La publicité aime à plagier les peintres pour pallier son manque de créativité. Ses “créatifs” appellent ça du pillage positif. Oui oui c’est comme ça qu’on dit.
Commençons par quelques artistes détournés par de grandes marques :
MONDRIAN
Look et Studio Line ne furent pas les premiers, Yves Saint-Laurent avait inauguré le vol dès les années 60 :
VERMEER
La brave laitière, réquisitionnée par Nestlé :
MICHEL-ANGE
Décalqué par le café San Marco :
LÉONARD DE VINCI
Pillé pendant des décennies par Manpower, qui a changé de logo récemment et c’est un autre pillage (celui du logo de la Warner dessiné par Saul Bass en 1972) mais passons :
Le site Admirabledesign (non non il n’y aura pas de lien vers ces gens-là) justifie cette démarche d’une étrange manière :
Certaines boîtes de chocolat ou de gâteaux comme celles de Delacre présentent comme unique décor l’intégralité d’un tableau de maître. Ces emballages qui sont souvent réutilisés une fois vidés de leur contenu, deviennent de nouveaux vecteurs de diffusion de l’art. Ainsi l’art ne demeure pas l’apanage d’une élite intellectuelle et sort des livres et des musées.
Autrement dit, les publicitaires, les créateurs de logos et les concepteurs d’emballages répandent l’Histoire de l’Art en la mettant à disposition des ménagères qui, le samedi, poussent leur Caddy dans les allées des hypermarchés. Pourquoi aller au Louvre, quand on peut se cultiver tout en achetant ses yaourts !
À quand les zeuvres de Van Eyck pour des serviettes périodiques, celles de Picasso pour des voitures ? Ah pardon, c’est déjà fait, ses enfants ont collé sa signature sur des bagnoles :
Mais dans ce dernier cas il ne s’agit plus de pillage d’oeuvre, nous entrons dans le domaine du produit dérivé exploité par les ayant-droits. Ah ! le produit dérivé, merveilleuse invention qu’on ne sait par quel bout aborder tant le sujet est vaste ! Serviettes de table Renoir, plats à pizza avec écrit dessus le L.H.O.O.Q. de Marcel Duchamp (si ! si ! ça existe et c’est vendu par le centre Pompidou), etc. Alors tapons un peu au hasard, prenons Frida Kahlo.
On trouve depuis bien longtemps une foule d’objets à son effigie dont voici quelques exemples, propres à exciter la carte bancaire :
La Kahlo est devenue à la mode depuis Frida, film produit et interprété par Salma Hayek. Isolda P. Kahlo, nièce de l’artiste à la tête de la Frida Kahlo Corporation, avait déjà créé une ligne de vêtements Frida Kahlo. Elle n’était pas seule sur le marché, bah ! peu importe et pourquoi ne pas reprendre l’idée de la poupée représentant la tantine ?
Pour modèle, on utilisa cette célèbre photographie de Nickolas Murray prise en 1938 :
L’objet, qui mesure cinquante-cinq centimètres, est vendu accompagné d’un CD de musique mexicaine et d’un livre écrit par la nièce âpre au gain de Frida pour environ deux cents dollars US. Mais ce n’est pas tout ! Vous rêviez de basquettes Frida, Converse en a créé différents modèles (en partenariat avec la Frida Kahlo Corporation, évidemment) :
Et si nos relevés de carte bancaire nous filent le bourdon, on tentera d’oublier en s’abreuvant de tequila. Une tequila Frida Kahlo, bien sûr, commercialisée elle aussi par la Frida Kahlo Corporation au prix de trente euros ! (Existe en trois parfums différents.)
La famille de Diego Rivera (qui fut l’époux de Frida) n’apprécie guère ce marquettigne putassier. Elle a créé une fondation pour protéger l’image de l’artiste déjà écornée par la FKC qui, avant de commercialiser cette fameuse poupée, avait lancé un parfum Frida Kahlo et un parfum Diego Rivera vendus quatre cents pesos mexicains pièce, soit environ soixante euros :
Un peintre célèbre, une signature, et hop ! Trop fastoche.
Mais revenons aux poupées, autre marché porteur. Vous avez aimé Action Man ?
Vous allez adorer la Vincent Van Gogh Action Figure !
Existe-t-il un personnage historique plus grand que Vincent Van Gogh ? Un homme qui a coupé son oreille au nom de l’amour. Avec la Vincent Van Gogh Action Figure, vous pouvez le voir de deux façons ; avant l’incident et après, avec son bandage.
Placez la Vincent Van Gogh Action Figure face à son chevalet avec plusieurs versions de ses chefs-d’oeuvre. Célébrez le monde de l’un des artistes les plus célèbres, et peut-être vous en servirez-vous comme source d’inspiration.
• Figure en vinyle d’une hauteur de 5 inches 1/4
• Deux têtes interchangeables
• Livré avec un pinceau, une palette, un chevalet,
un cadre et plusieurs mini chefs-d’oeuvre
• Emballage illustré sous blister
Il s’agit là de la traduction du texte visant à vous faire acheter ce sympathique objet, en vente ici. Certains d’entre vous considéreront peut-être cette poupée comme étant de mauvais goût. On peut en discuter. En revanche, il ne fait aucun doute que vous serez tous séduits par ce magnifique oreiller :
Une amélioration de l’original pour moins de soixante-dix millions de dollars. Appuyez sur la lune de cette Nuit étoilée de Van Gogh, et admirez ses étoiles qui clignotent ! Peut-être le premier oreiller clignotant au monde !!
12″ x 14″. 100% coton. Piles incluses
En vente sur le même site, pour la modique somme de $26.95. A cette adresse, vous admirerez également (entre autres merveilles), un oreiller issu de la Sixtine qui vaut son pesant de café moulu. Cela dit, si c’est seulement Van Gogh qui vous branche, alors précipitez-vous vers ce mug en tous points merveilleux : il suffit d’y verser un liquide chaud pour que l’oreille de Vincent disparaisse ! Réservé aux amateurs d’art.
On attend impatiemment le mug Picasso. Quand on y verse un liquide chaud, Guernica devient une poignée de dollars.
http://laboiteaimages.blog.lemonde.fr/2010/12/04/pour-une-poignee-de-dollars/
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