À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

24/05/2011

Loin de l’Espagne et de l’information : ce que veulent les manifestants

Henri Maler

Acrimed n’est pas un site d’information ou de contre-information généraliste, mais d’information et de contre-information sur les médias, les journalismes et l’information elle-même. Pourtant – une fois n’est pas coutume – il suffit, pour prendre la mesure de la vacuité de l’information entre le 15 et le 21 mai sur les mobilisations en Espagne, d’effectuer une rapide « revue des médias » et de lui opposer ce que l’on y trouve pas : les plates-formes des manifestants. Ce court article n’a pas vocation à analyser de manière exhaustive le traitement médiatique des mobilisations en Espagne. D’autres articles suivront...
I. Brève « revue des médias »
Quand « l’affaire DSK » occupe les temps d’antenne et dévore les surfaces imprimées…
De glorieux journaux télévisés
Il leur en a fallu du temps pour se rendre compte qu’il se passait « quelque chose » en Espagne !
Prenez TF1 par exemple. Entre le 15 et le 20 mai : pas un sujet, pas un mot… Il a fallu attendre le 21 mai pour que la rédaction de TF1, enfin informée, informe à son tour : à 13h, on apprend ainsi de la bouche de Claire Chazal que « depuis plusieurs jours maintenant, les Espagnols sont dans la rue pour manifester contre le chômage et les mesures d’austérité [..]  ». Et le reportage qui suit de nous informer que la manifestation de la veille avait permis de « dénoncer de plus belle la mainmise des grands partis politiques, la corruption et surtout l’injustice sociale ». A 20 h ? Claire Chazal : « la population manifeste depuis quelques jours contre l’austérité le chômage ». Seulement ? Le reportage qui suit donne à entendre fugitivement d’autres cibles des manifestants. Et c’est tout ? C’est tout.
Le JT de France 2 s’est montré moins lent à la détente puisque le 18 mai David Pujadas, à 20 h, annonçait en titre : « L’Espagne est-elle au bord de la révolte ? […]  ». Seulement « au bord »… Le moment venu, environ 17’ après le début du journal on apprend, de la bouche du même Pujadas que des « milliers de jeunes […] se retrouvent tous les soirs dans les grandes villes pour protester contre l’austérité, un peu à la manière des révolutions arabes, via Twitter ou internet, hors de tout contrôle ou tout mot d’ordre des partis politiques ». Mais encore ? « L’Espagne qui s’impose –vous le savez– une cure d’austérité drastique pour maîtriser ses déficits et sa dette, on voit même apparaître ceux qu’on appelle les cartoneros, ces vendeurs à la sauvette ». Et de diffuser un reportage (sorti d’un stock ?), intéressant au demeurant, sur les cartoneros. Mais de la mobilisation elle-même, de ses modalités, de son contenu, de ses revendications, de son sens, on ne saura rien de plus que ce que Pujadas a annoncé.
Et lors des JT de 20h des 19 et 20 mai : Rien. Et lorsque, les jours suivants, les mobilisations en Espagne seront à nouveau effleurées, on ne saura toujours rien d’autre sur leurs motifs et leurs aspirations, à part qu’elles sont liées au chômage et à l’austérité. Certes. Mais encore ?
De profonds quotidiens, de magnifiques sites Web
Et dans la presse écrite ? Dans les « grands quotidiens nationaux ? » Rien ou pas grand-chose. Sauf omission de notre part, deux articles dans Libération. Le premier, le 19 mai - « Les "indignés" prennent la Puerta del Sol » - le second le 21 mai - « L’Espagne entre vote et révolte ». A noter ce même jour : Treize articles (de toutes tailles) sur « l’affaire DSK », ses à-côtés, ses conséquences…
Mais que veulent donc ces manifestants ? Quelles sont leurs aspirations ? Quels sont leurs objectifs ? Ce n’est pas - ce n’était pas - en lisant la presse imprimée qu’on peut l’apprendre. Ce qui n’empêche pas Le Monde.fr (et peut être Le Monde papier, mais nous n’avons pas retrouvé la trace) d’écrire, en recyclant une dépêche de l’AFP le 18 mai « les manifestants portent des revendications très disparates, parfois confuses ».
Retenons les objections : le temps manquait dans des JT d’une trentaine de minutes et l’espace faisait défaut dans la presse imprimée pour informer, - simplement informer… - sur la nature des mobilisations en Espagne et sur la plate-forme des manifestants.
Mais quel argument peut-on invoquer pour que sur les sites internet de nos grands médias on ne trouve au mieux que des dépêches d’Agence, le cas échéant modifiées, sans que l’on sache d’ailleurs sur quoi ont porté les modifications ? Là pourtant la place ne manque pas, pour informer vraiment. Or, à part quelques bribes de-ci de-là et un blog de Mediapart, rien. Après l’information tardive et lacunaire, le temps est venu, un peu partout, des profonds commentaires. L’information attendra. Et pourtant...

