C'est passé quasiment inaperçu: hier, le traité de Lisbonne est entré en vigueur. L'occasion pour les blogueurs du Vrai débat de revenir sur ce qu'ils considèrent comme une escroquerie.
Dailymotion - Mister 3ZE
Le Traité de Lisbonne est donc entré en vigueur hier, le 1er décembre 2009.
Reprenant à 99% le contenu de la Constitution européenne qui avait été rejetée par les peuples français et néerlandais à l’occasion de référendums, il pousse un peu plus encore l’Europe vers le libéralisme, en réaffirmant les principes du libre-échange généralisé et du marché unique sans limites.
Il affirme aussi un peu plus le dépassement de la démocratie. De nouveaux domaines de compétences quitteront le régime de l’unanimité, qui préserve la liberté des Etats, au profit de la majorité, qui permet d’imposer une règle commune à ceux qui n’en veulent pas.
Un peu plus, le pouvoir quitte la nation, foyer vivant de la démocratie, pour rejoindre l’anonymat de bureaux bruxellois responsables devant personne, si ce n’est les lobbies, leurs seuls vrais partenaires. Un «président de l’Europe » voit le jour, comme si on voulait signifier au monde qu’il fallait désormais considérer l’Union européenne comme un pays parmi les autres. A un détail près : les Européens n’ont jamais rien demandé, il n’y a pas de peuple européen, ce qui rend impossible l’idée même de démocratie («pouvoir du peuple ») au niveau européen, et ce qui permet de comprendre que chaque recul des libertés des nations est une attaque contre la démocratie.
Ces idées de fond, nous les avons déjà exprimées avec d’autres.
Ce qui nous intéresse aujourd’hui concerne davantage le traitement médiatique de l’entrée en vigueur de ce Traité.
Bien sûr, vous ne trouverez trace de ces considérations dans aucun média français dominant. Ayant tous ou presque soutenu le OUI à la Constitution européenne en 2005, ils se réjouissent tous ou presque aujourd’hui de cet événement.
La bien-pensance dégouline dans nos journaux, et certains font plus fort encore que d’autres.
Ainsi, l’éditorial de ce jour de François Langlet, rédacteur en chef de la Tribune, mérite le détour. Lisez plutôt ces quelques lignes :
« Si vous rencontrez un fédéraliste européen aujourd’hui, ne manquez pas d’essuyer ses larmes : c’est aujourd’hui qu’entre en vigueur le traité européen de Lisbonne. Raturée, dénaturée, couturée, cette «constitution » est proprement inintelligible pour tout esprit normal : elle est au jargon technocratique ce que la chapelle Sixtine est à l’art de la peinture - un monument qui forcera l’admiration des siècles à venir. Michel Rocard lui-même devrait avoir la migraine à la lecture de ces deux cent cinquante pages lardées de « subsidiarité », « organes concernés » et autres « compétences partagées ».
Pour autant, l’entrée en vigueur de Lisbonne n’est pas un événement anodin. D’abord, parce que le texte a essuyé le feu de la démocratie. Français, Néerlandais et Irlandais l’ont refusé dans sa version initiale, par référendum. Ces « non » tonitruants ont retardé toute l’entreprise, mais ils l’ont aussi anoblie. Fût-il amendé, le traité est plus solide après avoir tenu compte de l’avis des peuples. »
Il y a deux possibilités : soit ce journaliste est très mal informé, et de surcroît paresseux, soit il est manipulateur, tentant de faire croire au bon peuple que son vote a permis l’adoption d’un Traité largement remanié par rapport à la Constitution européenne.
Etant donnés le conformisme et l’unanimisme idéologiques de la presse française, on aurait plutôt tendance à pencher pour la seconde solution. Il n’est pas possible en effet que ce journaliste ignore ces propos de Valéry Giscard d’Estaing : « Dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils. » (Le Monde, 27/10/07), ni ceux de l’Espagnol Zapatero : « Nous n’avons pas abandonné un seul point essentiel de la Constitution » (discours du 27/06/07), ou de l’eurodéputé fédéraliste Jean-Louis Bourlanges : « Toute la Constitution est là ! Il n’y manque rien ! » (France Culture, 24/06/07).
En réalité, l’objectif de ce journaliste, et de beaucoup d’autres, est d’éviter que le peuple ne réalise plus largement qu’aujourd’hui qu’il a été trompé sur toute la ligne. Il ne faut pas qu’il comprenne que la construction européenne se fait désormais contre la démocratie, et qu’elle a dérivé de plus en plus franchement ces dernières années vers l’oligarchie.
