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10/02/2011

Un front uni anti-fasciste contre Berlusconi ?

Domenico Losurdo - Mondialisation.ca, Le 9 février 2011

Un lecteur du blog de Domenico Losurdo pose la question :
« Contre Berlusconi, faut-il construire le front anti-fasciste le plus ample (étendu aussi à certains secteurs du centre-droit) ? Faut-il avoir comme point de référence la lutte conduite en son temps contre Mussolini ? »
Réponse de D. Losurdo.
Comme philosophe et comme historien j’ai souvent mis en garde contre le jeu ou contre la séduction des analogies. Il n’y a aucune analogie entre l’Italie d’aujourd’hui et l’Italie de 1921-22. La « marche sur Rome », le coup d’Etat fasciste, fut à l’époque salué par l’opinion publique libérale italienne et internationale, ébranlée et angoissée par la révolution d’octobre et par le « péril communiste ». En 1933 encore, Churchill déclarait : « Le génie romain personnifié par Mussolini, le plus grand législateur vivant, a montré à de nombreuses nations comment on peut résister au harcèlement du socialisme, et il a montré la voie qu’une nation peut suivre quand elle est conduite avec courage.»
Aujourd’hui le contexte international est radicalement différent. En Occident au moins le « péril communiste » a disparu. Non pas que les angoisses aient disparu :  les USA, et à leur remorque l’Union européenne, regardent avec une préoccupation croissante l’ascension de la Chine ; et contre elle, si sur le plan militaire le formidable arsenal de guerre dont dispose l’impérialisme peut en cas de besoin servir, sur le plan idéologique l’incessant bombardement multi-médiatique contre la « violation des droits de l’homme » et au nom de la « démocratie » et de la civilisation supérieure de l’Occident est déjà d’une grande utilité. Dans ces conditions, l’avènement d’une dictature fasciste en Italie ou dans un autre pays de l’Union européenne serait pour l’impérialisme un bruyant autogoal. Ceci ne signifie pas que la situation dans notre pays ne soit pas grave. Le poids politique immédiat de la richesse et la tendance au bonapartisme soft, qui caractérisent dans son ensemble le capitalisme actuel, prennent en Italie un visage particulièrement odieux et plus que jamais répugnant : il n’est rien que l’argent ne puisse se permettre ! Contre tout cela une politique d’alliances peut être opportune et nécessaire, mais le problème principal est celui de reconstituer la subjectivité idéologique et politique des communistes et d’une authentique gauche.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23162

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