 1930, les salariés du privé ont obtenu des droits syndicaux. Ceux du public ont dû se battre localement pour les obtenir. Les travailleurs des parcs new-yorkais – les parkies – ont réussi à y accéder dans les années 1950. Leur lutte a été forte, ils ont mené des actions emblématiques, comme s’enfermer dans une cage à Central Park avec une pancarte : « Espèce : travailleur du parc. Caractéristiques : n’a pas les mêmes droits que les autres travailleurs ; pas de dignité au travail ; pas de salaire négocié ; pas le droit de se syndiquer ». Ils furent parmi les premiers travailleurs publics new-yorkais à obtenir des droits syndicaux, et à voir leurs conditions de travail, leurs rémunérations et leurs prestations sociales négociées collectivement.
Le syndicat aux États-Unis ne correspond pas exactement à ce que l’on peut connaître ici. C’est un acteur qui négocie avec la direction ce qu’ils appellent le contrat de travail, c’est-à-dire l’ensemble des prestations.
Avant la crise budgétaire de la ville dans les années 1970, ils étaient 7 500 ; ils sont environ 2.000 aujourd’hui. Pourtant, les parcs de New-York sont plus propres que jamais. Avec John Krinsky, nous nous sommes posés la question : « Qui nettoie ces parcs aujourd’hui ? ». »
Le feuilletage des statuts
« Les éléments de réponse sont multiples. On a vu arriver dans un premier temps des salariés associatifs, embauchés par des conservencies, qui gèrent l’entretien des parcs en partenariat avec la ville de New York. Certaines emploient encore une part de main d’œuvre publique, mais elles commencent à embaucher leurs propres salariés. Central Park et Prospect Park sont dans ce cas. A contrario, Brian Park n’a plus que sa propre main d’œuvre.
Les configurations sont diverses. Les partenariats entre les conservencies et la municipalités diffèrent. Cette nouvelle main d’œuvre n’est pas syndiquée. Ils font le même travail que les salariés du public sans avoir le droit de se syndiquer. Des syndicats new-yorkais ont fait campagne pour qu’ils puissent être représentés et avoir le droit à une négociation collective de leurs conditions de travail : ça a échoué, l’employeur associatif ne veut pas de syndicats.
Sont arrivés ensuite deux types de travailleurs que l’on pourrait qualifier d’« invisibles » ou de « peu visibles », ceux qui ont particulièrement intéressé John Krinsky et moi-même : les travailleurs du workfare et les bénévoles.
Dans le premier cas, il est question de milliers de personnes dépendant de l’aide sociale, envoyés dans les années 1980-90 dans les parcs pour continuer à toucher leurs allocations. Certains ont aussi été envoyés dans le métro via le programme municipal Work Experience Program. Un mouvement social a eu lieu dans les années 1990 pour dénoncer un travail qui n’était pas considéré comme tel. Associations de lutte contre la pauvreté, avocats et syndicats se sont regroupés pour mener un combat suscitant des positions et une rhétorique compliquées, parfois ambiguës [3]. Les arguments ainsi que les répertoires créés pour défendre ce nouveau type de travailleurs étaient complexes.
Aujourd’hui, quelques WEP workers [4] subsistent dans les parcs, mais très peu, parce que le mouvement a réussi à montrer que la municipalité remplaçait des travailleurs publics, rémunérés, syndiqués, par les travailleurs du workfare. Des enquêtes sociologiques s’intéressant aux tâches et à l’éventail de tâches confiés à ces travailleurs ont clairement prouvé la substitution. Peu d’argent circule. L’État fédéral finance le workfare ; c’est du travail gratuit pour la municipalité. Ces travailleurs sont « pressurisés ». Ils ne peuvent pas refuser le boulot sans risquer de perdre leurs allocations. »
Un pas en avant, deux en arrière
« Ce statut a été vivement critiqué et dénoncé. La mobilisation a débouché sur une évolution législative, notamment avec la création d’un statut intermédiaire, le Parks Opportunity Program (POP) à New-York, devenu plus tard le Job Training Program (JTP). Les personnes bénéficiant de l’aide sociale ont intégré ce programme, sans que leur dossier ne soit fermé. Leur indemnité a été transformée en salaire. Le programme durait onze mois et demi au départ, avec une rémunération en fonction de la tâche effectuée. Cela revenait à entrer dans la fonction publique. Si vous patrouillez dans le parc, vous êtes un PEP, et êtes rémunérés comme tel. Si vous nettoyez le parc, vous êtes un City Park Worker durant onze moi et demi, vous êtes payés comme tel, et avez le droit d’être syndiqué et représenté la durée du contrat, comme les statutaires. Cette avancée sociale a été supprimée par un des maires de New-York suivant, malgré de durs conflits.
