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29/04/2009

Crise ou révolte sociale ?

Que la crise financière ait débouché sur une crise économique et celle-ci sur une crise sociale ne constitue malheureusement pas une surprise. La France, qui avait réussi - non sans mal - depuis quinze ans à ramener son taux de chômage de 12 à 7 %, voit avec inquiétude ce taux repartir à la hausse, avec une perspective non loin de 10 % en 2010. Certes, la part importante du secteur public (environ 20 % du total de l'ensemble des travailleurs) met une partie de la population à l'abri. L'arrivée à l'âge de la retraite des classes pleines de l'après-guerre contribue, par ailleurs, à maintenir un certain volume d'embauches. Mais l'inquiétude est fondée et, ponctuellement, la révolte est compréhensible.

À l'occasion du 1er mai, « fête du Travail », ces sentiments vont se manifester fortement. Pour la première fois depuis longtemps, les syndicats vont défiler tous ensemble. Que faire ?

Le plus urgent reste d'assainir le système financier, sans le fonctionnement normal duquel l'économie ne peut pas repartir de l'avant. Le crédit n'est pas un accessoire du développement économique, c'en est la circulation sanguine, vitale. L'interconnexion de tous les agents financiers dans le monde fait que rien n'est vraiment réparé tant que les plus gros sont mal en point. Ceux-ci se trouvent aux États-Unis. Il faut donc, avant tout, que les Américains aient assaini leur propre système financier. C'est en cours. Ce n'est pas fini. En Europe, les Anglais sont les plus touchés. Les Allemands, un peu moins. Les banques françaises sont plus solides, mais elles ne peuvent pas être invulnérables.

Pour un nouveau statut du travailleur

À partir de là, l'économie pourra redémarrer. Probablement assez lentement, car la secousse a été rude. En outre, si les réglementations doivent être plus rigoureuses et les comportements plus prudents, il ne faut pas s'attendre à une reprise en trombe.

Dans ces conditions, la reprise de l'emploi sera, elle aussi, assez lente. Il faut donc financer les transitions avec des fonds publics : aide au chômage partiel, pour conserver le personnel nécessaire demain ; et (pour les jeunes) multiplication des contrats d'alternance, formation-emploi. Après quoi, il faudra s'attaquer à deux problèmes de fond. D'abord, le financement de l'endettement public consécutif à la crise, notamment dans les pays comme la France qui avaient laissé déborder les déficits quand ils avaient les moyens de les réduire ; pour cela, il n'y aura que deux moyens : l'inflation qui dévalue les dettes, mais qui ruine les épargnants ; ou les impôts qui amputent le pouvoir d'achat des contribuables. Deuxième problème de fond : nous adapter à la nouvelle économie du XXIe siècle, mondialisée, avare en ressources naturelles et secouée par les innovations techniques.

Dans ces conditions, il ne faut plus penser que l'on fera toute sa carrière professionnelle dans la même entreprise ni dans le même métier. D'autant qu'il faudra travailler jusqu'à 65 ou 70 ans pour financer des retraites convenables. Il devient donc urgent d'imaginer un nouveau statut du travailleur. Ce dernier se trouvera alternativement en insertion, en production et en transition entre deux emplois, avec des contrats de travail à temps plein et à temps partiel, selon les moments. La notion même de chômage devra disparaître quand on aura compris que la personne qui veut exercer une profession n'est pas un pion que l'on met au rancard quand on n'en a plus besoin. C'est une personne qui, en toutes circonstances, doit pouvoir exercer des droits et des devoirs. Faute de quoi nous connaîtrons des révoltes, même sans crise.

ouest-france - 29.04.09

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