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26/01/2010

Une société britannique a vendu des milliers de faux détecteurs de bombes au gouvernement irakien

Caroline Hawley et Meirion Jones

Une société britannique a vendu en en Irak des milliers de « détecteurs de bombes » dont le seul et unique dispositif « électronique » était une étiquette anti-vol du type de celles utilisées dans le commerce de détail. A la suite d’une enquête de la BBC ayant révélé cette escroquerie sinistre, Le gouvernement britannique vient d’interdire l’exportation de cet « appareil ». Ces dernières semaines, plusieurs attentats sanglants ont frappé Bagdad, dont les forces de sécurité étaient confiantes dans le fonctionnement du détecteur.

Le gouvernement britannique a annoncé l’interdiction d’exporter vers l’Irak et l’Afghanistan des matériels présentés comme des « détecteurs de bombe ».

Cette décision intervient après l’enquête menée par les journalistes de Newsnight, un programme de la BBC, qui a révélé qu’un modèle de « détecteur » produit par une société britannique ne peut pas fonctionner.

Le gouvernement irakien a dépensé 85 millions de dollars pour acquérir des détecteurs ADE-651 dont on peut supposer que l’inefficacité soit pour partie responsable dans des attaques à la bombe qui ont tué des centaines de personnes.

L’interdiction de l’ADE-651 et d’autres dispositifs semblables débutera la semaine prochaine.

Sidney Alford, l’un des principaux experts en explosifs qui conseille l’armée, a déclaré à Newsnight que la vente de l’ADE-651 était « absolument immorale ».

« Cela pourrait provoquer la mort de dizaines de personnes, voire de centaines, » déclare-t-il.

L’efficacité des ADE-651 a été remise en cause après les trois dernières vagues coordonnées d’attentats à la bombe à Bagdad.

Après une attaque en décembre dernier qui a tué plus de 120 personnes, les Irakiens se sont demandé comment les bombes avaient pu franchir les points de contrôle de la ville.

Les soupçons se concentrent sur l’ADE-651, le détecteur portatif à l’heure actuelle utilisé dans la plupart des postes de contrôle à Bagdad.

Cet appareil est vendu par Jim McCormick, dont les bureaux sont situés dans le Somerset. Son efficacité n’a jamais été démontrée lors d’un test scientifique.

Ce matériel n’est pas doté de piles. Il se compose d’une antenne orientable monté sur une poignée. Les critiques l’ont comparé à une « baguette de sourcier ».

M. McCormick a déclaré à la BBC dans une précédente interview que « la théorie [scientifique] de la radiesthésie et la théorie utilisée dans notre méthode de détection des explosifs sont en fait très similaires ».

Il affirme que le cœur de l’appareil est la boîte noire reliée à l’antenne, dans laquelle on introduit des « cartes programmées pour la détection de substances », dont chacune est « conçue pour s’accorder » à la fréquence d’une matière explosive ou autre, comme indiqué sur cette carte.

Selon lui, dans des conditions idéales, on peut détecter des explosifs à une portée maximale de 1km.

Le manuel de formation pour le dispositif indique que, pourvu d’une carte adéquate, il peut même détecter des éléphants, des humains et des billets de 100 dollars.

La revendication d’une telle technologie, confinant à la magie, serait presque comique, si les conséquences potentielles n’étaient pas si graves.

Newsnight s’est procuré un échantillon de ces cartes destinées à l’ADE 651 et les a soumises au laboratoire d’informatique de l’université de Cambridge, où le Dr Markus Khun a analysé une carte censée détecter le TNT.

Elle ne contenait rien d’autre qu’une étiquette anti vol du type de celles utilisées dans les magasins de détail.

Le Dr Kuhn déclare qu’il est « impossible » qu’elle puisse détecter quoi que ce soit et que cette carte n’a « absolument rien à voir avec la détection du TNT ».

« Il n’y a rien de programmé dans ces cartes. Il n’y a pas de mémoire. Il n’y a pas de microcontrôleur. On ne peut y stocker aucune information », précise-t-il.

Ces cartes qui sont censées être le coeur de ce système si onéreux ne coûtent qu’environ deux à trois centimes de livre.

« Ces sont les dispositifs les moins chers que l’on puisse se procurer, qui ressemblent vaguement à de l’électronique et sont suffisamment plat pour tenir sur un carte », note le Dr Kuhn.

L’ADE-651 a été vendu à plusieurs pays du Moyen Orient et jusqu’à Bangkok, à des prix stupéfiants, mais aucun gouvernement occidental ne l’utilise.

L’Irak a payé chaque appareil environ 40 000 dollars.

La BBC a appris qu’à la suite des attentats de décembre, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a ordonné une enquête sur les détecteurs de bombe, dont les résultats devraient être connus dans les jours qui viennent.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2966

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