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05/03/2011

Travail, vie familiale : les opinions évoluent, les inégalités demeurent

Arnaud Bihel

Le travail des femmes, dont celui des jeunes mamans, fait encore débat dans la société française, mais les points de vue égalitaires s'imposent peu à peu, révèle une étude de l'INSEE. Autre constat : le rôle du père dans la famille est davantage reconnu. Toutefois, une autre analyse de la même enquête concluait en 2010 que le partage des tâches « reste un idéal qui ne se concrétise pas ».

« Lorsque l'emploi est en crise, les hommes devraient être prioritaires sur les femmes pour trouver un emploi » : un quart des Français sont d'accord avec cette affirmation. C'est l'un des résultats de l'étude intitulée « Couple, famille, parentalité, travail des femmes », publiée par l'INSEE mardi 1er mars.
A l'heure où l'emploi des femmes risque d'être victime de la crise à retrardement, la préférence masculine reste ancrée dans les mentalités. Mais la question, issue de l'enquête internationale GGP (1), n'a pas été posée en sens inverse. Impossible de savoir si les Français préfèreraient que l'emploi aille en priorité aux femmes. Signe que, pour les statisticiens aussi, le travail masculin va de soi, contrairement au travail féminin.

« Glissement vers un point de vue moins traditionnel »

Les opinions sur la préférence masculine pour l'emploi varient peu selon le sexe. Les femmes sont plus nombreuses à n'être « pas d'accord » (53% contre 46% des hommes), mais elles sont autant (24 contre 25%) à être d'accord ou plutôt d'accord.
Les réponses selon les tranches d'âge montrent toutefois que les opinions sur la question « ont beaucoup évolué », note l'INSEE : si la moitié des septuagénaires approuvent cette idée d'accorder aux hommes la priorité pour l'emploi, cet avis n’est plus partagé que par trois quinquagénaires sur dix, et par un adulte sur dix de moins de 30 ans (voir graphique ci-dessous).
En outre, constate l'INSEE, ce « glissement des opinions vers un point de vue moins traditionnel » se fait ressentir rien qu'entre 2005 et 2008 : entre ces deux vagues d'enquête, le désaccord a progressé de 6 points.

Crise ou pas, les femmes sont de plus en plus présentes sur le marché du travail : les deux tiers des Françaises sont actives. Les mères de jeunes enfants (de moins de 3 ans) sont même près de huit sur dix à être actives. Pour autant, plus de la moitié des personnes pensent qu’un enfant d’âge préscolaire risque de souffrir du fait que sa mère travaille (53 % des hommes et 49 % des femmes).
Mais là aussi, les avis dépendent beaucoup de l’âge : en dessous de 40 ans, quatre adultes sur dix associent le travail de la mère au risque de souffrance des jeunes enfants. La proportion monte à sept sur dix pour les 65 ans et plus.

Partage des tâches : progrès et régressions

Dans la famille, le rôle des pères est davantage reconnu, estime également l'INSEE. Ainsi, deux tiers des hommes comme des femmes pensent que « les enfants souffrent souvent du fait que leur père est trop préoccupé par son travail ». A noter : la question est sensiblement différente de celle posée pour les mères. Pour elles, on interroge le fait de travailler ; pour eux, celui de trop s'investir au travail.
Pour l'INSEE, « les faits confirment l’évolution des mentalités : les hommes sont désormais plus investis dans l’éducation de leurs enfants, et ce, au quotidien. Ils consacrent 11 minutes par jour en moyenne à leurs enfants en 1999, contre 8 minutes en 1975. » L'institut statistique nuance  aussitôt cette évolution, car « on reste loin du temps qu’y consacrent les femmes : 38 minutes par jour en 1999, comme en 1975. »

Des résultats de la même enquête, analysés cette fois par l'INED (Institut national des études démographiques) en 2010, viennent apporter une autre nuance sur le partage des diverses tâches dans le couple (document disponible sur le site de la Cnaf). A la maison, l'homme s'occupe « toujours » de la cuisine, du ménage ou des courses alimentaires dans moins de 5% des cas. Mais c'est le rôle exclusif de la femme dans au moins 30% des cas.
Et les inégalités se renforcent, au détriment des femmes, donc, avec l'arrivée d'un enfant. De même, « le partage égalitaire des tâches de soins et d’éducation reste un idéal qui ne se concrétise pas. S’occuper des enfants reste une prérogative féminine ».


(1) Les données ont été collectées par l'INSEE en deux vagues, en 2005 et 2008, auprès d'environ 10 000 personnes, dans le cadre d'une enquête internationale : GGP, Generations and Gender Programme, coordonné par la Commission économique de l'ONU pour l'Europe. C'est dans ce cadre qu'on été élaborées les questions.
 

http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/parite/958-travail-femmes-vie-familiale-inegalites

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