Ce mensonge rajouté au mensonge originel rendra plus brutal encore, et peut-être même plus violent, le réveil des peuples.
http://www.marianne2.fr/Traite-de-Lisbonne-toujours-aussi-difficile-a-digerer_a182979.html
Le Traité de Lisbonne est donc entré en vigueur hier, le 1er décembre 2009.
Reprenant à 99% le contenu de la Constitution européenne qui avait été rejetée par les peuples français et néerlandais à l’occasion de référendums, il pousse un peu plus encore l’Europe vers le libéralisme, en réaffirmant les principes du libre-échange généralisé et du marché unique sans limites.
Il affirme aussi un peu plus le dépassement de la démocratie. De nouveaux domaines de compétences quitteront le régime de l’unanimité, qui préserve la liberté des Etats, au profit de la majorité, qui permet d’imposer une règle commune à ceux qui n’en veulent pas.
Un peu plus, le pouvoir quitte la nation, foyer vivant de la démocratie, pour rejoindre l’anonymat de bureaux bruxellois responsables devant personne, si ce n’est les lobbies, leurs seuls vrais partenaires. Un «président de l’Europe » voit le jour, comme si on voulait signifier au monde qu’il fallait désormais considérer l’Union européenne comme un pays parmi les autres. A un détail près : les Européens n’ont jamais rien demandé, il n’y a pas de peuple européen, ce qui rend impossible l’idée même de démocratie («pouvoir du peuple ») au niveau européen, et ce qui permet de comprendre que chaque recul des libertés des nations est une attaque contre la démocratie.
Ces idées de fond, nous les avons déjà exprimées avec d’autres.
Ce qui nous intéresse aujourd’hui concerne davantage le traitement médiatique de l’entrée en vigueur de ce Traité.
Bien sûr, vous ne trouverez trace de ces considérations dans aucun média français dominant. Ayant tous ou presque soutenu le OUI à la Constitution européenne en 2005, ils se réjouissent tous ou presque aujourd’hui de cet événement.
La bien-pensance dégouline dans nos journaux, et certains font plus fort encore que d’autres.
Ainsi, l’éditorial de ce jour de François Langlet, rédacteur en chef de la Tribune, mérite le détour. Lisez plutôt ces quelques lignes :
« Si vous rencontrez un fédéraliste européen aujourd’hui, ne manquez pas d’essuyer ses larmes : c’est aujourd’hui qu’entre en vigueur le traité européen de Lisbonne. Raturée, dénaturée, couturée, cette «constitution » est proprement inintelligible pour tout esprit normal : elle est au jargon technocratique ce que la chapelle Sixtine est à l’art de la peinture - un monument qui forcera l’admiration des siècles à venir. Michel Rocard lui-même devrait avoir la migraine à la lecture de ces deux cent cinquante pages lardées de « subsidiarité », « organes concernés » et autres « compétences partagées ».
Pour autant, l’entrée en vigueur de Lisbonne n’est pas un événement anodin. D’abord, parce que le texte a essuyé le feu de la démocratie. Français, Néerlandais et Irlandais l’ont refusé dans sa version initiale, par référendum. Ces « non » tonitruants ont retardé toute l’entreprise, mais ils l’ont aussi anoblie. Fût-il amendé, le traité est plus solide après avoir tenu compte de l’avis des peuples. »
Il y a deux possibilités : soit ce journaliste est très mal informé, et de surcroît paresseux, soit il est manipulateur, tentant de faire croire au bon peuple que son vote a permis l’adoption d’un Traité largement remanié par rapport à la Constitution européenne.
Etant donnés le conformisme et l’unanimisme idéologiques de la presse française, on aurait plutôt tendance à pencher pour la seconde solution. Il n’est pas possible en effet que ce journaliste ignore ces propos de Valéry Giscard d’Estaing : « Dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils. » (Le Monde, 27/10/07), ni ceux de l’Espagnol Zapatero : « Nous n’avons pas abandonné un seul point essentiel de la Constitution » (discours du 27/06/07), ou de l’eurodéputé fédéraliste Jean-Louis Bourlanges : « Toute la Constitution est là ! Il n’y manque rien ! » (France Culture, 24/06/07).
En réalité, l’objectif de ce journaliste, et de beaucoup d’autres, est d’éviter que le peuple ne réalise plus largement qu’aujourd’hui qu’il a été trompé sur toute la ligne. Il ne faut pas qu’il comprenne que la construction européenne se fait désormais contre la démocratie, et qu’elle a dérivé de plus en plus franchement ces dernières années vers l’oligarchie.
Ce mensonge rajouté au mensonge originel rendra plus brutal encore, et peut-être même plus violent, le réveil des peuples.
http://www.marianne2.fr/Traite-de-Lisbonne-toujours-aussi-difficile-a-digerer_a182979.html
Sem comentários:
Enviar um comentário