Et pour marquer le coup, ils demandent leur intégration dans la gendarmerie nationale ! Bon nombre seront demain dans les manifs. Il faut dire que leurs représentants syndicaux sont sortis très fâchés d’une récente réunion au ministère de l’Intérieur. Parmi les sujets à l’ordre du jour, figurait l’ISSP (indemnité de sujétions spéciales police), une prime faite pour compenser les risques et les contraintes du métier de policier. C’était, en 1948, le plat de lentilles offert en échange du renoncement au droit de grève. Après avoir obtenu la promesse d’une parité dans les rémunérations, ils espéraient en effet obtenir les mêmes avantages que les officiers de gendarmerie.
On est loin du compte. Un jeune lieutenant de police, par exemple, pourrait voir sa prime majorée de 18 € par mois, alors que pour être à parité, il lui faudrait cinq fois cette somme. Et les négociations sont biaisées par un système de vases communicants : pour que le lieutenant touche plus, il faut que le capitaine touche moins. Car la seule chose qui ne bouge pas, c’est le montant de l’enveloppe : 6.6 millions sur trois ans.
Bilan des courses : il manque vingt millions d’euros. Et les promesses ne seront pas tenues.
Les officiers de police sont tellement remontés que le syndicat majoritaire, le SNOP (syndicat national des officiers de police), a tendu la main à son concurrent direct, Synergie-Officiers, pour envisager une action commune. Si la porte est restée fermée du côté de Synergie, les deux syndicats se sont quand même engagés dans le même combat. Et le SNOP a adopté l’idée coup-de-poing lancée par Synergie : les officiers de police demandent leur intégration dans la gendarmerie nationale, afin « de bénéficier d’une carrière valorisante et diversifiée, d’un logement de fonction cédé à titre gratuit pour nécessité de service, d’une solde digne d’un salaire de cadres, d’une ISSP payée comptant… »
Il s’agit évidemment d’une provocation, mais en filigrane, on sent combien cette aspiration de la gendarmerie dans le giron du ministre de l’Intérieur n’a pour l’instant pas réussi à trouver son régime de croisière. Et plutôt que de faire taire les rivalités, on a même l’impression qu’elle les a exacerbées. L’affaire du pseudo-fichier Roms au sein de l’OCLDI (Office central de lutte contre la délinquance itinérante) en est un exemple. Quelle est la source qui a donné cette information au journal Le Monde, ou plus probablement aux avocats des associations des Roms et de gens du voyage, Françoise Cotta et William Bourdon ? Et certains de penser que la PJ, mécontente de voir un office aux mains des gendarmes, ne serait pas étrangère à cette fuite… Je n’y crois pas une seconde, mais le simple fait que cette rumeur ait circulé montre bien que rien n’est joué entre ces deux grands corps de l’Etat.
En 2007, Nicolas Sarkozy s’était engagé à assurer « une parité globale de traitement et de perspectives de carrière des personnels de la police et de la gendarmerie ». Son discours visait surtout à rassurer les gendarmes. Mais aujourd’hui, ce sont les policiers qui rouscaillent. Il est vrai que les gendarmes n’ont pas de syndicat pour les représenter.
Il est d’ailleurs amusant que les syndicats de police appellent leurs adhérents à devenir militaires de la gendarmerie, ce qui, du coup, leur retirerait la possibilité d’être syndiqués.
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