Dans les années 1990, le JTP remplace le POP, et la rémunération passe en dessous du salaire du premier niveau de la fonction publique. Les JTP deviennent une catégorie, sont tous rémunérés pareil et leur mission est de six mois. Ils peuvent être syndiqués, mais seulement dans une section particulière du syndicat créée pour eux. Les enjeux étaient très forts pour les syndicats : imaginez l’arrivée de 3.500 personnes supplémentaires : vous modifiez les rapports de force des luttes internes. Mis à part, rattachés aux « cols bleus », leurs droits sont moindre, leurs cotisations plus faibles, et ils ne peuvent pas voter pour désigner leurs représentants.
En pratique, la personne qui les évalue est leur supérieur hiérarchique direct. Il décide de leur emploi du temps, de leurs jours de congé. Et il faut ajouter que ces JTP sont à 75% de jeunes femmes d’une trentaine d’années, noires, seules, et avec enfant(s). Avec de telles relations hiérarchiques et l’espoir d’obtenir un emploi municipal à la sortie, en cas de conflits, il est très difficile de porter des revendications. La situation est structurellement compliquée, ces travailleurs sont tenus et facilement mobilisables. »
L’arrivée des travailleurs bénévoles
« Au même moment, toute une série de travailleurs invisibles arrivent dans les parcs. Mobilisés, organisés, rationalisés même : ce sont les travailleurs bénévoles. Avant, ceux-ci existaient à la marge, mais les années 1990 voient apparaître des associations pour organiser leur travail.
Contrairement à ce qu’affirment les néolibéraux, de nombreuses études montrent que l’État ne disparaît pas, mais qu’il transforme ses modalités d’intervention [5]. Pour la gestion des parcs, l’État n’est pas seul. Des fondations comme la City Parks Foundation sont partenaires. C’est une fondation américaine classique, créée par des personnes issues du milieu des entreprises, qui vivent souvent autour de Central Park. Ce sont des riverains fortunés, membres de l’élite financière, qui se mobilisent pour dire : les parcs ne peuvent pas être laissés à la dérive. Dans les années 80, la réputations des parcs était mauvaise : des joggeurs se faisaient assassiner à Central Park, et Brian Park, derrière la National Library, était surnommé « needle park » – le parc des seringues.
La mobilisation de la fondation autour de ce problème social public a rencontré l’intérêt de l’État. Le Department of Parks & Recreation et la City Parks Foundation ont monté ensemble un partenariat : Partnerships for Parks. Les gens qui travaillent pour cette structure ont la moitié de leur salaire payé par le Department of Parks & Recreation, l’autre moitié par la fondation. Cette double loyauté est intéressante : jusqu’à l’intérieur d’une personne même, l’interpénétration entre le privé et le public est présente. Partnerships for Parks est une association dont l’objectif est de développer le bénévolat dans les parcs, de plein de manières différentes. Ils font par exemple des partenariats avec des entreprises pour mettre en place du bénévolat d’entreprise. »
Team building you !
« Si vous êtes la Walt Disney Company, Timberland, Morgan Stanley, en somme une grande entreprise, et que vous souhaitez envoyer vos salariés faire une activité ensemble en dehors ou pendant leur temps de travail, vous pouvez entrer en contact avec Partnerships for Parks, et leur demander : « Qu’est-ce que vous pouvez organiser, un samedi après-midi pour six cents personnes ? » Ils vous répondent : «  On peut aller dans un parc du Queens ou de Brooklyn, et on organise un grand nettoyage de 10h à 17h. »
Partnerships for Parks évalue le coût par salarié (il faut acheter du matériel - des gants, des pelles, des graines, des sacs poubelles, etc.). L’entreprise paie un forfait, et Partnerships for Parks récupère de l’argent à réinvestir dans l’organisation de cette main d’œuvre bénévole. Pour les entreprises, l’idée est que tout le monde soit ensemble un temps, avec une activité à faire du matin jusqu’au soir, et le sentiment d’avoir accompli une tâche précise à la fin de la journée. »
Mobiliser le voisinage
« Partnerships for Parks génère aussi des associations de voisins qui s’occupent d’un parc. J’ai réalisé des entretiens avec des personnes membres de ce genre d’associations. Je les ai interrogés sur leur structuration. Généralement, une personne qui venait régulièrement dans le parc, discutant avec le salarié et l’employé municipal, était repérée par Partnerships for Parks [6]. La fondation demandait aux intéressés, de préférence engagés et ayant un intérêt pour le parc, s’il y avait une association de voisins. Ensuite, si ce n’était pas le cas, elle proposait de créer et structurer une non-profit organization afin d’avoir un peu d’argent pour organiser des événements, participer à des concours et gagner des prix, ou encore élaborer un site web. L’objectif final du support était que des associations de voisins s’occupent de l’entretien des parcs de New-York.
Aujourd’hui, ces dernières sont très présentes, elles ont les clefs pour ouvrir et fermer l’espace pour les chiens, voire parfois le parc. Les riverains apportent aussi du capital et du travail : ils organisent des après-midi nettoyage, plantation et jardinage. A Central Park, où l’argent ne manque pas, les questions matérielles ne sont pas un problème, mais dès que l’on sort de Manhattan et que l’on va dans certains lieux du Queens ou de Brooklyn, les responsables municipaux vous disent qu’ils n’ont ni sacs poubelles, ni papier toilette, et qu’ils apprennent à leurs travailleurs à économiser les sacs. Alors, une association de voisins qui arrive et apporte trois ou cinq heures de travail sur une journée, même s’il faut les encadrer, représente un apport important au système de débrouille qui se met en place. Les responsables locaux sont incités à recourir à cette aide ; ils sont de plus en plus évalués. »
Le (sur)coût des travailleurs publics
« L’État ne finance plus les employés municipaux parce que ça coûte cher : il faut payer les retraites et la couverture sociale. A partir d’un certain nombre d’années passées dans le secteur public aux États-Unis, vous avez une couverture médicale à vie. Depuis la crise des années 1970-80, et a fortiori aujourd’hui, avec la nouvelle crise financière, un discours sur le coût des travailleurs publics se développe. Ils doivent disparaître par non-renouvellement des postes, voire licenciement. Le recours à des formes de travail invisible pas cher se généralise.
Abraham Beame, maire démocrate de New-York de 1974 à 1977, a dit la chose suivante lors d’un discours : «  Il va falloir en appeler à la citoyenneté, à l’engagement des citoyens, parce qu’on n’a plus d’argent  ». L’an dernier, Michael Bloomberg affirmait lors de la remise d’un prix à des bénévoles engagés dans les parcs : « On est conscients de vos préoccupations en terme d’emploi public, on essaiera de ne pas trop licencier ».
Lors d’entretiens avec des responsables municipaux de parcs, deux d’entre-eux ont reconnu que sans le travail gratuit des travailleurs du workfare et des bénévoles, ils ne pourraient pas assurer le travail dans leur arrondissement.
Le recours au workfare et la mobilisation du travail bénévole ne sont pas opposés, c’est le même État néolibéral qui fonctionne dans les deux cas, bien que les populations exposées ne sont pas tout-à-fait les mêmes. Les registres et les techniques de mobilisation sont différentes. »

France – États-Unis : liaisons dangereuses ?

De la démocratie en Amérique
« Il y a une volonté dans mon livre de faire tomber une certaine représentation des liens entre l’État et les bénévoles, une représentation très ancrée dans le rapport France/États-Unis, que j’appelle l’héritage tocquevillien. Je me suis intéressée à la manière dont le legs d’Alexis de Tocqueville a été mobilisé et à la prétendue dichotomie France/États-Unis [7] : d’un côté, ils n’ont pas d’État, donc ils ont plein de bénévoles (États-Unis) ; de l’autre, ils ont un gros État, donc ils n’ont pas beaucoup d’associations (France). En suivant ce raisonnement, il y aurait un vase communiquant. Soit nous avons des gens engagés, et pas d’État, soit nous avons un État important, et par conséquent pas d’engagement.
Aux États-Unis, c’est Ronald Reagan qui a le plus porté ce discours en se référent explicitement à Tocqueville, et en agissant en conséquence. Il affirmait : « Ce grand français qui est venu nous voir et qui a bien dit...  ». Bill Clinton a fait la même chose. Pierre Bourdieu le relevait ainsi : « Qui mieux que Tocqueville pouvait légitimer la démocratie américaine ?  » Si l’ennemi français, aristocrate de surcroît, l’a dit, c’est certainement vrai... Alexis de Tocqueville était le meilleur outil de légitimation de la démocratie états-uniennes.
Ronald Reagan a beaucoup œuvré pour promouvoir l’engagement citoyen en mobilisant le mythe tocquevillien. Tocqueville a écrit peu ou prou : « Dès qu’il y a le moindre problème aux États-Unis, les gens se retrouvent, créent une association, là où en France, on a un gouvernement et un État ». Ronald Reagan a repris cette idée selon laquelle, à un moment donné de l’histoire des États-Unis, des personnes s’engageaient et prenaient tout en charge jusqu’à l’arrivée de l’État. Ce dernier a asséché l’engagement, pris la place des citoyens. Ronald Reagan a dit : «  Il est temps que l’État recule et arrête d’évincer l’engagement. [...] Les gens vont arrêter d’être fainéants et de laisser l’État tout faire, ils vont reprendre une citoyenneté active et s’occuper des problèmes ».
