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30/01/2010

Crise : faut-il se contenter de résister ?



Les 14 et 15 janvier à Vienne, plus de cinquante économistes, historiens, élus, universitaires, militants de gauche venus de seize pays européens ont confronté leurs opinions sur la crise économique et financière. L’Humanité des débats pose la question : Comment les forces progressistes doivent-elles adapter leur stratégie à cette nouvelle donne ?

L’interprétation de la crise [1]est une question décisive pour la gauche. Elle détermine évidemment les réponses à élaborer et à mettre en débat dans la société. Comment les forces progressistes doivent-elles adapter leur stratégie à cette nouvelle donne ? Les objectifs émancipateurs doivent-ils être revus à la baisse, sous la contrainte d’une réalité plus dure, de reculs sociaux et civilisationnels à l’œuvre dans tous les pays européens, ou au contraire la gauche doit-elle affirmer avec plus de force un projet de rupture avec la logique néolibérale ? Ce questionnement a traversé le séminaire de Vienne, qui était animé par Walter Baier, coordinateur de Transform ! Europe et Élisabeth Gauthier (Espaces Marx France).

A lire dès à présent, le point de vue de Miguel Portas, député européen portugais (Bloc de gauche/groupe GUE-GVN).

Un programme d’ajustement budgétaire d’une brutalité inouïe

Nous sommes confrontés à la première crise systémique du capitalisme dans l’ère de la globalisation. Mais la situation est paradoxale : comment comprendre que la plupart des réponses à la crise soient déterminées et exécutées au niveau national ? La dimension mondiale de la crise a obligé les principaux États du monde à introduire de nouveaux dispositifs internationaux : ils ont mis en place le G20, ont revitalisé le Fonds monétaire international et ont créé une sorte de coordination informelle sur le plan financier. Mais un an et demi après le krach des Bourses, en septembre 2008, aucune décision fondamentale n’a été prise en commun. L’une des raisons qui poussent à des réponses nationales, c’est la question du temps international des décisions. Dans le temps accéléré dans lequel nous vivons, le temps est une clé essentielle pour déterminer l’échelle territoriale du choix politique.

L’Union européenne a essayé de prendre une série de mesures qui s’articulent autour d’un budget européen, qui reste insensible à la crise (1 % du PIB et soumis au critère de déficit zéro) et d’un transfert massif de l’endettement sur les États nationaux. On a flexibilisé le pacte de stabilité et de croissance de façon à absorber les déficits au niveau national. On a tardé à baisser les taux d’intérêt. 400 milliards d’euros ont été injectés dans le système financier. Et on a discuté d’un paquet de mesures financières.

L’investissement privé est en panne. La sortie de la crise par les exportations est obstruée par une survalorisation de l’euro face au dollar. Un programme d’ajustement budgétaire au niveau des États nationaux doit être appliqué, entre 2011 et 2013, qui va mettre les dépenses sociales sous une pression inouïe. Selon les pays, on parle de réduction des déficits de 1 % à 3 % par an. C’est une réponse brutale visant à réaliser, en trois ans, ce que la politique monétariste n’a pu faire en quinze ans. 2011 sera l’heure de vérité pour les chefs d’État et pour la gauche politique.

Notre réponse traditionnelle consiste à résister dans des luttes sur des revendications à l’échelle nationale. C’est déterminant. Mais il faut s’attendre à ce que la poursuite de l’augmentation du chômage fasse monter la peur, et non pas qu’elle encourage la lutte.

De ce point de vue, les possibilités sont limitées. Si nous n’organisons la résistance qu’au plan national, nos propositions refléteront inévitablement les inégalités de développement entre les différents pays. Nous devons travailler sérieusement à l’articulation de la résistance au niveau national avec une exigence commune de refondation démocratique et sociale de l’Union européenne. Cela doit se traduire par des choix politiques clairs et compréhensibles par les citoyens. La discussion budgétaire au niveau européen peut nous aider. Pour la gauche, la sortie de la crise doit passer par deux voies : la répartition des frais de la crise entre le capital et le travail et entre les territoires à l’intérieur de l’Union. Cela nécessite de faire entrer le budget européen -qu’il faudrait porter à 2 % du PIB- dans le débat politique.

http://www.humanite.fr/Crise-faut-il-se-contenter-de-resister

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