L'échec du sommet de Copenhague est ressenti d'autant plus fortement que l'optimisme prévalait avant la conférence, débutée le 15 décembre. Cependant, il est apparu assez vite qu'un accord contraignant serait difficile à trouver. Plusieurs facteurs expliquent l'échec de la conférence, qui a péniblement accouché d'une déclaration politique non contraignante.
L'affrontement entre pays émergents et pays occidentaux
L'affrontement entre les Etats-Unis et la Chine a dominé les échanges, régulièrement suspendus. S'accusant mutuellement de ne pas en faire assez, ils symbolisent le désaccord profond entre les pays émergents et les pays occidentaux et les nouveaux rapports de force mondiaux.
- Les pays émergents, notamment l'Inde et la Chine, réclamaient aux pays riches de forts engagements sur la réduction des gaz à effet de serre mais refusaient d'être soumis à des objectifs contraignants.
- Les pays occidentaux, à commencer par les Etats-Unis, demandaient aux pays émergents d'accroître leur effort et réclamaient une transparence de leur part pour vérifier si leurs engagements étaient tenus. Pour la Chine, pas question d'accepter la vérification chez elle, perçue comme une « ingérence ».
D'autres heurts se sont produits entre la France et l'Inde ou la Chine. « Il y a eu des affrontements assez francs, assez virils », a raconté Nicolas Sarkozy.
Pas de moteur dans les négociations
L'Europe aurait pu jouer ce rôle, mais elle n'a pas pesé suffisamment sur les négociations. Elle est apparue désunie et hors course dans l'affrontement des géants américain et émergents.
Les grandes manœuvres diplomatiques de la France se sont révélées décevantes, notamment l'alliance avec le président brésilien Lula, qui n'a pas eu l'effet d'entraînement escompté.
Le système onusien
Nicolas Sarkozy a accusé le système de négociation des Nations Unies d'être « à bout de souffle », sans pour autant proposer d'alternative crédible.
Chantal Jouanno, la secrétaire d'Etat à l'environnement, y voit une calamité (interrogée ce samedi matin sur RTL).
« Le processus onusien tel qu'il est est une calamité. Un système où vous devez prendre par consensus absolu une décision sur des intérêts aussi contradictoires qui engagent la souveraineté des pays, qui engagent leur intérêt général, leur intérêt économique. Oui, on était dans un système épouvantable. Depuis quinze jours, on essaye d'avancer, de négocier sur un texte. La procédure était bloquée. Heureusement que les chefs d'Etat ont pu mettre sur la table ce texte. Autrement, on sortait avec rien. »
L'avenir du protocole de Kyoto
La Chine et les pays africains ont dû se battre pour que le contenu du protocole de Kyoto soit intégré dans les discussions. Pour l'Union africaine, « la mort du protocole de Kyoto constitue la mort de l'Afrique ». Ce texte représente en effet la garantie que les pays développés continueraient d'avoir des engagements contraignants.
Signé en 1997, il prévoit en effet des amendes pour les pays signataires qui ne respectent pas leurs engagements. La conférence de Copenhague était censée trouver un accord pour succéder au Protocole de Kyoto qui fixe des seuils pour les émissions de gaz à effet de serre seulement jusqu'en 2012.
Des bugs dans l'organisation de la conférence
Dans un article consacré au récit de la conférence, lemonde.fr passe en revue les insuffisances de la présidence danoise. Premier dérapage au début de la conférence : son projet d'accord, dévoilé par The Guardian, contrarie fortement le groupe des pays en développement, le G-77. Il accuse le Danemark de « manque de transparence » et de partialité en faveur des Etats-Unis.
Un peu plus tard, la présidente de la conférence, Connie Hedegaard, fait venir de façon anticipée quelques ministres représenant différents continents et les réunit à huis clos dans un hôtel, ce qui a le don d'exaspérer les négociateurs qui se sentent court-circuités.
La présidence danoise n'est pas parvenue à trouver le bon équilibre entre impulsion politique et respect des règles de la négociation internationale.
http://www.rue89.com/planete89/2009/12/19/les-cinq-raisons-de-lechec-du-sommet-de-copenhague-130640
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