II. Ce que l’on n’apprend qu’en surfant ailleurs
… sur des revendications prétendument disparates, confuses et apolitiques…
1. Manifeste de « Democracia Real Ya ! » (15 mai)
Nous sommes des personnes courantes et ordinaires. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour travailler ou pour chercher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui travaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à celles et ceux qui les entourent.
Parmi nous, certain-e-s se considèrent plus progressistes, d’autres plus conservateurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques un-e-s ont des idéologies très définies, d’autres se considèrent apolitiques. Mais nous sommes tous très préoccupé-e-s et indigné-es par la situation politique, économique et sociale autour de nous. Par la corruption des politiciens, entrepreneurs, banquiers... Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue.
Cette situation nous fait du mal quotidiennement ; mais, tous ensemble, nous pouvons la renverser. Le moment est venu de nous mettre au travail, le moment de bâtir entre tous une société meilleure.
Dans ce but, nous soutenons fermement les affirmations suivantes :
- L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.
- Des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heureuse.
- Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.
- La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays, la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique menée par les sigles inamovibles du PPSOE.
- La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.
- La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.
- Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.
- Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.
A la vue de cela, je suis indigné/e Je crois que je peux le changer. Je crois que je peux aider. Je sais que, tous ensemble, on le peut. Sors avec nous. C’est ton droit.
http://democraciarealya.es/?page_id=88
2. Propositions approuvées par l’Assemblée Générale (Madrid, 20 mai)
Toutes nos excuses pour les éventuelles erreurs de traduction (Acrimed).
Propuestas aprobadas en la Asamblea de hoy día 20 de mayo de 2011 en ACAMPADA SOL
Résultat de la consultation de l´assemblée réunie le 20 mai 2011 au Campement Sol. Celui-ci est la compilation et la synthèse des propositions reçues ces derniers jours. Une première liste de propositions a été élaborée. Nous soulignons que l´assemblée est un processus ouvert et collaboratif. Cette liste n’est pas fermée, les propositions approuvées à l´assemblée du 20 mai au Campement sol sont :
1- Le changement de la loi électorale avec des listes pour une seule circonscription. L’attribution des résultats doit être proportionnelle au nombre de votes.
2- Les droits basiques et fondamentaux doivent être respectés, comme : * le droit à un logement digne, s´articulant sur la réforme de la loi hypothécaire en cas de dévolution du logement pour non-paiement, la dette doit être annulée, * une santé publique gratuite et universelle, * la libre circulation des personnes et le renforcement de l´éducation publique et laïque.
3- L’abolition des lois et des mesures discriminatoires et injustes comme les lois issues du « Processus de Bologne » et de l’espace Européen d’enseignement supérieur, et celle connue sous le nom de loi Sinde (contrôle d’internet).
4- Une réforme fiscale pour les salaires les plus bas et une réforme des impôts sur le patrimoine et les héritages. La mise en place de la taxe Tobin qui concerne les transactions financières internationales et la suppression des paradis fiscaux.
5- Des réformes des conditions de travail de la classe politique pour abolir les salaires à vie. Que les programmes et les propositions électorales aient un caractère contraignant.
6- Le refus et la condamnation de la corruption, rendre obligatoire par la loi électorale la présentation de listes propres exemptes de toute corruption.
7- Différentes mesures en rapport avec les banques et aux marchés financiers selon l´article de la constitution qui dit que toute la richesse du pays sous toutes ses formes doit être utilisée pour l´intérêt général. La réduction du pouvoir du FMI et de la BCE : Nationalisation de toutes les banques sauvées par l´Etat, renforcement de tous les contrôles sur les entités et les opérations financières pour éviter tout abus.
8- Une vraie séparation de l´Etat et de l´Eglise comme le stipule l´article 7 de la constitution.
