À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

04/12/2009

Courriels piratés : la réalité du changement climatique est incontestable

Scott A. Mandia

Les données piratées sur le site des climatologues britanniques du Climatic Research Unit (CRU) indiquent de toute évidence que cet institut n’appliquait pas nombre de règles élémentaires requises dans le traitement des données. La lecture du désormais célèbre fichier « Harry_read_me.txt », où un membre de l’équipe chargé des procédures informatiques a archivé le compte rendu de ses travaux, est on ne peut plus édifiante. On peut y suivre au jour le jour ses déboires et ses efforts désespérés pour tenter de reconstituer des résultats à partir d’une masse de données, programmes et procédures hétéroclites et non documentés. Le constat est accablant. L’absence criante de procédure qualité, de suivi et de gestion des archives, ne plaide pas en faveur du CRU, qui devra certainement procéder à une réorganisation drastique de ses méthodes et se doter du personnel nécessaire à une gestion des données et des outils respectant les normes de qualité que l’on est en droit d’exiger. Ceci posé, faut-il en conclure, comme certains le suggèrent, que l’ensemble des travaux de la communauté scientifique serait compromis ? Le météorologue Scott A. Mandia replace cette affaire dans son contexte, et rappelle que les données et les études du CRU ne sont qu’un élément parmi tant d’autres dans le faisceau de preuves et les très nombreuses publications qui sous tendent et étayent les conclusions actuelles des chercheurs.

Le traitement de l’information peut varier selon leurs positionnements politiques, mais plusieurs blogs, journaux et télévisions affirment que ce piratage révèle que l’hypothèse du réchauffement climatique dû à l’homme résulte de trucages des données. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, à mon avis.

À ce jour, il n’y a pas eu une seule publication scientifique crédible montrant que le réchauffement actuel est dû à une cause naturelle et expliquant également pourquoi les concentrations records de gaz à effet de serre ne seraient pas significatives.

PAS UNE.

Peut-on vraiment croire que les chercheurs du CRU seraient capables de réduire au silence tous les scientifiques de la planète qui auraient tenté de publier cette étude majeure allant contre l’hypothèse du réchauffement global causé par l’homme ? Y aurait-il la moindre chance qu’un complot de cette ampleur soit réel ?

Si l’on rejette la base de données HadCRU et toutes les publications émanant de cette équipe, il reste encore une montagne de preuves confirmant l’hypothèse d’un réchauffement dû à l’homme (AGW).

Les calottes glaciaires et les glaciers qui sont en train de fondre rapidement ont-ils eu accès à ces courriels ? Sont-ils associés à une conspiration ?

Les différents modèles climatiques qui montrent que les gaz à effet de serre sont responsables d’un mécanisme majeur du forçage du climat ont-ils eu accès à ces courriels et s’associent-ils à une conspiration ?

Est-ce que les bases de données GISS, UAH, et RSS qui montrent un réchauffement global d’environ 0.2°C par décennie au cours des 30 dernières années ont eu accès à ces courriels et sont associés à une conspiration ? A coup sûr, Spencer et Christy, qui dirigent le UAH et dont le scepticisme quant à l’hypothèse de l’AGW est bien connu, ne s’aligneraient pas sur cette thèse. Pourtant, leurs mesures issues de données satellitaires concordent avec celle des bases de données GISS, RSS et HadCRU.

Est-ce que l’océan a lu ces courriels et s’est réchauffé d’un coup de baguette magique ?

Est-ce que la stratosphère, en cours de refroidissement (même en tenant compte de la perte d’ozone), a lu ces courriels et s’est jointe à un canular ?

Est-ce que les plantes et les animaux ont lus ces courriels et décidé de mourir et/ou de modifier leurs habitudes migratoires afin de soutenir un complot ?

Je pourrais continuer à l’infini.

Depuis très longtemps, nous savons qu’un doublement du CO2 dans l’atmosphère provoquera un réchauffement du climat d’au moins 1°C, et on a une certitude raisonnable sur le fait que les rétroactions résultantes induiront au moins 2°C de réchauffement supplémentaire, et plus probablement 3°C. Nous mesurons également une élévation du taux de CO2 de 2 ppm par an, allant augmentant (sauf l’année dernière où il y a eu une légère baisse due à la récession mondiale) et nous atteignons des niveaux qui n’ont pas été observés au cours des 15 derniers millions d’années.

Allons-nous en conclure que ces courriels démentent toutes ces preuves ?

De nombreux scientifiques, travaillant dans de nombreux domaines de recherche, ont publié des données montrant les effets du réchauffement planétaire, et indiquant que les êtres humains en sont les principaux responsables. Parmi ces scientifiques on trouve évidemment des climatologues, météorologues, géologues, modélisateurs, et océanographes. Mais aussi, et de façon plus inattendue, des biologistes, biologistes marins, zoologues, chimistes, astrophysiciens, économistes, chercheurs sur les questions environnementales et autres. Je suis persuadé que nombre d’entre eux n’ont jamais eu de contact directs ou par courriel avec le CRU.

Il semble évident que dans cette période précédant Copenhague, la méthode éprouvée, qui consiste lorsque l’on n’aime pas le message a « attaquer le messager ou changer de conversation », qui fut utilisée par les géants du tabac et aujourd’hui par ExxonMobil et ses organisations de façade (Heartland Institute, George C. Marshall Institute, Competitive Enterprise Institute, etc), est encore à l’oeuvre.

Scott A. Mandia est météorologue et universitaire.

Sur le web :

Une copie de Harry_read_me.txt

Et un exemple de ce qu’il révèle sur les problèmes du CRU :

Back to the gridding. I am seriously worried that our flagship gridded data product is produced by Delaunay triangulation - apparently linear as well.

As far as I can see, this renders the station counts totally meaningless.

It also means that we cannot say exactly how the gridded data is arrived at from a statistical perspective - since we’re using an off-the-shelf product that isn’t documented sufficiently to say that.

Why this wasn’t coded up in Fortran I don’t know - time pressures perhaps ? Was too much effort expended on homogenisation, that there wasn’t enough time to write a gridding procedure ? Of course, it’s too late for me to fix it too.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2924

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