À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

06/12/2011

Les cumulards de l'information

Vous les lisez dans la presse, vous les voyez à la télé, vous les entendez à la radio. Ils sont une quinzaine de journalistes politiques de la presse écrite à avoir le don d'ubiquité et à donner leur avis sur tout. Nous nous sommes amusés à les recenser...
Comment ça marche ? Nous avons attribué des points à chaque journaliste en fonction de sa présence dans les différentes antennes (lire notre méthodologie toute scientifique ci-dessous).
Passez votre souris sur chacune des têtes pour connaître le détail ses prestations.

C'est vrai, c'est un marronnier. En 2006, déjà, Télérama avait consacré un dossier aux « cumulards », ces journalistes qui se succèdent sur les antennes pour délivrer leurs analyses sur le monde tel qu'il va. Début novembre, c'était au tour du Monde d'y consacrer quatre colonnes à la une. Plutôt que d'analyser le phénomène, nous avons eu envie, cette fois, de nous en amuser. Avec une idée toute simple : effectuer un décompte des apparitions médiatiques des journalistes les plus assidus à la télévision et à la radio – histoire de confronter nos impressions à la réalité. Pas question ici d'interroger le système, ou le fond des interventions des uns et des autres. Hors de question de remettre en cause le bien-fondé de la présence d'Untel ou Telautre dans le rôle de la Pensée qui éclaire des temps troublés. Les chaînes et les stations ne se posent d'ailleurs pas cette question non plus. Si elles font, peu ou prou, appel aux mêmes « commentateurs » (pour reprendre un terme cher à Nicolas Sarkozy !), c'est souvent parce qu'ils occupent des fonctions de direction dans leurs journaux respectifs.
Nous avons relevé leurs passages du lundi 21 novembre 2011 au matin au dimanche 27 au soir dans les endroits les plus courus : carrefours d'information des chaînes et antennes aux audiences les plus fortes, et émissions réputées gourmandes en experts. N'en déplaise aux amateurs de football, de culture ou de médias, nous nous en sommes tenus aux spécialistes de politique et d'économie – c'était déjà bien suffisant.
Evidemment, notre méthode n'a RIEN de scientifique. Nous avons établi notre palmarès à partir d'une échelle de points aussi empirique que subjective. Qui anime une chronique quotidienne décroche 50 points une fois pour toutes ; un débatteur, parce qu'il partage son temps d'antenne avec un comparse, n'en récolte que 30. De même, un chroniqueur hebdomadaire se voit attribuer 20 points, alors qu'un débatteur hebdomadaire se contentera de 15 points. Enfin, qui a son rond de serviette sur une chaîne ou une émission mais réussit à se faire inviter ailleurs glane 20 points.
Nous entendons déjà les critiques : une chronique de trois minutes à 12h20 sur i>télé est moins regardée qu'un débat au Grand Journal ; une émission tardive sur une chaîne d'info a probablement moins d'influence qu'un billet dans une matinale radio ; l'impact de l'image et du son ne sont pas comparables ; pourquoi 30 points et pas 32,5 etc... Toutes remarques tout à fait pertinentes. Nous en ajouterons une dernière : l'actualité dictant ses sujets, si l'on avait réitéré ce décompte une autre semaine, il n'aurait pas débouché sur le même résultat.
Il n'empêche cependant pas quelques constats. Premier d'entre eux : Christophe Barbier apparaît comme le grand vainqueur du palmarès. Il faut dire qu'avec quatre chroniques quotidiennes sur i>télé (comptabilisées pour 4, un peu de mauvaise foi ne nuit pas), le directeur de la rédaction de L'Express prend une sacrée longueur d'avance.
Deuxième constat : si l'on regarde la télévision mais que l'on n'a que faire de l'expertise des journalistes de presse écrite, mieux vaut se passer d'i>télé. Du lever au coucher, l'antenne s'apparente à un grand manège pour éditorialistes. Outre Barbier le matin, des journalistes viennent y faire leur pause déjeuner (« Le débat des éditorialistes », à 12h15), avant d'y prendre l'apéritif (« Carte Blanche à... » à 18h20) et, enfin, proposer leur tisane (« Le débat », à 23h15). LCI et BFMTV, les autres chaînes d'info, n'ont pas cet appétit (qui ne se dément pas le week-end) pour la controverse, alors qu'en radio, Europe 1 et RTL en raffolent.
Troisième constat : certains organes de presse se chauffent davantage aux sunlights que d'autres. Ainsi Le Figaro ou Marianne semblent répondre plus facilement aux sollicitations que Le Parisien, Libération, ou Paris Match, par exemple. A moins qu'il ne s'agisse d'une question de culture d'entreprise, d'un souci d'occuper le terrain idéologique, de porter haut une « marque » de presse ? Enfin, il faut souligner qu'aucune antenne ne donne l'impression d'être affiliée à tel ou tel organe de presse, et toutes semblent avoir le souci de l'équilibre et de la représentativité des opinions. A chacun d'en juger selon sa propre sensibilité...

Aude Dassonville. Infographie : Laurent Collobert

http://www.telerama.fr/divers/infographie-les-cumulards-de-l-info,75679.php

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