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30/04/2009

La crise a bon dos: l'usine Molex délocalisée en douce

Après l'annonce de la fermeture de leur usine en Haute-Garonne, les 283 employés de Molex ont réalisé qu'il s'agissait d'une délocalisation initiée fin 2007 et non d'un plan social. Premier volet d'une série sur les manip de la crise.

(photo : xikita - flickr - cc)
(photo : xikita - flickr - cc)

Les deux cent quatre-vingt-trois employés de Molex regardent leur trophée avec amertume : à l'été 2008, ils avaient été récompensés par le patron américain pour «qualité de service irréprochable» rendu aux clients de l'équipementier automobile. Depuis plus de six mois, ils tentent d'éviter la fermeture du site de Villemur-sur-Tarn (Haute Garonne) annoncée en octobre 2008. Présenté comme une mesure préventive à la veille d'une année 2009 qui risquait de ne pas être bénéficiaire pour le groupe, ce plan social s'est révélé être une délocalisation prévue de longue date...

«Vous n'êtes pas sans savoir que Molex a préparé un plan...»
«Après l'annonce de la fermeture de l'usine le 23 octobre, nous avons peu à peu réalisé que la décision avait été prise bien avant cette annonce», raconte Guy Pavan, délégué CGT du personnel. En consultant le système de gestion des commandes de l'entreprise, les employés découvrent un beau matin que des produits portant les mêmes référence que ceux produits en Haute-Garonne sont livrés à leur destinataire allemand... depuis les Etats-Unis ! «Les mouvements débutaient le 8 octobre !», se souvient Pavan. Soit deux semaines avant «l'annonce surprise» de la direction de Molex.
Or, pour produire les mêmes références, l'entreprise a tout simplement reproduit l'usine de Villemur-sur-Tarn aux Etats-Unis en «clonant» les outils de production ! Selon les ouvriers, l'opération, portant sur des pièces techniques, aura au moins nécessité 6 à 9 mois pour toute la chaîne, faisant remonter la préparation à... fin 2007 au plus tôt !

Confirmant les conclusions de l'intersyndicale CGT-CFDT-FO-CFTC-CGC, une lettre de PSA (principal client final de l'équipementier) à destination de ses fournisseurs est découverte : «vous n'êtes pas sans savoir que Molex a préparé un plan de sécurisation, commence le mail. Il fallait jusqu'à ce jour conserver un maximum de confidentialité sur ces sujets afin que Molex poursuive ses actions.» Précisant qu'il fallait attendre l'annonce, PSA recommande une certaine vigilance sur les pièces provenant des Etats-Unis, l'approvisionnement ayant été «doublé» et des «réserves» ayant été constitué à partir du site de Villemur-sur-Tarn.

Séquestration
Une plainte est alors déposée pour «délit d'entrave aux prérogatives du comité d'entreprise», le CE devant être informé à l'avance de tout projet d'entreprise ainsi que des arguments qui le motive. Le direction nie en bloc. A l'occasion du comité d'entreprise du 20 avril, les salariés décident de retenir deux dirigeants pour obtenir le maintien des négociations, arrivant ainsi en première page des journaux nationaux.

«Cette option ne convenait pas à tous, se souvient Denis Parise, secrétaire CGT du CE. Mais si on ne l'avait pas fait, on serait resté bloqué.» Marcus Kerriou et son associé seront relâché le lendemain, le premier fustigeant avec mépris dans une interview au Parisien le «niveau intellectuel de certains salariés». Mais le résultat est là : «jusqu'ici, le préfet n'avait pas bougé et hier, il a pour la première fois affiché son soutien», argumente Parise.

Un soutien de poids, qui s'ajoute aux élus locaux, notamment socialistes... mais qui ne remplace pas celui de l'Etat. «Pour l'instant, notre objectif est de repousser la date de fermeture du 30 juin au 30 octobre, résume un syndicaliste. Après le 30 octobre, il s'agira de trouver un nouveau client.» Le nouveau client, ce pourrait être le constructeur PSA qui, visé par l'aide du Fonds stratégique d'investissement, s'est (théoriquement) engagé à soutenir les équipementiers français. Ironie du sort, le président de l'organisme n'est autre que Gilles Michel, ancien membre du directoire de PSA ! «Il faudrait peut-être que l'Etat pense à faire respecter ses exigences», s'agace un employés de Molex.
Marianne2 - 30.04.09

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