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06/03/2009

Les Valeo manifestent pour échapper à la casse

Menacés de licenciements, les salariés de l'équipementier automobile se sont rassemblés ce vendredi matin à Paris, dans un climat tendu avec les CRS.

CORDÉLIA BONAL

«Ça nous est tombé dessus en novembre. A la porte, les 400 intérimaires qui travaillaient sur le site, fini le travail de nuit... On nous a demandé de prendre des congés anticipés, de changer d'horaires, de passer sur d'autres postes...» Gilles travaille depuis plus de vingt ans chez Valeo, à Reims, où la société produit des radiateurs de voiture. Comme les quelques centaines de salariés qui manifestaient ce vendredi matin à Paris, en blouse de travail et gilets fluos sous le soleil, il ne sait pas s'il va pouvoir garder son emploi.

Frappé de plein fouet par la crise du secteur automobile, l'équipementier a enregistré au dernier trimestre 2008 une perte nette de 313 millions d'euros, contre un bénéfice net de 50 millions d'euros en 2007 à la même période.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre : en décembre, Valéo annonçait la réduction de ses effectifs de 1.600 personnes en France (sur 15.400). Des départs annoncés comme volontaires, mais dans les rangs des salariés tout le monde s'attend à des coupes franches. «Vu le contexte de l'emploi dans le secteur, qui va se porter volontaire pour partir?», interroge Guillaume, gilet jaune sur le dos, qui conditionne des essuie-glaces depuis sept ans à Issoire (Auvergne). Dans l'expectative, les délégués syndicaux attendent maintenant le comité d'entreprise européen (le groupe est présent dans 27 pays), le 12 mars, pour en savoir plus sur les licenciements à venir.

Tomates sur les CRS

En octobre encore, les affaires tournaient, «on n'arrivait même pas à assurer les commandes en urgence», poursuit Guillaume. Et puis tout s'est effondré. En décembre, il a dû renoncer à la prime de 150 euros pour le travail de nuit, désormais réservé à une poignée de salariés. En janvier, on lui a dit de prendre ses vendredis. Trois cents euros en moins sur la fiche de paie. Sur les chaînes de montage, le rythme qui se durcit de jour en jour : «Le travail est devenu ultra stressant. On n'a plus de stock, donc on est en flux tendu, faut être toujours au taquet... C'est usant.»

Arrivé devant le siège de l'entreprise dans le 17e arrondissement, le cortège tente de rentrer dans le bâtiment, avant d'être repoussé par les forces de l'ordre. Le ton monte, des pétards éclatent, des tomates volent sur les CRS. «On voulait juste forcer le barrage pour remettre au PDG une pétition demandant des informations sur le plan de licenciement et la pérennisation des emplois et on est accueilli par les CRS, c'est inacceptable», explique à l'AFP Denis Bréant, délégué CGT du site de Mondeville, près de Caen. «Ce sont quand même nos impôts qui vont être injectés dans Valeo!»

Le 27 février, l'Etat a en effet annoncé une prise de participation au capital du groupe Valeo à hauteur de près de 19 millions d'euros, via le Fonds stratégique d'investissement (FSI) mis en place pour soutenir les entreprises stratégiques confrontées à la crise. Un coup de pouce qui n'est pas de nature a rassurer les salariés. «Ça, c'est pour les actionnaires. Je veux bien que ce soit la crise, mais on ne m'ôtera pas de l'idée qu'ils profitent de l'aubaine pour dégraisser et fermer des usines, maugrée une opératrice. Et c'est comme ça qu'on va se retrouver avec des familles à la rue.»

Libération - 06.03.09

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