La mise en pratique s’est traduite par d’énormes coupes dans les budgets sociaux et des appels multipliés à l’engagement. La réponse se fait encore attendre... Des statistiques, à utiliser avec prudence, montrent que durant la présidence de Ronald Reagan, l’engagement n’a pas augmenté, mais plutôt stagné, peut-être même un peu diminué. »
La mauvaise équation
« Quels sont les enseignements à en tirer ? Dans un premier temps, croire que les gens s’engagent parce qu’ils ne veulent pas d’État est une erreur d’interprétation. Je ne vous dis pas que je n’ai rencontré personne dans ce cas-là, mais c’est plus complexe que ça. Même aux États-Unis, dans les parcs, les gens s’engagent parce qu’ils trouvent que l’État ne fait pas son travail. La rhétorique de Ronald Reagan n’a pas convaincu. Le sens de l’engagement n’est pas forcément anti-étatique. C’est une des complexités du sujet, et cela peut donner lieu à des contradictions très fortes.
Dans un second temps, on voit que quand l’État coupe les budgets sociaux, il assèche le monde associatif et les possibilités de développement de l’engagement. »
Le détour du chercheur
« Entre les États-Unis et la France, on ne peut pas faire directement de transfert. Ce ne sont pas les mêmes pays, les mêmes institutions, les mêmes politiques, États et mondes associatifs. Les logiques sont différentes. Au niveau politique et institutionnel, j’essaie de ne pas faire d’analogie.
Cependant, l’histoire du statut de volontariat est plus longue aux États-Unis. On peut la suivre et elle peut nous amener à questionner ce qui se passe chez nous. J’ai fait des découvertes quand je suis partie sur cette problématique. Lorsqu’on est chercheur à l’étranger, on va fouiller plus loin que dans son propre pays, parce que l’on ne comprend pas tout très bien. Par exemple, pour comprendre Teach For America, il faut d’abord saisir ce qu’est être enseignant aux États-Unis, et comment fonctionne le système éducatif. C’est intéressant de voir les enjeux qui se sont posés dans les deux pays,.et ils ne se posent pas de la même manière.
Par exemple, en France, quels sont les liens entre le volontariat et les emplois jeunes ? Il n’y a pas de filiation, mais plutôt une concurrence entre les deux programmes qui sont entrés en collusion avec des alternances politiques où chacun défendait son programme : le volontariat est freiné quand les socialistes sont aux pouvoirs, et boosté quand la droite revient. »
Transferts de modèles et de pratiques ?
« Le deuxième niveau est celui des transferts. Unis-Cité est une association française dont le concept est emprunté à City Year. Unis-Cité a retenu l’attention politique parce qu’ils sont bons et savent faire du lobbying. Aujourd’hui, en France, c’est leur modèle de service civique qui a été adopté. Le modèle français actuel est moins éloigné du modèle américain qu’en 2005. Les transferts opérés par les structures sont aussi le résultat de déplacements de chargés de mission qui se rendent aussi aux États-Unis. Un travail reste à faire pour retracer cela. Les personnes qui ont réfléchi aux dispositifs de service civil puis de service civique sont allés aux États-Unis. Les frontières sont perméables, et les États-Unis restent un modèle sur ses questions-là. Si vous travaillez sur le bénévolat de compétences vous ne pouvez pas ne pas aller voir ce qui s’est joué là-bas entre les entreprises qui ont fait circuler les pratiques et les sénateurs français qui s’y sont rendus. Des enjeux communs de transformations des deux pays existent.
Dans tous les cas, je ne dis pas que ce sera la même chose demain en France, mais cela semble loin d’être impossible. J’ai discuté de manière informelle avec des conseillers régionaux à qui je présente mon travail, et ils me disent : «  Oui, sur la question de l’aide sociale à l’enfance notamment, nous avons interpellé des associations de bénévoles. Nous devons quand même employer des personnes formées, alors nous leur payons la formation.  » Ainsi, les partenariats se renforcent. Récemment, une municipalité, qui a vu le service civique arriver, a supprimé les « emplois-tremplins ». Le service civique lui coûte moins cher [8], et elle peut se permettre de donner 200 euros supplémentaires aux volontaires... Par conséquent, il faut continuer à suivre l’évolution du dispositif.
On a eu des aides-éducateurs, des assistants d’éducation, va-t-on avoir maintenant des volontaires dans les écoles ? Est-ce qu’on va avoir ce qui se passe aux États-Unis avec City Year ? Au départ, ils faisaient ce que fait aujourd’hui Unis-Cité [9]. A la fin des années 1990 la Corporation for Community & National Service qui finance au niveau fédéral les programmes de volontariat a lancé un appel clair : «  On soutiendra les programmes éducatifs  ». Cela vient d’un grand moment politique où il y a eu un accord entre les différents représentants pour dire qu’il fallait s’atteler à la question éducative. City Year a recentré ces activités là-dessus. Ils ont décidé de mettre des jeunes à l’année dans des écoles publiques, par exemple dans la ville de New-York, dernier site créé. Le matin, ceux-ci sont avec les enseignants, et l’après-midi, jusque 18h, ils mènent des activités avec les enfants. C’est très proche du travail que font les para-professionnels aux États-Unis dans les écoles publiques.
