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22/02/2010

Grève des raffineries de Total

Les automobilistes français ont commencé à se rendre en nombre dans les stations-service au sixième jour d'une grève dans les raffineries de Total en France, qui ampute de moitié les capacités de production de carburants du pays.

Total a annoncé que les discussions avec les syndicats reprendraient mardi matin au siège du groupe à La Défense, les négociations ayant été suspendues dimanche soir.

Les stocks de carburants disponibles pour approvisionner les stations-service ne sont plus que de sept jours, a par ailleurs estimé l'Union française des industries pétrolières (Ufip).

"Il y a des mouvements d'achats dans les stations-essence depuis hier", a déclaré à Reuters Jean-Louis Schilansky, le président de l'Ufip.

Mardi, cinq des six raffineries de Total seront à l'arrêt complet, a annoncé la CGT.

Selon les calculs de Reuters, l'arrêt de la production dans ces raffineries réduit de plus d'un million de barils par jour les capacités de production françaises, sur un total de deux millions de barils par jour.

La sixième raffinerie, celle des Flandres près de Dunkerque, est à l'arrêt depuis mi-septembre et est menacée de fermeture.

Un appel à la grève a été lancé dans deux raffineries du groupe américain Exxon Mobil en Seine-Maritime et dans les Bouches-du-Rhône à partir de mardi.

Le secrétaire général de la CGT à la raffinerie de Lavéra (Bouches-du-Rhône) appartenant à Ineos a déclaré que les salariés du site n'avaient pas voté la grève, contrairement à ce qu'avait annoncé la CGT dans un premier temps.

"La CGT a rencontré ses syndicats, mais on n'a pas consulté les salariés. On se réserve le droit d'appeler à la grève si le gouvernement ne répond pas à nos demandes concernant l'avenir du raffinage en France", a-t-il déclaré.

DES STATIONS-SERVICE EN RUPTURE PARTIELLE

Selon Total, une centaine de stations-service ont connu une rupture partielle d'approvisionnement en carburants, notamment dans la région toulousaine.

"C'est une aiguille dans une botte de foin", a commenté un porte-parole de Total en faisant référence aux 4.600 stations-service du groupe en France, sous les enseignes Total, Elf et Elan.

Certaines stations-service de la grande distribution commencent aussi à être touchées en raison d'une surconsommation observée à la pompe, a dit une porte-parole de Carrefour.

"Total n'est pas le seul fournisseur des enseignes Carrefour mais certaines stations commencent à être touchées," a dit la porte-parole de Carrefour, en précisant que toutes les livraisons avaient été assurées.

Avec plus de 1.000 stations-service sur tout le territoire, Carrefour est le deuxième distributeur de produits pétroliers en France.

La France compte en tout plus de 12.500 stations-service.

A Nantes, de longues files d'attentes, ont été observées.

Une source gouvernementale a toutefois déclaré que la France n'envisageait pas de puiser dans ses stocks stratégiques en l'état actuel de la crise.

DESMAREST CONVOQUÉ A L'ELYSÉE

Les salariés des raffineries de Total sont en grève depuis le 17 février pour protester contre la possible fermeture de la raffinerie de Dunkerque, qui emploie 600 personnes.

Le groupe pétrolier a fait un geste envers les syndicats en acceptant d'avancer au 8 mars, au lieu du 29 mars, son comité central d'entreprise extraordinaire qui doit décider de l'avenir de la raffinerie de Dunkerque, ce qui était une des revendications des syndicats.

Christian Estrosi, à trois semaines des élections régionales, en avait fait explicitement la demande lundi matin, après avoir reçu la veille à Bercy Christophe de Margerie, le P-DG de Total qui a une nouvelle fois promis qu'il n'y aurait pas de licenciement sur le site nordiste.

Thierry Desmarest, président du conseil d'administration de Total, a à son tour été convoqué lundi à la mi-journée à l'Elysée - Christophe de Margerie étant en déplacement à l'étranger - et la décision du groupe d'avancer le comité central d'entreprise a été annoncée peu après.

En réaction, la FCE-CFDT, minoritaire chez Total, a décidé de demander l'arrêt du mouvement de grève "dans l'intérêt des salariés de Total et des sous-traitants, et afin de créer les conditions du dialogue pour gagner le pari de l'emploi", selon un communiqué du syndicat.

De l'étranger, Christophe de Margerie a réaffirmé que les projets sur la raffinerie des Flandres n'entraîneraient aucun licenciement. Pour autant, il a estimé nécessaire de réduire les capacités de production dans le raffinage sous peine d'un effondrement des marges dans cette activité.

Le groupe avait laissé entendre auparavant qu'il pourrait fermer la raffinerie dunkerquoise et la remplacer par un centre technique et une école de formation.

Les raffineries européennes connaissent actuellement des difficultés en raison de la chute des marges de raffinage et du manque de débouchés pour l'essence.

Avec Véronique Tison, édité par Jean-Stéphane Brosse

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