Généraux libanais
A la demande du procureur Daniel Bellemare, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), mis en place par le conseil de sécurité des Nations unies pour juger les crimes commis depuis l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, a ordonné la libération des quatre généraux emprisonnés depuis quatre ans : l’ex-chef de la garde présidentielle Moustafa Hamdane, l’ancien chef des renseignements de l’armée Raymond Azar, l’ex-directeur général de la Sûreté générale Jamil Sayyed, et l’ex-chef des Forces de sécurité intérieure Ali Hajj. Sans doute pour justifier le fait que les inculpés aient passé quatre ans en prison sans jugement, Bellemare a affirmé que « l’enquête se poursuit. Si une piste devait à nouveau nous mener directement à eux (les généraux) avec des preuves suffisamment crédibles, je demanderais leur détention et leur mise en examen ».
Le Monde diplomatique avait publié en avril 2007 un long article sur le caractère très contestable de cette incarcération et ses dessous politiques : « Douteuse instrumentalisation de la justice internationale au Liban », par Géraud De Geouffre de La Pradelle, Antoine Korkmaz et Rafaëlle Maison. Cet article nous avait valu un courrier de Me Mohammad F. Mattar, conseiller juridique auprès du député Saad Hariri que nous avions publié en juin 2007.
« Le rapprochement entre l’UE et Israël est gelé », titre lemonde.fr (Philippe Ricard, 28 janvier).
« Les Vingt-Sept posent comme préalables au renforcement de leurs relations avec Israël la relance du processus de paix et un engagement en faveur de la création d’un Etat palestinien. Actée sous présidence française de l’Union européenne (UE), en décembre 2008, la mise en place d’une coopération plus étroite avec Israël a été de facto suspendue dans la foulée de l’offensive israélienne à Gaza (27 décembre -17 janvier). (...)
La position d’attente affichée par l’UE est une façon de faire pression sur Israël. Les Européens se veulent d’autant plus fermes que cette exigence est aussi celle de l’administration Obama. Ils espèrent que M. Nétanyahou sera en mesure de préciser ses intentions lors de sa visite à Washington, à la mi-mai. Les Vingt-Sept souhaitent par ailleurs que les autorités israéliennes mettent un terme à la colonisation et ouvrent l’accès à la bande de Gaza, pour en faciliter la reconstruction. “C’est un ensemble de préalables avant d’avoir une relation solide”, a indiqué Javier Solana, chef de la diplomatie européenne. » (...)
“Ce n’est pas un chantage, s’est défendu Bruno Le Maire, le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, lundi au Luxembourg. Le bon sens est d’attendre la fin de l’examen politique en cours en Israël avant de prendre une décision.” Pour Paris, un lien plus étroit, mis sur les rails lors de la présidence française, reste à l’ordre du jour. Il doit même, selon M. Le Maire, permettre de peser “davantage” sur le processus de paix. »
Recevant le premier ministre tchèque Mirek Topolanek, qui assure pour quelques semaines encore la présidence de l’Union européenne, le premier ministre israélien a eu cette extraordinaire formule : si nous ne pouvons pas construire en Cisjordanie, alors les Palestiniens ne devraient pas pouvoir construire non plus ! (« Netanyahu : “If Israelis can’t build homes in the West Bank then Palestinians shouldn’t be allowed to either” », Independent Media Review Analysis, 24 avril). Interrogé sur les « colonies illégales » (comme si toutes les colonies n’étaient pas illégales) qualifiées de « outposts », il a affirmé qu’il était décidé à appliquer la loi.
Cette visite du premier ministre tchèque démissionnaire en Israël a suscité de vives polémiques au sein de l’Union européenne. Rappelons que la Tchéquie, de manière générale, défend des positions qui sont à la droite du Likoud en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien. Mais, en assurant la présidence de l’Union, ses représentants avaient mis un peu d’eau dans leur vin. Les déclarations de Mirek Topolanek ont paru d’autant plus scandaleuses, comme le rapporte l’Agence France-Presse le 27 avril :
« La commissaire européenne aux Relations extérieures a répété lundi que l’Union européenne n’approfondirait pas ses relations avec Israël si le gouvernement israélien ne s’engageait pas en faveur d’une solution à deux Etats, malgré des critiques de la présidence tchèque de l’UE. “Nous voulons avoir avec Israël de bonnes relations, de confiance, mais nous avons des conclusions du conseil (des ministres de l’UE) de décembre qui disent très clairement que l’approfondissement ne peut être vu qu’à la lumière du conflit israélo-palestinien”, a déclaré Benita Ferrero-Waldner à son arrivée à une réunion des chefs de la diplomatie de l’UE à Luxembourg. “Nous attendons maintenant qu’Israël examine sa politique et nous espérons qu’ils reviendront à une solution à deux Etats”, la création d’un Etat palestinien vivant aux côtés d’Israël, a-t-elle ajouté.
