À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

18/11/2010

L'âge d'Or de l'Université Française est révolu

A l'avenir, étudier sera t-il réservé aux riches voire aux ultra riches? Les frais d'inscription dans les grandes écoles - et même les universités - atteignent des sommets lésant ainsi les classes moyennes et la petite bourgeoisie. C'est le constat dressé par l'Hérétique.
Flickr - Carles Tomás Martí - cc
Flickr - Carles Tomás Martí - cc

Je découvrais avec effroi ce qui attend les étudiants anglais, samedi matin dernier, mais à vrai dire, quand je considère notre propre situation, en France, ce n'est guère mieux. Partout les droits d'inscription explosent, se parant d'atours sociaux pour mieux enfoncer le coeur de la nation, c'est à dire les classes moyennes. Ne nous y trompons pas, ce sont elles qui vont trinquer et leurs enfants devoir renoncer aux études.

Exemple avec l'IEP du Sieur Descoings, expert ès business school à la française et discrimination positive. Descoings a réussi à faire passer Science-Po pour une école qui s'ouvre aux pauvres dans les divers médias et l'opinion : on recrute quelques lycéens venus des établissements scolaires du 93, on joue de la mandoline en pinçant avec aménité la corde sociale de l'instrument, et on obtient un mélodieux air de pipeau.

Démonstration avec une famille comprenant deux enfants, que je ne classerais même pas dans la classe moyenne, mais carrément dans la petite bourgeoisie :
Les deux parents travaillent, ont une bonne situation, et vivent dans une petite ville de province. Ils sont un fils et une fille, leurs revenus totaux excèdent légèrement 66 000 euros par an. Comme beaucoup d'individus, ils ont du s'endetter pour se loger et paient 1000 euros par mois de loyer, ce qui absorbe 12 000 euros de leurs revenus chaque année. Ils paient aussi l'impôt sur le revenu. Avec deux demi-parts, ils s'en tirent avec 6 000 euros de frais par an. A cela s'ajoutent la taxe foncière et la taxe d'habitation. Possédant une petite maisonnette dans une ville aisée, l'addition des deux leur revient à 1800 euros par an.
Cette famille a cru dans l'école républicaine. Les deux enfants ont étudié à l'école, plutôt bien, et l'un d'entre eux, sans passer par Ipesup, la coûteuse école de préparation pour très riches et très bons, est parvenu à intégrer l'IEP.
Sa famille va donc devoir régler 12 000 euros par an, uniquement en droits d'inscription. La jeune fille, elle, est davantage intéressée par la finance : elle a songé viser une école de commerce, mais les coûts s'ajoutant aux coûts, elle s'est rabattue sur la prestigieuse formation publique de Paris-Dauphine. Pas de chance, depuis février 2010, Paris-Dauphine a multiplié le montant de ses droits d'inscription : de plus de cinq fois à presque plus de vingt fois. La jeune fille appartient à une famille de privilégiés. Une famille de riches, dirait un François Hollande. Ce sera donc 4000 euros en frais d'inscription uniquement pour elle.

Ces parents vont donc dépenser 16 000 euros uniquement en frais d'inscription, sans compter le matériel scolaire, les manuels, et toutes les dépenses attenantes. Demeurant en province, les enfants vont devoir louer un studio, ou un petit F2. Paris est trop cher, ils se rabattent sur le banlieue : ils ne s'en sortent néanmoins pas à moins de 6000 euros par an.
Pour eux, pas de bourses, pas d'exemption, pas de discrimination positive. Je laisse les amateurs d'addition finir le calcul, et je les laisse imaginer ce qu'il se produit pour des familles bien moins aisées pour lesquelles certains coûts demeurent fixes...

Le système Descoings dans toute son ampleur. Pendant ce temps, l'étudiant boursier ne paie pas de droits et dispose de toutes les aides. Oh, il ne s'agit pas de lui jeter la pierre. C'est la logique de ce système qui une fois de plus est pervertie. On aboutit à un système qui flingue en bonne et due forme les classes moyennes et la petite bourgeoisie.

Le pire, finalement, c'est que l'on paie une somme monstrueuse pour pouvoir disposer d'un titre. Quitte à libéraliser à outrance l'université, ce serait le moins que l'on distingue l'inscription à l'examen, et l'inscription aux cours, que la concurrence puisse s'installer. Et tant qu'à faire, que ceux qui fassent passer l'examen ne soient pas ceux qui donnent les cours, pour éviter les effets de favoritisme.
Une économie de la connaissance...tu parles Charles... Pas de pitié de pour les crapauds. La moindre formation supérieure va coûter les yeux de la tête. Fini le temps où l'Université se voulait le réceptacle de tous les savoirs, de tous les espoirs et de l'émancipation, de la formation du citoyen ouverte à tous.
Que l'on ne croie pas que je cerne ainsi des cas isolés : partout les tarifs augmentent dans des proportions comparables à celles des universités anglaises.

Les facultés sont prises en sandwich entre un état impécunieux qui se moque comme d'une guigne de l'éducation et des syndicats imbéciles et irresponsables qui bloquent l'arrivée de financements privés dans les universités moyennant quelques accommodements dans les programmes.
Au final, le peuple trinque, car c'est lui qui paie la note finale. La lâcheté des différents ministères qui se succèdent en est la cause. Il n'existe d'alternative que le choix entre la fac-poubelle et la fac hors de prix, et encore : la cote de la fac-poubelle est très clairement orientée à la hausse elle aussi.

http://www.marianne2.fr/L-age-d-Or-de-l-Universite-Francaise-est-revolu_a199772.html 

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails