Le bio fait vendre, mais il est compliqué à produire. Alors pour gagner des clients sans rien changer à leurs habitudes, les industriels de la grande consommation se contentent de repeindre leurs emballages.
Un zoli zoizeau qui fait cui-cui, quelques touffes d’herbes ici et là et, surtout, un gros logo « Nature’s pleasure » qui barre le paquet. Pas de doute, l’emballage du dernier muesli de Kellogg’s respire bon la nature.
Du moins, c’est ce que cette multinationale de l’agro-alimentaire aimerait vous faire croire. La recette, elle, n’est pas plus écolo qu’un 4x4 avec Noël Mamère au volant. Pas un gramme de bio, zéro éco conception, juste un logo vert pour être plus présentable. Et booster les ventes de muesli qui stagnent depuis des années, alors que les ventes de bio connaissent une croissance à tout casser. En 2008, selon l’Agence Bio, elles ont bondi de 25 % pour atteindre 2,6 milliards d’euros. « Les industriels ont bien compris qu’il y a un filon à exploiter », reconnait un expert de l’agro-alimentaire.
Seulement voilà, le bio est contraignant. Au moins 95 % des ingrédients doivent provenir de l’agriculture biologique pour qu’un aliment affiche le label AB sur son paquet (au rayon cosmétique, le seuil est fixé à 10 %). Une contrainte qui a pour conséquence des rendements moindres, des coûts de fabrication majorés… et un prix final plus élevé.
Si 40 % des Français sont prêts à dépenser plus pour acheter bio, Kellogg’s, Nestlé et Danone ont compris que les 60% restants apprécient quand même qu’on leur chatouille la fibre végétale.
A défaut d’être réellement écolo, donnons au moins l’impression d’avoir l’air naturel. Au hit-parade des symboles du « green washing » - le terme consacré des publicitaires pour qualifier cet habillage -, la vache fermière est en bonne place. Rondouillarde et rigolarde, elle n’a pas son pareil pour rappeler la campagne du bon vieux temps. Pour preuve, les créateurs des smoothies Michel & Augustin ont fait un carton avec leur yaourt en bouteille rebaptisé « Vache à boire ».
71% des clients citent l’origine française comme critère d’achat
Mais les plus filous sont sans doute les rois de la cosmétique. Chez Yves Rocher on ne parle que de « la cosmétique végétale ». Si ce terme vous paraît abscons, rendez-vous sur le site Internet de la marque. Attention, ça décoiffe ! Chez Yves Rocher, le végétal est : 1. la seule ligne de conduite, 2. la seule source d’inspiration, 3. maîtrisé, 4. protégé, et, enfin, 5. pour toutes…
Plus terre-à-terre, Garnier (L’Oréal) ne jure que par « la science de la nature ». Là, le vert pomme est de rigueur pour l’emballage de la majorité de ses produits et un ingrédient naturel est toujours mis en avant. La caféine pour tel soin du visage, l’eau de raisin (sic) pour un autre, ou encore le sucre pour les gommages. « Plusieurs marques se sont positionnées sur le créneau du naturel très tôt, mais sans aller au bout de la démarche, avec une certification bio », grince-t-on chez Léa Nature, une des références des cosmétiques bio.
Plus récemment, c’est le « made in France » qui est devenu un argument écolo (voir Bakchich Hebdo N°2). Pour une simple raison : moins un produit voyage, meilleur est son bilan carbone. D’après une étude du Crédoc, un institut qui scrute nos petites habitudes, 71 % des consommateurs citent l’origine française comme critère d’achat après la sécurité alimentaire et le prix. Alors chez Mousline, quand ils ont lu ça, ils ont tout de suite collé un « origine française » sur les paquets de purée. Et tant pis si les patates carburent au pesticide…
http://www.bakchich.info/Les-marques-passent-au-faux-vert,09201.html
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