Flore Vasseur
Récupérer l'argent de l'évasion fiscale au lieu d'imposer l'austérité budgétaire à la classe moyenne, l'idée des mouvements « Uncut » est simple, claire et juste pour Flore Vasseur qui raconte cette initiative anglaise d'une population qui ne veut pas « payer pour leur crise ». Bientôt chez nous aussi ?
Décalés et non violents, les « Uncut », ces mouvements contestataires spontanés commencent à peser sur les décisions politiques. Apparu en Angleterre il y a 6 mois, bâtis contre les plans d’austérité qui frappent les économies occidentales, ils prennent de l’ampleur aux USA et débarquent en France.
Tout démarre à Londres en octobre dernier. Cameron vient alors d’annoncer son grand projet d’après crise, celui de la Big Society, une expression ultra marketée droit sortie d’une agence de pub de la City. Mais en lieu et place d’un projet un tantinet porteur et fédérateur, il n’y a qu’un programme d’austérité digne du meilleur des années 20. Licenciement de fonctionnaires, multiplication par trois des frais de scolarité à l’université, coupes de 20% dans les hôpitaux pédiatriques, suppression des allocations familiales, des aides aux logements… la classe moyenne trinque (et la City va très bien). D’ailleurs, dans un pub anglais, une poignée de personnes discute, s’énerve. Criant à l’injustice, l’un évoque les montants astronomiques de l’évasion fiscale et du manque à gagner pour la collectivité. En Angleterre, un tiers des 700 plus grandes entreprises du pays échappe à l’impôt sur les sociétés. Mais pourquoi laissons nous faire dit l’autre ? Les restrictions budgétaires exigées à la classe moyennes sont injustes et pas nécessaires : récupérer l’argent de l’évasion fiscale suffirait amplement.
Tout démarre à Londres en octobre dernier. Cameron vient alors d’annoncer son grand projet d’après crise, celui de la Big Society, une expression ultra marketée droit sortie d’une agence de pub de la City. Mais en lieu et place d’un projet un tantinet porteur et fédérateur, il n’y a qu’un programme d’austérité digne du meilleur des années 20. Licenciement de fonctionnaires, multiplication par trois des frais de scolarité à l’université, coupes de 20% dans les hôpitaux pédiatriques, suppression des allocations familiales, des aides aux logements… la classe moyenne trinque (et la City va très bien). D’ailleurs, dans un pub anglais, une poignée de personnes discute, s’énerve. Criant à l’injustice, l’un évoque les montants astronomiques de l’évasion fiscale et du manque à gagner pour la collectivité. En Angleterre, un tiers des 700 plus grandes entreprises du pays échappe à l’impôt sur les sociétés. Mais pourquoi laissons nous faire dit l’autre ? Les restrictions budgétaires exigées à la classe moyennes sont injustes et pas nécessaires : récupérer l’argent de l’évasion fiscale suffirait amplement.
Dont acte ! Le lendemain, ces quelques réfractaires rameutent des amis sur Twitter et Facebook. Ils déboulent et occupent pacifiquement un point de vente Vodafone. Géant télécom au slogan prophétique - The Power is you – Vodafone est un as des paradis fiscaux (ces micro pays qui comptent plus d’entreprises – des boites postales pour la plupart - que d’habitant). Sans eux, l’entreprise devrait 6 milliards de livres, soit précisément le montant des aides aux logements qui viennent d’être supprimées.