9- Une démocratie participative et directe ou les citoyens sont actifs. Un accès populaire aux moyens de communication qui doivent être éthiques et fidèles à la vérité.
10- Une vraie révision des conditions de travail, sous surveillance effective des autorités étatiques.
11- La fermeture de toutes les centrales nucléaires et la promotion des énergies renouvelables et gratuites.
12- La récupération des entreprises publiques privatisées.
13- Une séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
14- La réduction du budget militaire et la fermeture immédiate des entreprises d´armement. Un plus grand contrôle sur les forces et corps de sécurité de l´Etat. Comme le mouvement pacifiste nous disons Non à la guerre.
15- La récupération de la mémoire historique et des principes fondamentaux de la lutte pour la démocratie dans notre pays.
16- Une transparence totale des comptes et des financements des partis politiques comme mesure de contrôle de la corruption politique.
Propuestas aprobadas en la Asamblea de hoy día 20 de mayo de 2011 en ACAMPADA SOL MADRID, 20 de mayo de 2011 Como resultado del consenso alcanzado durante la Asamblea celebrada el día 20 de mayo de 2011 en ACAMPADA SOL, y como resultado de la recopilación y síntesis de las miles de propuestas recibidas a lo largo de estos días, se ha elaborado una primera relación de propuestas. Recordamos que la Asamblea es un proceso abierto y colaborativo. Esta lista no debe entenderse como cerrada.
Propuestas aprobadas en la Asamblea de hoy día 20 de mayo de 2011 en ACAMPADA SOL.
1. Cambio de la Ley Electoral para que las listas sean abiertas y con circunscripción única. La obtención de escaños debe ser proporcional al número de votos.
2. Atención a los derechos básicos y fundamentales recogidos en la Constitución como son : * Derecho a una vivienda digna, articulando una reforma de la Ley Hipotecaria para que la entrega de la vivienda en caso de impago cancele la deuda. * Sanidad pública, gratuita y universal. * Libre circulación de personas y refuerzo de una educación pública y laica.
3. Abolición de las leyes y medidas discriminatorias e injustas como son la Ley del Plan Bolonia y el Espacio Europeo de Educación Superior, la Ley de Extranjería y la conocida como Ley Sinde.
4. Reforma fiscal favorable para las rentas más bajas, una reforma de los impuestos de patrimonio y sucesiones. Implantación de la Tasa Tobin, la cual grava las transferencias financieras internacionales y supresión de los paraísos fiscales.
5. Reforma de las condiciones laborales de la clase política para que se abolan sus sueldos vitalicios. Que los programas y las propuestas políticas tengan carácter vinculante.
6. Rechazo y condena de la corrupción. Que sea obligatorio por la Ley Electoral presentar unas listas limpias y libres de imputados o condenados por corrupción.
7. Medidas plurales con respeto a la banca y los mercados financieros en cumplimiento del artículo 128 de la Constitución, que determina que “toda la riqueza del país en sus diferentes formas y sea cual fuere su titularidad está subordinada al interés general”. Reducción del poder del FMI y del BCE. Nacionalización inmediata de todas aquellas entidades bancarias que hayan tenido que ser rescatadas por el Estado. Endurecimiento de los controles sobre entidades y operaciones financieras para evitar posibles abusos en cualquiera de sus formas.
8. Desvinculación verdadera entre la Iglesia y el Estado, como establece el artículo 16 de la Constitución.
9. Democracia participativa y directa en la que la ciudadanía tome parte activa. Acceso popular a los medios de comunicación, que deberán ser éticos y veraces.
10. Verdadera regularización de las condiciones laborales y que se vigile su cumplimiento por parte de los poderes del Estado.
11. Cierre de todas las centrales nucleares y la promoción de energías renovables y gratuitas.
12. Recuperación de las empresas públicas privatizadas.
13. Efectiva separación de poderes ejecutivo, legislativo y judicial.
14. Reducción del gasto militar, cierre inmediato de las fábricas de armas y un mayor control de las fuerzas y cuerpos de seguridad del Estado. Como movimiento pacifista creemos en el “No a la guerra”.
15. Recuperación de la Memoria Histórica y de los principios fundadores de la lucha por la Democracia en nuestro Estado.
16. Total transparencia de las cuentas y de la financiación de los partidos políticos como medida de contención de la corrupción política.
http://www.acrimed.org/article3601.html

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