La commissaire maintenait ainsi ses déclarations de jeudi. Elle avait alors déclaré que le moment n’était pas “venu pour aller au-delà du niveau actuel des relations” UE-Israël, vu l’incertitude sur l’évolution du processus de paix. Dans une interview dimanche au quotidien israélien Haaretz, le Premier ministre tchèque démissionnaire, Mirek Topolanek, a affirmé au contraire que “le processus de paix ne devait pas être lié aux relations entre l’UE et Israël”. “Je considère les déclarations de Benita Ferrero-Waldner à ce sujet vraiment hâtives, elles ne valent que ce que valent les déclarations d’un commissaire”, a-t-il déclaré. »
Une autre dépêche du même jour précisait :
« A l’issue de la réunion de Luxembourg, le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg a essayé de combler le fossé entre les deux organes décisionnaires de l’UE. Il a reconnu de “légères différences de vue” entre la Commission et la présidence et estimé nécessaire que “les deux parties se consultent plus avant de faire des déclarations”. Et s’il a rappelé que l’UE avait décidé en décembre dernier d’approfondir ses relations avec Israël et que “cette décision ne peut pas être changée ou abolie par la Commission”, il a aussi reconnu qu’il y avait pour le moment “une pause dans les discussions avec le gouvernement israélien”. »
Plusieurs ministres européens, le Suédois Carl Bildt et le Français Bruno Le Maire, ainsi que le diplomate en chef de l’UE, Javier Solana, ont aussi cherché à désamorcer la polémique, soulignant que l’Union avait de toutes façons encore un peu de temps pour décider quelle position adopter.
L’UE doit « attendre de connaître exactement les positions du nouveau gouvernement israélien” avant de décider de renforcer ou non les relations, a souligné M. Solana. “Ils arrêteront leur position probablement début mai, et c’est seulement à ce moment-là qu’il faudra dialoguer et voir comment on continue”, a-t-il ajouté. »
La République tchèque assume la présidence semestrielle de l’UE pendant le 1er semestre 2009, après la France et avant la Suède qui prendra le relais le 1er juillet.
En fait, la question réelle, l’Union européenne ne se la pose pas. Elle avait capitulé devant Israël en décembre 2008 en acceptant le rehaussement des relations avec cet Etat, alors même que le gouvernement israélien poursuivait la colonisation et, au-delà de l’acceptation formelle que la paix passait par l’existence de deux Etats, sabotait toute négociation avec les Palestiniens. On peut même dire que cette décision de l’Union européenne prise à la mi-décembre avait été comme une sorte de « Feu vert » à l’agression contre Gaza.
Le gouvernement de Nétanyahou affirme qu’il fera ce que faisait le gouvernement Olmert sans le dire ouvertement. Supposons que demain, ce gouvernement revienne à la politique d’Olmert, cela changera-t-il quelque chose pour les Palestiniens ? Non, mais l’Union européenne aura un prétexte pour “renforcer” ses relations avec Israël...
Envoyé en 2002 par le président George W. Bush pour étudier la situation, George Mitchell (qui est devenu depuis l’envoyé spécial de Barack Obama pour le Proche-Orient) avait produit un rapport dans lequel il écrivait :
« Colonies : le gouvernement israélien a, lui aussi, une responsabilité à exercer pour le rétablissement de la confiance. Il sera extrêmement difficile de venir à bout de la violence israélo-palestinienne si le gouvernement israélien ne procède pas au gel de toutes les nouvelles implantations. Il doit agir avec précaution, de sorte que les colonies - qui sont des éléments potentiels de friction - constituent une monnaie d’échange dans les négociations et non des provocations susceptibles de bloquer dès le départ toute discussion productive. (…)
A chacune de nos deux visites dans la région les Israéliens ont annoncé une expansion des implantations, et c’était presque toujours la première question soulevée par les Palestiniens que nous avons rencontrés. (...) Le gouvernement israélien déclare interdire toute nouvelle colonie mais autoriser l’expansion de colonies existantes pour s’adapter à la "croissance naturelle". Les Palestiniens soutiennent qu’il n’y a aucune différence entre des implantations « nouvelles » et des implantations « étendues » ; et que, à l’exception d’un bref moment de gel sous le gouvernement du premier ministre Yitzak Rabin, l’effort israélien agressif pour accroître le nombre et la taille des colonies n’a jamais cessé. »
Depuis, l’administration Bush, comme l’Union européenne ont régulièrement condamné la colonisation. Lors de sa réunion à Londres le 2 mai 2008, le Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Nations unies) exprimait « sa profonde inquiétude face à la poursuite des activités de colonisation et a appelé Israël à geler toute activité (d’extension) des colonies, y compris la croissance naturelle, et à démanteler les avant-postes construits depuis 2001 ». A quoi cela sert-il, puisque aucune sanction n’est jamais prise contre Israël ?
C’est le sens de la résolution proposée par la sénatrice Nathalie Goulet le 23 avril sur les relations entre Israël et l’Union européenne. Ce texte demande notamment au gouvernement français « de faire prévaloir au sein du Conseil de l’Union et du conseil d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël :
la suspension immédiate de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël sur le fondement du non respect par l’État d’Israël de ses obligations découlant de l’article 2 de cet accord, à savoir "le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques" ;
le report de tout principe de rehaussement des relations avec Israël tant que cet État poursuivra sa politique de colonisation et de violations des droits de l’homme. »
Nouvelles d’Orient - Les blogs du Diplo - 30.04.09
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