Ces jeunes ne sont pas syndiqués. Ils n’ont pas le droit de manifester, de faire des boycotts et d’avoir des activités politiques sur le lieu. Dès qu’ils portent l’uniforme, ils n’ont aucun droit Cela vient de l’accord de City Year avec l’État et ses financements fédéraux : interdiction totale d’être engagés dans une quelconque activité politique quand on représente l’organisation.
En France, les organisations développent des efforts pour poser un ensemble de limites : «  Tu ne feras pas le travail d’un professionnel. Tu feras bien attention. Etc.  ». Évidemment, l’ensemble de la mission d’un jeune volontaire ne sera pas la même que celle d’un éducateur ou d’un para-professionnel, mais une partie de la mission reste la même. »
La fin du travail ?
« La thématique de la fin du travail apparue aux États-Unis a été théorisée par Jeremy Rifkin. Elle a été largement importée en France [10], et est apparue comme la réponse à toute une série de problématiques autour des questions sociales et du chômage. Je ne suis pas une spécialiste de ces questions-là, mais Fanny Darbus qui a fait sa thèse sur l’économie sociale ou Matthieu Hély [11] ont largement creusé cette problématique. Des personnes ont circulé entre l’espace scientifique, administratif et politique, par exemple dans la délégation ministérielle à l’économie sociale. L’engagement, l’espace associatif, une certaine souplesse de l’informel, étaient vus comme la solution à nombre de problèmes... Le référentiel politique a été construit à ce moment-là.
Dans tous les cas, je ne fais pas de prospective et il faut bien garder en tête les deux échelons d’analyse. »

En substance, les transformations de l’ État

Les contradictions à l’œuvre
« J’ai trouvé intéressant de pointer les contradictions. Teach For America est un exemple caractéristique, mais cela se retrouve aussi ailleurs. Il faut plusieurs niveaux pour arriver à maintenir cet écart, pour arriver à avoir une masse de jeunes qui s’engagent, dans une logique de lutte contre les inégalités, finalement très opposée au discours politique à l’œuvre. Ça passe par des choses fines.
Mettre un acteur dans le champ de l’école publique et lui donner autant de poids financier, symbolique, n’est pas anodin, notamment quand celui-ci s’oppose à la logique syndicale. Teach For America porte une représentation de ce qu’est le bon enseignant et donc de ce que n’est pas un bon enseignant. Elle met la responsabilité de l’échec sur les épaules de l’enseignant, là où, par exemple, les syndicats se battent pour dire : «  Est-ce que vous avez vu dans quelles conditions nous travaillons ? » Aux États-Unis, les enseignants sont mal payés, beaucoup ont un deuxième job pour nourrir leurs familles. Ils sont profs le matin et VRP l’après-midi, ils frappent aux portes pour vendre des produits... Beaucoup font des remplacements sans être formés pour la discipline. Là où les syndicats en appellent à des transformations structurelles, Teach For America nous dit : « Ce ne sont pas des bons enseignants. Nous allons vous ramener des jeunes de Harvard, de la Ivy League. Vous allez voir qu’ils vont changer la donne.  » Cela discrédite en partie le discours des syndicats.
Ça fait penser aux logiques d’accompagnement qui se développent dans le monde associatif : « Si on accompagne bien la personne, qu’on la remet en route, elle va se retrouver ». Hors, est-ce uniquement une question d’accompagnement ? Le chômage, les problèmes sociaux. On peut repérer où se construisent les contradictions. Je me sens moins dans une position de dire ce qui va se passer, je me sens plus dans une position d’essayer de souligner des contradictions, des enjeux, de poser la question du travail au travers des pratiques bénévoles et volontaires. »
Interrogations en suspens
« Je ne suis pas toute seule, Matthieu Hély s’intéresse aux salariés associatifs et Anne Bory au bénévolat d’entreprise. Il y a cette envie de poser la question du travail dans le monde associatif, de la poser en lien avec le travail public. Jusqu’où le travail associatif, rémunéré ou pas, est-il une forme de travail public ? De quel type de travail public parle-t-on alors ? Qu’est-ce que cela sous-entend de la part des services publics, de l’État ? Vers quel type de collectif de travail s’oriente-t-on ?
