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Damien Dubuc
Près d’un ménage français sur huit vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 950 euros de revenus par mois. Un niveau alarmant mais inférieur à celui de la plupart des autres pays européens grâce à l’importance des transferts sociaux.
La bonne nouvelle d'abord: en France, la pauvreté n'a pas augmenté. La mauvaise maintenant: elle n'a pas franchement baissé non plus. Selon les derniers chiffres de l’Insee, 13% de la population vivait en 2008 sous le seuil de pauvreté, soit 0,4% de moins que l’année précédente. Une légère baisse qui s’explique surtout par le report de la date d’actualisation des ressources des allocations familiales. Tout compte fait, 7,8 millions de personnes disposent, au mieux, d’un revenu de 948 euros par mois.
Avec ces chiffres déjà alarmants, la France s’en tire pourtant mieux que la plupart de ses partenaires européens. En 2008, le taux de pauvreté était en moyenne de 16,5% dans l’UE. Un chiffre relativement stable qui masque de fortes disparités.
La pauvreté est particulièrement importante en Europe de l’Est, en Roumanie notamment où elle atteint 23,4%. Mais plusieurs "anciens" pays - le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne ou la Grèce - ne font guère mieux, avec environ 20%. A l’inverse, les pays d’Europe du Nord, mais aussi l’Autriche et les Pays-Bas, affichent des taux aux alentours de 12%.
En juin dernier, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE se sont engagés à sortir 20 millions de personnes du risque de pauvreté et d’exclusion d’ici 2020. Ils ont également validé l’utilisation d’un nouvel indicateur : la "privation matérielle". Par exemple, ne pas pouvoir manger de viande ou l’impossibilité de chauffer son foyer. Cela concerne 20 millions de personnes en Europe. Auxquels s’ajoutent les 84 millions d’Européens qui vivent sous le seuil de pauvreté – autrement-dit, dont les ressources sont inférieures à 60% du revenu médian de leur pays.
En associant ces deux critères, ainsi que le niveau des transferts sociaux, on peut distinguer quatre groupes de pays :
France et Allemagne : mieux que la moyenne.
Les 13 % des ménages français en dessous du seuil de pauvreté en 2008, vivaient avec moins de 949 euros. C’est un peu moins qu’en 2007. Mais la proportion des foyers les plus modestes – dont les ressources sont inférieures à 50% du revenu médian national - s’est accrue de 2,2%. La pauvreté touche plus particulièrement les familles monoparentales. La moitié d'entre elles ont un niveau de vie inférieur à 760 euros par mois. Et encore, selon l'Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale ce ne sont pas 13%, mais 20% des Français que l'on peut considérer comme pauvres si l'on tient compte des conditions de vie et pas seulement des revenus.
Reste que la France fait mieux que ses voisins grâce à des politiques actives de redistribution. L’écart entre le taux de pauvreté avant et après les transferts sociaux est supérieur à 10%, un niveau que seuls les pays scandinaves dépassent. En Allemagne aussi, les prestations complètent celles du système d’assurance sociale et contribuent à sa généralisation. Le taux de pauvreté (15,2% en 2008) y est plus fort qu’en Europe du Nord et plus faible qu’en Europe du Sud ou de l’Est.
Europe du Nord, Autriche, Pays-Bas : des prestations sociales importantes.
Ce sont les pays où le taux de pauvreté est le plus faible… après les transferts sociaux (allocations diverses, crédits d’impôts…). Avant redistribution, il atteint 24,5% en Autriche, 25,5% en Finlande et même 28,5% en Suède – 3,5 points de plus que la moyenne de l’UE. Mais, au final, la pauvreté ne concerne que 11 à 13% de la population.
Europe du Sud (Italie, Espagne, Grèce, Portugal) : La famille aide plus que l’Etat.
Les solidarités familiales et l'économie informelle jouent un rôle important, bien que ce type d’aide soit difficile à évaluer, mais les prestations de l’Etat sont très faibles. Résultat : alors que le taux de pauvreté de l’Espagne et de l’Italie, avant redistribution, est plus faible que dans les pays scandinaves, près de 20% de la population y vit sous le seuil de pauvreté, contre 12% en Suède.
Europe de l’Est et pays Baltes : fortes privations matérielles.
Sans surprise, le taux de pauvreté en Bulgarie, Roumanie ou Lettonie – respectivement 23,4%, 21,4% et 25,6% - est bien plus fort que celui des autres pays de l’UE. Les écarts sont encore plus sensibles si l’on prend en compte le critère de la "privation matérielle" : la barre des 50% est alors dépassée en Roumanie et Bulgarie.
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