L’initiative fait mouche. En 3 jours, 30 magasins Vodafone sont occupés. Puis le mouvement s’étend à toute l’Angleterre et à d’autres secteurs, les banques notamment. Des militants se coordonnent sur Twitter, débarquent en famille dans les agences, s’assoient dans les files d’attente. Ils lisent des poèmes, font des speeches sur « Education, le Néo-libéralisme et Etat ». Ils installent un faux abri SDF, une salle de lecture, un hôpital de fortune. Ils chantent surtout. Leur refrain préféré ? « We won’t pay for their crisis ». Ils distribuent des gâteaux à des officiers de police et aux clients. La discussion s’engage, les chiffres parlent d’eux-mêmes : Barclays, engrange 11,6 milliards de profit mais grâce à ses 383 filiales off shore, ne paie que 1% d’impôt sur le revenu. Pourquoi ? Philip Green, l’un des conseillers de Cameron sur les restrictions budgétaires est aussi le patron d’une chaine d’habillement à bas prix qui cartonne. Domicilié en Angleterre, 9ème fortune du pays, il ne paie aucun impôt. Comment est-ce possible ? La plupart de ses revenus proviendrait de sa femme qui elle vit à Monaco.
Mouvement citoyen, né dans un pub, grandit sur Twitter, vécu dans la vraie vie et relayé sur la toile, Uncut UK a inspiré des québécois, des américains et même des français. France Uncut appelle à une journée de mobilisation le 26 mars. L’évasion fiscale est une pratique bien rodée de nos entreprises : tout le CAC 40, Total et LVMH en tête, disposent de filiales dans des paradis fiscaux. Ce qui leur permettrait de ramener leur taux d’imposition (sur les sociétés) à 8% (au lieu du taux légal, à 33%). Les opposants à une fiscalité transparente des multinationales et des très riches rétorqueront sur un ton dogmatique que nous devrions nous estimer heureux qu’elles exercent encore en France, assurent des emplois, paient des taxes locales. Certes, mais à l’heure des sacrifices n’aurions-nous pas intérêt à les faire partager par tous ? Alors qu’il est question de compenser la probable suppression de l’ISF par une hausse de la TVA, impôt indirect donc moins visible mais qui plombe la classe moyenne, Uncut France a du pain sur la planche.
L’initiative fait mouche. En 3 jours, 30 magasins Vodafone sont occupés. Puis le mouvement s’étend à toute l’Angleterre et à d’autres secteurs, les banques notamment. Des militants se coordonnent sur Twitter, débarquent en famille dans les agences, s’assoient dans les files d’attente. Ils lisent des poèmes, font des speeches sur « Education, le Néo-libéralisme et Etat ». Ils installent un faux abri SDF, une salle de lecture, un hôpital de fortune. Ils chantent surtout. Leur refrain préféré ? « We won’t pay for their crisis ». Ils distribuent des gâteaux à des officiers de police et aux clients. La discussion s’engage, les chiffres parlent d’eux-mêmes : Barclays, engrange 11,6 milliards de profit mais grâce à ses 383 filiales off shore, ne paie que 1% d’impôt sur le revenu. Pourquoi ? Philip Green, l’un des conseillers de Cameron sur les restrictions budgétaires est aussi le patron d’une chaine d’habillement à bas prix qui cartonne. Domicilié en Angleterre, 9ème fortune du pays, il ne paie aucun impôt. Comment est-ce possible ? La plupart de ses revenus proviendrait de sa femme qui elle vit à Monaco.
Mouvement citoyen, né dans un pub, grandit sur Twitter, vécu dans la vraie vie et relayé sur la toile, Uncut UK a inspiré des québécois, des américains et même des français. France Uncut appelle à une journée de mobilisation le 26 mars. L’évasion fiscale est une pratique bien rodée de nos entreprises : tout le CAC 40, Total et LVMH en tête, disposent de filiales dans des paradis fiscaux. Ce qui leur permettrait de ramener leur taux d’imposition (sur les sociétés) à 8% (au lieu du taux légal, à 33%). Les opposants à une fiscalité transparente des multinationales et des très riches rétorqueront sur un ton dogmatique que nous devrions nous estimer heureux qu’elles exercent encore en France, assurent des emplois, paient des taxes locales. Certes, mais à l’heure des sacrifices n’aurions-nous pas intérêt à les faire partager par tous ? Alors qu’il est question de compenser la probable suppression de l’ISF par une hausse de la TVA, impôt indirect donc moins visible mais qui plombe la classe moyenne, Uncut France a du pain sur la planche.
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