Revenons brièvement aux parcs. Comment construit-on un collectif de travail dans un parc avec des travailleurs associatifs rémunérés sans syndicat, des travailleurs publics syndiqués qui dépendent de la municipalité, des travailleurs bénévoles qui ne se pensent même pas comme des travailleurs et qui sont en lien avec l’association ? Des travailleurs workfare qui se considèrent comme des travailleurs mais ne sont pas considérés comme tels. Qui essaient de sauver leur situation, et qui, en terme de classes sociales, de rapport au travail, sont très loin des travailleurs bénévoles et tout aussi loin des travailleurs municipaux. Ce sont des travailleurs en transition. Comment construit-on un collectif de travail ? Comment organise-t-on une lutte ?
J’ai suivi en partie la campagne syndicale dans certains parcs. De nombreux travailleurs n’étaient même pas au courant des luttes en cours. Est-ce que les travailleurs bénévoles vont se mobiliser pour que les salariés de leur association aient le droit syndical ? Cette question a été posée par d’autres, je pense au très beau travail de Paul Bouffartigues et de Sophie Béroud [12]. On ajoute un niveau de complexité avec des travailleurs qui, pour certains, sont invisibles ou ne se pensent même pas comme des travailleurs, et qui peuvent venir de classes sociales, avoir des conditions de vie, et un rapport au travail complètement différent.
Quand on cherche à créer de la mixité sociale, les usages du volontariat et des rapports à ce statut sont profondément différents en fonction de la provenance des jeunes. Comment construire des collectifs de travail entre les volontaires, puis entre les volontaires et les salariés ? Cela pose tout une série d’interrogations auxquelles il faut réfléchir dans le monde associatif.
Quand on questionne la liberté d’engagement, cela pose la question des frontières qu’il peut y avoir entre un dispositif de workfare ou de welfare to work, et un dispositif de volontariat aux États-Unis dans lequel les jeunes des milieux populaires, voire des minorités ethniques sont envoyés, en disant : « Ça c’est un bon truc pour toi, si tu te tiens bien tu pourras rencontrer des gens et trouver un boulot après. En plus, tu vas gagner un peu d’argent, c’est mieux que la prison : vas-y ! »
Une partie des programmes associatifs de volontariat aux États-Unis sont proches du workfare... même s’ils ne sont pas censés en être. Les associations ont réussi en mettant en avant la question de l’engagement et à attirer des jeunes de milieux aisés. Cela permet de dire que ce n’est pas juste un programme de sous-emploi ou de mise au travail des jeunes qui traînent dans les rues. Une partie des jeunes d’Unis-Cité viennent des missions locales et ont été adressés là parce qu’on leur a dit : « Vas-y, c’est bien pour toi...  » Les éducateurs les envoient sans réfléchir si cela sera vraiment bon pour eux. On est sur un rapport à l’emploi, au travail et à un salaire même si on appelle ça une indemnité. Qu’est-ce que cela veut dire d’être volontaire durant six, huit, dix ou douze mois ? Qu’est-ce que cela veut dire d’être un travailleur qui n’a pas toute la panoplie de droits du statut de salarié ?
J’espère qu’il va y avoir des débats, des réflexions, des prises de conscience et, peut-être, du refus aussi du côté du monde associatif. On n’a pas envie de rentrer dans tous les dispositifs et de jouer tous les jeux. L’instrumentalisation de l’État et des gens de loi fonctionne parce qu’elle rencontre l’intérêt des structures associatives. Elle rejoint aussi un certain rapport au monde du travail qui existe dans le monde associatif. »
Les associations en première ligne
« Ma première audience se situe au niveau des associations. Les interrogations soulevées dans le secteur associatif pourraient avoir du sens dans d’autres secteurs qui fonctionnent à la vocation. L’enseignement notamment. J’espère qu’il y aura des réactions à ces transformations du travail. De petits signes le montrent comme la grève d’Emmaüs ou des Restos du Cœur et leurs fortes médiatisations. On peut commencer à dire des choses dans le champ associatif. Ce sont des signes de réflexivité du monde associatif sur lui même.
En Angleterre, des problématiques similaires émergent. Lorsque David Cameron a expliqué son plan d’après crise et qu’il a dit qu’il fallait que les gens au chômage fassent un travail d’intérêt général dans les associations et les municipalités, il a évoqué tout un registre de tâches d’utilité sociale. Il faut montrer qu’on est utile à la société pour pouvoir bénéficier de ses allocations. Je me demande comment vont réagir les associations. Vont-elles dire : «  Super, tous ces travailleurs qui arrivent, on les accueille car ça nous fait une nouvelle ressource ». Ou alors, diront-elles : « Non, nous sommes contre cette logique workfariste. Nous ne les prendrons pas... » ?
