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05/04/2009

Qui va payer le plan de relance mondial ?

Emilie Lévêque

Les leaders du G20 sont prêts à mobiliser jusqu'à 1.350 milliards de dollars pour relancer l'économie mondiale. L'accord signé reste néanmoins très flou sur le financement et l'allocation de ce budget. Qui va payer ? Quelle sera la facture pour le contribuable français ?

Les dirigeants des 20 pays les plus puissants au monde, réunis jeudi 2 avril à Londres, ont décidé d'un commun accord d'injecter plus de mille milliards de dollars supplémentaires aux institutions financières internationales pour faire face à la crise et relancer l'économie de la planète.

Un chiffre à faire tourner la tête au contribuable lambda. En effet, qui va financer ce plan de soutien à l'économie mondiale ? Sur ce point, la déclaration commune adoptée par les participants du sommet de Londres reste très floue. Décryptage.

Les bénéficiaires de ces milliards de dollars

Le Fonds monétaire international dirigé par Dominique Strauss-Kahn est le grand gagnant de cette loterie. Les dirigeants du G20 se sont en effet mis d'accord pour tripler ses ressources, en les portant à 750 milliards de dollars contre 250 jusqu'ici.

Cette augmentation proviendra de la mise à disposition immédiate d'une ressource de prêts supplémentaires de 250 milliards de dollars, financée par ses Etats membres. Le solde (500 milliards) viendra des nouveaux accords généraux d'emprunt ou d'émission du FMI sur le marché. Le triplement de ses réserves permettra au FMI de faire face au nombre croissant de demandes de pays en situation de faillite financière, et notamment les pays de taille moyenne.

Les leaders du G20 ont également approuvé une allocation de DTS (droits de tirage spéciaux) supplémentaire pour une valeur de 250 milliards de dollars. Cette mesure va permettre de renflouer les liquidités internationales. Ces droits permettent «d'apporter de la liquidité à nos membres qui peuvent se les prêter entre eux. Ils leur servent de réserves », explique Dominique Strauss-Kahn.

Le G20 a également décidé de supporter l'augmentation de la capacité de prêt des banques de développement régionales, comme la Banque asiatique de développement ou son homologue africaine, à hauteur de 100 milliards de dollars. Ces institutions financières multinationales fournissent des prêts et de l'assistance technique à ses membres, notamment en finançant des projets de développement économique et social.

Enfin, les dirigeants du G20 entendent assurer la disponibilité d'au moins 250 milliards de dollars sur deux ans pour financer les échanges commerciaux internationaux via les banques multilatérales de développement et les agences d'assurance-crédit à l'exportation. L'objectif est de garantir les risques d'impayés qui freinent aujourd'hui les échanges commerciaux mondiaux.

On arrive donc, au final, à un total de 1.350 milliards de dollars annoncés pour la relance économique mondiale.

Qui va payer ?

Aucune précision n'est apportée sur cette question dans le communiqué final du G20. Qu'il s'agisse des 250 milliards de dollars pour les agences d'assurance-crédit à l'exportation ou les 100 milliards pour les banques régionales, il s'agira vraisemblablement d'augmenter leur capacité de garantie des prêts octroyés. Est-ce que cela se fera via de la création monétaire, de l'endettement ou une meilleure allocation de leurs moyens ? Telle est la question. Selon Jérôme Creel, économiste à l'OFCE, il s'agira probablement d'une ré-allocation de budget qui ne génèrera pas de déficit.

L'injection de 250 milliards de liquidités supplémentaires sous forme de DST correspond à de la création de monnaie, comme cela avait déjà été fait lors des deux chocs pétroliers dans les années 1970 et 1980. Ces DST vont être transformés en monnaie réelle des pays qui en demandent. Il ne s'agit dans ce cas que de faire marcher la planche à billet. C'est sans douleur pour les contribuables.

Désormais, le FMI est donc autorisé à emprunter directement auprès d'Etats ou à émettre des obligations sur les marchés, pour un montant total de 500 milliards de dollars. La Chine a ainsi déjà fait part de son intérêt à souscrire une émission obligataire que lancerait le FMI, tandis que le Japon a d'ores et déjà annoncé un prêt bilatéral au Fonds de 100 milliards de dollars en janvier. Dans les deux cas, il s'agit de prêts, assortis d'intérêts. L'Etat est dont garanti de récupérer son placement avec une plus-value - sauf faillite de l'économie planétaire.

Au final, la seule somme tangible annoncée par le G20 est la mise à disposition immédiatement de 250 milliards de ressources de prêts supplémentaires. Le FMI reçoit ses ressources de ses pays membres par le biais du paiement de leurs quotes-parts, dont le montant dépend de la taille respective de leur économie. Ces règlement sont dus et ne sont pas des prêts. La France, dont le quote-part s'élève à 4,94%, va donc devoir prochainement verser 12,35 milliards de dollars au FMI. Soit 9,18 milliards d'euros.

l'Expansion - 03.04.09



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