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17/12/2009

20000 ados sous surveillance électronique

Initialement dévolu à la surveillance des criminels et délinquants sexuels, afin de lutter contre la récidive, puis censé servir de mesure d’aménagement de la peine, et désormais prévu, aussi, dans le cadre du “suivi socio-judiciaire“, le bracelet électronique, ou Placement sous surveillance électronique mobile (Psem) fait petit à petit son lit, et va crescendo.

Ainsi, en Angleterre et au Pays de Galle, le port du bracelet électronique peut être imposé dès l’âge de 10 ans, afin de lutter contre les pratiques “anti-sociales” qui peuvent pourrir la vie des gens.

L’an passé, près de 20 000 adolescents de 15 à 17 ans ont ainsi du porter un bracelet électronique, un chiffre en augmentation de 40% en trois ans.

Plus de la moitié ont essayé d’échapper à cette surveillance électronique, soit en retirant le bracelet, soit en violant le couvre-feu et les restrictions qui y sont associés.

En 2006-2007, 2000 bracelets électroniques avaient ainsi été vandalisés ou retirés par ceux qui les portaient.

Le ministère de la Justice britannique découvrait par ailleurs, en 2008, qu’un délinquant sexuel sur quatre porteurs de bracelet électronique étaient de nouveau condamné, quelques mois plus tard…

85% de la totalité des personnes équipées d’un tel bracelet ne poseraient cela dit aucun problème, et seuls 4% d’entre-eux récidiveraient alors même qu’ils sont pourtant surveillés.

“La surveillance électronique a un effet neutre en terme de récidive”

Des études ont révélé d’autres problèmes, à commencer par le fait que le signal permettant de géolocaliser les porteurs de bracelets électroniques pouvait être bloqués par certains immeubles, et même… des arbres, sans parler de ces “zones blanches” de tout signal GPS ou GSM.

Pour le ministère de la justice britannique, la mesure n’en demeure pas moins efficace, et moins onéreuse qu’un enfermement. Il reconnait cependant que “les recherches actuelles suggèrent que la surveillance électronique a un effet neutre en terme de récidive“.

Entre 1999 et 2008, plus de 400 000 Britanniques ont été surveillés au moyen de bracelets électroniques.

France : +84% de bracelets électroniques en 2010

En France, le ministère de la Justice vient de révéler que l’objectif, en 2010, est de parvenir à 6 500 personnes placées sous surveillance électronique, soit une augmentation de 84% :

4 526 personnes étaient écrouées mais non détenues au 1er octobre 2009, contre 3 527 le 1er octobre de l’année antérieure, soit une augmentation de 28,3 %.

Parmi ces personnes, on relève que 3 984 sont des condamnés en placement sous surveillance électronique (+ 31 % d’augmentation en un an) et 542 condamnés sont en placement extérieur non hébergés, représentant une progression de 11,5 % en douze mois.

2 500 bracelets électroniques seront mis en service en 2009, ce qui portera leur nombre à 6 500.

“Tous les psychiatres sont contre”

En sus des délinquants, il est aussi question d’équiper les patients psychiatriques de bracelets électroniques, ce qui fait bondir leurs médecins : “tous les psychiatres sont contre“, au motif que cela provoquerait un “malaise important“, voire des troubles psychologiques supplémentaires, et qu’il serait “difficile à supporter au-delà de quatre à six mois“, d’après la présidente de l’Association nationale des juges d’application des peines, Martine Lebrun, au vu des expériences étrangères :

Selon les spécialistes, sa présence permanente peut provoquer “des angoisses massives, une dépersonnalisation, une transformation de l’image corporelle” - déjà perturbée chez les malades - et aussi “un risque d’automutilation” pour se débarrasser du bracelet.

En 2006, Georges Fenech, député (UMP) auteur d’un rapport parlementaire sur le bracelet électronique reconnaissait lui-même le problème :

J’ai entendu des condamnés à la surveillance électronique dire: «J’en ai marre, je préfère retourner en prison.»

C’est très lourd à porter psychologiquement, beaucoup plus lourd que l’enfermement… La nature humaine est ainsi, on ne peut pas rester sous surveillance en permanence, avec le risque constant d’enfreindre ses obligations.

Psychologiquement, le condamné ne peut plus se soumettre. Ce n’est pas une question de souffrance ou de torture morale, nous ne sommes pas sur ce registre, mais de capacité, pour un individu normalement constitué, à supporter sa situation.

Dans une prison, il y a une prise en charge, il y a des surveillants qui rappellent la loi, le règlement. Avec la surveillance électronique, le condamné doit s’autodiscipliner. A un moment, il ne sait plus gérer cela.

Voir aussi :
Harry Potter et les présumés pédophiles
En France, il est interdit d’innocenter
Le quart des 58 fichiers policiers est hors la loi
Futurs fonctionnaires, ou potentiels terroristes ?
Un rapport prouve l’inefficacité de la vidéosurveillance

Image extraite du site web du service de probation du Sussex, qui précise que “de nombreuses personnes placées sous surveillance électronique ont déclaré que cela leur donnait un nouveau sens de la discipline”, et qui donne aussi quelques conseils aux porteurs de bracelets. Extraits :

. N’oubliez pas de stocker suffisamment de nourriture, articles de toilettes, cigarettes, etc. pour respecter votre couvre-feu

. Si vous avez un rendez-vous chez un médecin ou à l’hopital, prévenez-les qu’ils peuvent recevoir un appel téléphonique du central de surveillance pour vérifier votre présence

http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/12/15/20000-ados-sous-surveillance-electronique/#xtor=RSS-32280322

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