Dans mon ouvrage, je montre tous les liens entre cette idéalisation du travail associé à l’engagement et les carrières qui s’ensuivent, plus ou moins réussies, plus ou moins avancées. On voit comment cet engagement devient, pour certaines structures associatives, un véritable vadémécum de la gestion des ressources humaines bénévoles. »
La double face de l’engagement
« En France, la reconnaissance des expériences volontaires risque de passer par un passeport bénévole [13]. Tout le monde ne l’aura pas. Ne redoublons-nous pas l’inégalité d’accès à l’emploi avec ces formes de travail invisible ? Ceux qui sont bien insérés peuvent valoriser le bénévolat ou le volontariat, tandis que ceux qui ne sont pas bien insérés font du travail gratuit. Pour un salarié qui a accès au monde du travail, il peut sembler envisageable, à la limite, de prendre en charge un travail gratuit supplémentaire durant quelques heures par semaine. Il a une forme de sécurité à côté. En revanche, pour quelqu’un qui est dans une situation difficile et qui n’a pas accès au marché du travail, l’engagement peut se transformer en travail contraint et gratuit. »
De la privatisation de l’État...
« L’État central finance moins les projets associatifs qu’auparavant, mais les collectivités locales ont plus d’argent. Viviane Tchernonog a montré qu’il y a des reconfigurations dans la provenance de l’argent public. Je ne sais pas si vous pouvez me citer là-dessus parce que je commence à peine à m’y intéresser, mais avec le service civique, il va probablement y avoir moins d’argent donné au niveau structurel aux associations, mais il va y en avoir pas mal qui va arriver par le service civique. Ce qu’une association risque de perdre en terme de financement structurel, elle va pouvoir le récupérer avec des volontaires en service civique, payés par l’État. On aura moins d’argent pour rémunérer les salariés de l’association, mais on aura de l’argent pour rémunérer d’autres types de travailleurs.
Il faut réfléchir au transfert. Quand un État donne moins d’argent et fait un partenariat avec une entreprise, c’est toujours un État qui finance une politique, mais qui finance une politique de privatisation. Cette transformation est très marquée aux États-Unis. En tout cas, le montant donné ne me semble pas être suffisant, comme indicateur, pour souligner le degré d’intervention de l’État dans le monde associatif.
Quand Georges W. Bush et le Department of Education financent et soutiennent Teach For America, beaucoup d’argent est donné et un fonds spécial octroyé. Le financement est récurrent du côté de la Corporation for Community & National Service et du côté de l’État fédéral. Le soutien est aussi présent dans les discours, mais Teach For America est aussi subventionné par les entreprises, et c’est exactement ce que voulait G. W. Bush dans le système éducatif : ne pas avoir uniquement de l’argent public, mais faire entrer du privé dans le système d’éducation publique.
Teach For America fait entrer des jeunes qui vont directement enseigner dans les écoles publiques et qui sont financés en partie par des entreprises et des fondations. Là où ça devient complexe, c’est que les jeunes qui s’engagent dans Teach For America sont plutôt à gauche, plutôt mobilisés et très soucieux de la question de l’inégalité des chances aux États-Unis. Ils sont prêts, après avoir fait de très belles études dans de grandes universités, après avoir très bien réussi, à ne pas foncer vers un emploi qui rémunère beaucoup, et à consentir à un sacrifice financier. Ils vivent leur expérience dans les écoles publiques les plus défavorisées pendant deux ans comme un engagement, mais n’ont pas forcément conscience de ce que le programme signifie derrière. Alors, le jour où Laura Bush vient faire la pub de leur programme, ils manifestent et se disent « Mais, qu’est-ce qu’elle fait dans notre programme ? C’est pas possible, ça n’a rien à voir avec ce pourquoi on s’engage ? »
Par ailleurs, l’organisation Teach For America passe son temps à dire : « On ne fait pas de politique, on n’est pas politique  ». Comment peut-on ne pas être politique sur la question de l’enseignement et de l’éducation aux États-Unis ? S’il y a un endroit sur lequel ce pays, depuis les années 1980 et la publication du rapport A Nation At Risk, reconnaît qu’il a un problème, c’est bien au niveau de son système éducatif.
