Béta-bloquants, anti-dépresseurs ou psychostimulants, sont utilisés quotidiennement par 800 000 allemands pour augmenter leurs performances. Selon l'étude présentée par une des plus grosses caisses d'assurance maladie allemandes, le "dopage au travail" se banalise à grande vitesse.
Diminuer le stress et la fatigue, améliorer la concentration ou encore la capacité de mémorisation, bref, « booster » ses performances au travail à l'aide de médicaments sans pour autant être malade, le phénomène est connu mais a été rarement été évalué. C'est ce que tente de faire l'étude de la Deutsche Angestellte Krankenkasse (DAK - 6,2 millions d'assurés) présentée en février dernier.
Celle-ci s'appuie sur deux types de données. D'une part, les résultats d'un sondage réalisé auprès de 3000 salariés âgés de 20 à 50 ans, et d'autre part, un travail comparatif qui confronte le volume de prescriptions de certains médicaments (béta-bloquants, anti-dépresseurs, psychostimulants) avec le nombre de diagnostics ayant effectivement confirmés la présence des maladies que ces médicaments sont supposés soigner. Ce deuxième volet permet notamment de voir que, la plupart du temps, ces médicaments sont prescrits en l'absence de diagnostic correspondant, souvent à la demande du salarié, mais aussi sur proposition du médecin.
Deux millions consomment à l'occasion
Etendus à la population active, les résultats de l'étude montrent qu'environ deux millions de salariés (5%) auraient utilisé occasionnellement des médicaments de type béta-bloquants (limitent l'hypertension et favorisent la concentration), anti-dépresseurs et psychostimulants pour améliorer leurs performances au travail. Sur cette population, 800 000 personnes (2% des personnes interrogées) consommeraient quotidiennement ce type de substances. Enfin 40% de ces consommateurs réguliers avouent plusieurs prises journalières.
« Pour nous, c'est un véritable signal d'alarme qui montre qu'au moins une partie de ces consommateurs tombe dans le même piège du dopage que les sportifs», a déclaré Herbert Rebscher, président de la DAK, en faisant notamment référence au haut potentiel de dépendance et aux forts effets secondaires provoqués par les substances prises.
Le dopage de plus en plus accepté
Si la prise sans justification médicale de tels médicaments n'est pas encore une habitude de masse, elle n'est plus taboue depuis longtemps. Le sondage de la DAK montre que 60% des personnes interrogées seraient prêtes à prendre ce type de substances si elles avaient la garantie qu'elles ne provoquent aucun effet secondaire. Par ailleurs, 43,5% des personnes du panel savent pertinemment que de nombreux médicaments utilisés contre des maladies et troubles liés à l'âge ou contre la dépression, peuvent également être utilisés à des fins de dopage par des personnes en bonne santé. De plus, près de 50% des personnes de ce groupe pensent que le résultat obtenu compense largement les inconvénients liés à la prise du médicament et que, en conséquence, leur utilisation est concevable.
Les voies de prescription de ces médicaments sous ordonnance confirment également le degré de banalisation du phénomène. Pour près de 50% des consommateurs réguliers, c'est un proche (famille, collègue, ami) qui a conseillé l'usage. 28% y sont arrivés sur les conseils d'un médecin. Enfin, un salarié sur cinq s'est déjà vu proposer l'un de ces médicaments par un médecin sans pour autant souffrir des infections correspondantes.
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