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01/01/2010

2010, priorité à la lutte contre le chômage

L'envolée sans précédent du chômage, loin d'être terminée, nécessiterait une mobilisation générale, comme l'an dernier pour les banques. Mais pour l'instant, on ne voit rien venir...

3,8 millions de chômeurs étaient inscrits à Pôle emploi (1) en octobre dernier, 700 000 de plus qu'en décembre 2007. Au cours des trente dernières années - les "Trente Piteuses" qui ont succédé aux "Trente Glorieuses" -, le pays a déjà connu quelques moments où le chômage a été encore plus important qu'aujourd'hui, mais jamais il n'avait été confronté à une hausse aussi brutale et rapide que celle que nous sommes en train de vivre. Et selon les prévisions actuellement disponibles, c'est loin d'être fini: bien que l'économie française soit sortie de la récession depuis déjà neuf mois, 2010 devrait encore être marquée par une nouvelle hausse sensible du chômage. En effet, la reprise est très lente et l'activité n'est toujours pas revenue au niveau d'avant la crise. Les entreprises qui avaient souvent fait le dos rond au coeur de la tempête ajustent désormais leurs effectifs à la baisse.

Ce retour du chômage de masse vient briser un rêve: celui de voir le papy-boom résoudre la question sans qu'il soit nécessaire désormais que les décideurs politiques s'occupent activement de l'emploi. On s'en souvient: Nicolas Sarkozy avait même réussi à se faire élire en 2007 grâce au slogan "travailler plus pour gagner plus", sans que personne ne s'inquiète vraiment du fait que le "travailler plus" des uns puisse signifier "travailler moins" pour d'autres.

Dans un tel contexte, le retour du chômage de masse risque d'avoir, au-delà même des importantes difficultés qu'il impose à ceux qui le subissent directement, un effet particulièrement délétère sur une société française dont la cohésion sociale était déjà très fragilisée. En désespérant en particulier une jeunesse qui s'était prise à croire que les papy-boomers allaient enfin lui céder la place en masse sur le marché du travail. Le chômage pourrait bien aussi tuer la reprise économique elle-même, car il risque d'avoir raison de la consommation des ménages, qui avait bien résisté jusque-là et tirait l'activité.

Dans ces conditions, on s'attendrait logiquement à une "mobilisation générale", à ce qu'on fasse feu de tout bois pour arrêter le flot du chômage. D'autant que nos gouvernants n'avaient pas hésité l'an dernier à faire preuve d'un volontarisme quasiment sans limite pour empêcher l'écroulement du système financier. Or pour l'instant, rien ou presque. Il n'y a certes aucun remède miracle, mais on connaît nombre de moyens éprouvés pour limiter les dégâts: réduction du temps de travail, emplois aidés, emplois publics... Mais la mise en oeuvre à grande échelle de ces moyens impliquerait que Nicolas Sarkozy renonce à nombre de ses promesses de campagne. Et pour l'instant, il s'y refuse encore.

Guillaume Duval

http://www.alternatives-economiques.fr/2010--priorite-a-la-lutte-contre-le-chomage_fr_art_898_47072.html?PHPSESSID=ika4v1f6p4jr8apibkvl57urt1

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