Quand Nicolas Sarkozy dans son plan « Agir pour la jeunesse » annonce le service civique, de façon symptomatique, il parle de citoyenneté, d’un « désir d’engagement » auquel il faut répondre absolument. Il ne parle pas d’emploi et de chômage. Qu’est-ce que signifie 10% d’une classe d’âge en service civique avec un tel pourcentage de chômage ? Lors de son discours, il a fait ce superbe lapsus : « ces jeunes qui rentreront dans le service public ». Certes, on ne prouve rien avec un lapsus (je ne l’ai pas utilisé dans le livre), mais ça souligne le silence qui règne autour de toutes ces questions. »
… à la « publicisation » du privé
« Cela remet aussi les choses en perspective pour les États-Unis. J’espère avoir fait tomber cette image qui voudrait que l’État soit absent et que les citoyens fassent tout aux États-Unis. L’État américain est un État fort, présent et politique. Les partenariats mis en place avec des fondations pour engager les citoyens à venir nettoyer les parcs en temps de crise budgétaire sont le résultat d’un choix politique. La délégation de la gestion des citoyens à des associations qui ne veulent pas reconnaître des droits syndicaux à leurs travailleurs est aussi un choix politique. Ce sont des formes de politiques publiques qui méritent notre attention. L’État n’est pas absent.
La situation est complexe, avec plusieurs couches. Dans le système qui émerge, il est compliqué de se mobiliser, de savoir contre qui on lutte, contre qui on se bat, et comment on peut se battre ensemble. C’est une privatisation du public mais aussi une « publicisation » [14] du privé. C’est le cas lorsque les engagements associatifs sont cadrés par l’État.
S’en tenir à l’idée du retrait de l’État revient à rater beaucoup de choses au niveau politique. Avec John Krinsky, nous insistons sur l’usage du travail gratuit ou peu payé par le secteur public. En France, Génération précaire avait posé la question par rapport aux stages. On assiste a une forme de « gratuitisation » du travail, pas juste une privatisation de services publiques. Les travailleurs du workfare sont financés par le secteur public et n’ont pas tous les droits sociaux. Ils n’ont pas une rémunération liée au travail effectué. L’invisible au travail est de retour. Avec le salariat, on essayait de « visibiliser » et de donner des droits. Plein de choses sont à critiquer dans le salariat, mais c’est aussi un lieu où il y a des institutions comme le droit du travail, les cotisations sociales, en somme une construction collective. On n’est pas seul face à son histoire de travailleur ni face à son employeur... Cette partie du salariat est attaquée par les formes de travail invisible. »

Débat avec Maud Simonet - 27 avril

L’indispensable librairie Quilombo organise ce soir (mercredi 27 avril) au CICP (23 rue Voltaire, Paris 11e) un débat autour du livre de Maud Simonet. Le thème : « LE TRAVAIL BÉNÉVOLE – engagement citoyen ou travail gratuit ? » Ouverture des hostilités à 19h45. Foncez !

Notes

[1] Nous parlions de la petite histoire française du « service civique » ici.
[2]  Interview de John Krinsky par Maud Simonet dans l’émission Les oreilles loin du front sur Radio FPP ; lire aussi la note de ce dernier, « Qu’est-ce que le workfare ? », publiée par l’IES en novembre-décembre 2009. L’IES publie des notes mensuelles (ou quasi) sur des problématiques contemporaines liées au salariat, ainsi qu’aux lois, réformes et rapports qui peuvent l’affecter.
[3] Cf. le livre Free labor : Workfare and the Contested Language of Neoliberalism de John Krinsky, The University of Chicago Press Books, 2007.
[4] Workers Expect Paychecks.
[5] Ndlr : à ce sujet lire la somme de Pierre Dardot et Christian Laval, Le nouvel ordre du monde – Essai sur la société néolibérale, La Découverte, 2009.
[6] Ndlr : cette approche rappelle la réflexion du sociologue Saul Alinsky sur les organisations communautaires et les leaders.
[7] Theda Skocpol pour les États-Unis et François Weil pour la France ont étudié la question.
[8] Depuis la rentrée 2010, l’indemnité est de 440 euros par mois, dont 340 pris en charge par l’État.
[9] Envoyer des volontaires sur différentes petites missions, courtes, dans des secteurs très différents.
[10] Ndlr : en France, un chercheur comme Roger Sue a largement contribué à vulgariser et diffuser tout une rhétorique autour de l’émergence de la « société civique ». Le sociologue Bernard Eme, initialement très proche de ces réflexions, est plus critique : il a soulevé la question de la bureaucratisation du monde associatif qui accompagne sa professionnalisation. Lors de l’évaluation d’un Picri en 2010 (Partenariats institutions-citoyens pour la recherche et l’innovation), il soulignait une tendance selon laquelle certaines associations professionnalisées deviennent comme des syndicats ou des partis politiques : les citoyens prennent du recul et s’éloignent de ces structures. La représentation à la base souffre et l’informel se développe. Cf. cet article de lui sur l’économie solidaire dans La Brique.
[12] Quand le travail se précarise. Quelles résistances collectives ?, La Dispute, 2009.
[13] Ndlr : par exemple, développement de portfolios de compétences développé par France Bénévolat.
[14] Matthieu Hély utilise ce concept dans ses travaux.

http://www.article11.info/spip/Maud-Simonet-Le-travail-benevole

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