Amnesty International annonce que le manque d’eau en Cisjordanie et à Gaza vient d’atteindre un point critique.
Dans les colonies, on voit des piscines, des pelouses arrosées généreusement autour des maisons et des systèmes d’irrigation des exploitations agricoles qui fonctionnent 24 heures sur 24. Cette situation contraste violemment avec celle des villages palestiniens voisins dont les habitants luttent pour aller chercher le peu d’eau dont ils ont besoin, même pour un usage domestique. 80 pour cent des villes et des villages palestiniens ne reçoivent que quelques heures d’eau par semaine, obligeant la population à faire des réserves dans des bidons et dans des conditions d’hygiène hasardeuses. Les Palestiniens n’ont pas le doit de forer des puits.
Amnesty International indique que 180.000 à 200.000 Palestiniens n’ont aucun accès à l’eau courante dans les communautés rurales de Cisjordanie, tandis qu’en d’autres endroits plus favorisés les robinets sont souvent secs.
« Israël ne permet pas aux Palestiniens d’avoir accès à l’eau en quantité suffisante, alors que les ressources en eau se trouvent la plupart du temps en Cisjordanie occupée » a déclaré Donatella Rovera, qui fait des enquêtes pour Amnesty International. Et selon le rapport d’Amnesty, intitulé Troubled waters - Palestinians denied fair access to water, la consommation d’eau des Israéliens est en moyenne quatre fois plus grande que les 70 litres consommés chaque jour par un Palestinien en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Mais Israël doit faire face à une pénurie d’eau sans précédent. C’est pourquoi les Israéliens contrôlent une grande partie des ressources en eau de la Cisjordanie, en pompant dans ce qu’ils appellent « la couche aquifère montagneuse » à la frontière d’Israël.
Le rapport d’Amnesty International dit aussi qu’Israël utilise plus de 80 pour cent de l’eau tirée de la couche aquifère montagneuse, bien que ce pays dispose d’autres sources. En revanche, la couche aquifère montagneuse est la seule source d’approvisionnement en eau de la Cisjordanie.
Dans la bande de Gaza, plusieurs travaux de réparation du réseau de distribution d’eau et de la voirie étaient en cours pour améliorer la situation sanitaire avant que le blocus israélien soit imposé en 2007. Mais les projets ont été suspendus, car Israël empêche totalement l’entrée des matériaux de construction.
S’ajoutant à une situation déjà catastrophique, la guerre de Gaza a laissé des réservoirs d’eau, des puits, des réseaux d’égouts et des stations de pompage sévèrement endommagés. Le rapport d’Amnesty International indique que la nappe phréatique côtière, seule ressource en eau douce, a été polluée par des infiltrations d’eau de mer, des infiltrations d’eaux usées non traitées, et par la surexploitation. « La situation de l’eau à Gaza vient d’atteindre un point critique avec 90 à 95 pour cent de l’approvisionnement en eau qui est polluée et non consommable » a déclaré Donatella Rovera. De ce fait, beaucoup de Palestiniens tombent malades. L’organisme israélien d’administration des eaux a protesté en disant que le rapport était « pour le moins biaisé et incorrect » et que, bien qu’il y ait pénurie d’eau, celle-ci n’est pas aussi grande que ce que prétend Amnesty International. Il dit qu’Israël a tenu ses engagements aux termes de l’accord de paix d’Oslo, mais que les autorités palestiniennes n’arrivent pas à atteindre leurs propres objectifs de recycler l’eau, et qu’elles ne la distribuent pas efficacement.
AgoraVox - 27.10.09
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