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08/03/2011

La longue attente des raids « humanitaires » qui divisent même les insurgés

Maurizio Matteuzzi

Tripoli

Il se peut que, dans une situation aussi volatile, cette hypothèse soit démentie dans les prochaines heures ou jours. Mais l’impression est nette, quand on regarde la crise  libyenne d’ici, à Tripoli, que les choses vont prendre du temps. Avant-hier (vendredi 4 mars, ndt), le vendredi musulman, était considéré come une sorte de D-day. Celui où le précaire équilibre établi sur le terrain entre les « pro-Kadhafi » et les « anti-Kadhafi », aurait pu se rompre en défaveur du Colonel. Il n’en a rien été. Il est probable qu’à la fin, Kadhafi, après 42 ans de pouvoir solitaire, d’une façon ou d’une autre devra tirer sa révérence, mais le déloger ne sera pas facile. Beaucoup moins facile qu’avec le tunisien Ben Ali et l’égyptien Moubarak.

Il est probable qu’une intense activité diplomatique transversale ou souterraine soit en cours -plus que l’offre de médiation du président vénézuélien Chavez, celle de la « diplomatie tribale » entre les chefs et les anciens de ce facteur encore décisif que sont les tribus et les clans ici en Libye- , mais en ce moment, malgré les attaques et contre-attaques signalées quotidiennement dans diverses villes du pays (Az Zaywah, à une cinquantaine de Kms à l’ouest de Tripoli, avant toutes les autres), il semble clair que ni les « pro » ne soient en mesure de reconquérir Bengazi et les autres villes de Cyrénaïque libérées ou occupées (à l’exception de Syrte) par les insurgés, ni les « anti » ne soient en mesure de prendre Tripoli et les autres villes de Tripolitaine (et du Fezzan, la région saharienne, la plus méridionale) sous le contrôle du Colonel.
 
L’est rebelle proclame être désormais proche de la constitution d’une « armée nationale » qui marchera sur Tripoli et la « libèrera », l’ouest kadhafien proclame pouvoir reprendre quand il veut la partie du pays perdue dans le cas où il déciderait d’employer toute la force de choc de l’armée et de l’aviation (jusqu’ici utilisées au compte-gouttes pour « éviter des victimes civiles »). Simples proclamations, exactement, bonnes pour la propagande interne et internationale, tandis que sur le terrain la situation est bloquée.
 Un blocage qui ne pourrait se rompre, à tout instant, qu’avec un facteur externe. Une intervention militaire de l’extérieur pour se libérer une fois pour toutes de Kadhafi, pourrait l’être. Mais les insurgés de l’est ne sont pas unanimes sur ce point. Point très sensible, qui constituerait un précédent dangereux dans une situation critique et dynamique comme celle partie de Tunisie en janvier, dont on ne sait pas encore où elle va conduire (d’où l’importance stratégique de l’issue de la révolte libyenne). Une partie d’entre eux, à Bengazi, Derna, Al Bayda, dit « non » à une intervention extérieure, parce qu’un appui militaire étranger, sous quelque forme que ce soit, dénaturerait la « révolte pour la démocratie » qui a éclaté le 17 février, et serait un très mauvais signal. Mais certains aussi disent « non mais », d’autres « oui cependant » et d’autres encore, « oui ».
 
Abdel Fattah Younes, l’ex-ministre de l’Intérieur qui est passé du côté des insurgés après une vie entière aux côtés de Kadhafi, a dit, dans une interview à Al Jazeera du 1er mars, que l’hypothèse de « recevoir des troupes étrangères ou d’accepter des bases militaires sur le sol libyen est hors de question », mais si Kadhafi et les siens « n’arrêtent pas les massacres », les insurgés sont « fermement convaincus que les raids aériens doivent être lancés », à condition que - mais cela a tout l’air de se parer d’une feuille de vigne- « aucun bombardier n’atterrisse en territoire libyen ».
  
Le 2 mars, Al Jazeera encore écrivait que le Conseil national de Bengazi « a lancé un appel pour des raids aériens sponsorisés par l’ONU sur les mercenaires étrangers employés par Kadhafi contre son propre peuple ». Mercenaires dont on parle beaucoup mais dont on ne voit quasiment rien, et dont on sait moins encore. Hafiz Ghoga, porte-parole du Conseil national, motivait ainsi l’appel : « les mercenaires africains » employés par Kadhafi dans les villes libyennes « configurent une invasion du pays ». Donc…
  
Pour sortir de l’impasse il est probable que ce type d’appels, dans les prochains jours ou semaines (ou mois ?), ne se multiplient. Et ne trouvent des oreilles promptes à les écouter. Il y a quelques jours, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, a dit que l’administration Obama « est  prête à offrir tout type d’assistance à quiconque désire la recevoir des Etats-Unis ».

On annonçait pour hier (samedi 5 mars) à Bengazi la première réunion du nouveau Conseil national des insurgés. On verra rapidement si prévaudra en son sein le non, le non mais quand même, le oui mais, ou le oui. Et de quel type sera l’aide fraternelle assurée par madame Clinton : qui semble très occupée -pour la Libye, au contraire de la Tunisie et de l’Egypte- à jeter encore un peu d’essence sur le feu de la guerre civile.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23579

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