Au sommet de l’Alliance atlantique qui se tient à Lisbonne aujourd’hui et demain, le nouveau concept stratégique vise à conforter une logique de puissance globale occidentale.
L’Otan affirme ses ambitions planétaires. Tel sera l’objectif central du 24e sommet de l’Otan qui s’ouvre aujourd’hui à Lisbonne. Sous le vocable de l’adoption d’« un nouveau concept stratégique », l’Alliance met en place un dispositif politico-militaire offensif ayant vocation à intervenir partout en tant que bras armé des intérêts occidentaux (et surtout américains) et de l’économie de marché. Ce ne sont pas là des spéculations émanant d’esprits mal tournés ; la feuille de route est clairement annoncée par le patron de l’Otan lui-même, Anders Fogh Rasmussen, qui ne cache en rien ce que doivent être la nature et le rôle de l’organisation : « Le moment est venu de passer à une Alliance capable de défendre les 900 millions de citoyens des pays de l’Otan contre les menaces auxquelles ils sont confrontés aujourd’hui et auxquelles ils seront confrontés durant la prochaine décennie. » La menace terroriste, la piraterie et la prolifération nucléaire, les risques de cyberattaques et les atteintes à la sécurité des voies d’approvisionnement par pipeline ou maritimes sont naturellement pointés du doigt.L’élaboration du nouveau concept, qualifié de texte le plus important pour l’Otan après son traité fondateur en 1949, est censée répondre au besoin de prendre en compte les grandes évolutions qui affectent l’Alliance et son environnement stratégique depuis dix ans. Elle est le fruit d’un rapport émis par un comité de 12 experts, présidé par l’ancienne secrétaire d’État américaine de Bill Clinton, Madeleine Albright. Une personnalité qui s’illustra en son temps par ses ardeurs bellicistes contre la Yougoslavie. Et le rapport en porte l’empreinte. Il est, en particulier, confirmé que l’Otan doit être dotée de « capacités expéditionnaires pour des opérations militaires au-delà de la zone du traité », sa « mission » est donc confortée pour intervenir partout dans le monde où les intérêts bien compris « des sociétés modernes » seront menacés.
Les nouvelles misions de l’Alliance
Madame Albright a d’ailleurs précisé dans une lettre à l’Alliance que cette proposition va « bien au-delà de ce qui était envisagé » dans la précédente version du « concept stratégique ». Elle se résume ainsi : réaliser des missions globales, de portée globale, avec des partenaires globaux. En clair, l’Alliance doit développer des partenariats politiques et pratiques plus intensifs et plus larges avec des pays du monde entier à condition que ces derniers partagent « les mêmes valeurs fondamentales » de la communauté des pays qui composent l’Otan. Le secrétaire général est encore plus explicite en réaffirmant que les liens commerciaux unissant l’Union européenne et les États-Unis, qui ensemble réalisent plus de la moitié du PIB mondial, sont l’épine dorsale de cette stratégie. « Il est essentiel de préserver le rôle de l’Alliance en tant qu’unique pont transatlantique reliant ces deux régions du monde. L’Otan à tout intérêt à protéger les axes vitaux qui alimentent les sociétés modernes », confirme Anders Fogh Rasmussen. On ne peut être plus clair, le rôle du Traité de l’Atlantique Nord est d’assurer la sécurité énergétique et l’approvisionnement de moins de 15 % de la population mondiale.
Dominique Bari
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