Alors que le Gouvernement se dit prêt à ré-étudier la question de la pénibilité pour la réforme des retraites, la pénibilité du travail des femmes semble hors sujet. Pourtant, le Laboratoire de l'égalité vient de réaliser un sondage montrant que les Français sont préoccupés par les retraites des femmes. Le "travail invisible", domestique et familial qu'elles assument à 80 % les pénalise. Une pénibilité invisible, exclue du débat.
Les Français sont exaspérés par les différences de traitement entre hommes et femmes, révèle un sondage réalisé par le Laboratoire de l’égalité et Mediaprism. Le débat sur les retraites fait apparaitre de façon évidente un enchaînement de discriminations dont les femmes sont victimes. Mais, face à cette question, l’inertie des responsables politiques et même des syndicats semble être la règle. Le Laboratoire de l’égalité a donc décidé de poser la question aux Français. Ils ne sont pas aussi indifférents que leurs dirigeants. 26.000 internautes représentatifs de la population se sont prononcés : 91% d’entre eux pensent que "la cause des femmes dans la réforme des retraites n’est pas suffisamment prise en compte". 83% jugent que le système actuel "est plus favorable aux hommes qu'aux femmes".
Braquer les projecteurs sur les retraites des femmes
Et pourtant Eric Woerth ne semble pas préoccupé par la moitié féminine de la population concernée par sa réforme. « Nous voulons que le sujet des retraites des femmes soit mis à l’ordre du jour » martèle Olga Trostiansky, une des fondatrices du Laboratoire de l’égalité qui a obtenu une fin de non recevoir de la part du gouvernement. Le ministère de l’emploi lui a indiqué en effet qu’il s’occupait des retraites pas des inégalités professionnelles.
Pourtant, les sujets de friction ne manquent pas.Le Laboratoire de l’égalité demande la suppression du report de 65 à 67 ans de l’âge d’attribution de la retraite à taux plein. Et, pour réduire les inégalités de carrières, l’application des sanctions prévues dans la loi pour pénaliser les entreprises qui ne suppriment pas les écarts de rémunération.
Parmi les débats qu’il faut ouvrir d’urgence selon le Laboratoire : celui de la réforme du congé parental (enterré au début de cette année) ou la création de places d’accueil de jeunes enfants notamment. Plus largement, c’est un débat sur les temps de vie et la prise en compte de certaines activités jusqu’ici ignorées dans le calcul des retraites qui doit s'ouvrir. Les membres du Laboratoire de l’égalité parlent du « travail invisible », celui du travail domestique et familial assumé à 80 % par les femmes. Et qui les pénalise durement quand vient la retraite, surtout si elles ont interrompu leurs carrières pour assumer ce travail invisible. Pas sûr que le gouvernement ni même les très virils syndicats aient envie de prendre en compte la pénibilité du travail domestique. Dans sa déclaration de ce mercredi 8 septembre, le Président de la République ignore superbement le sujet...
Rappelons que, même dans le cas du travail salarié, la pénibilité du travail des femmes n'a pas la même valeur que celle du travail des homme. Lire notre article : La pénibilité invisible du travail féminin. Une différence de perception qui s'explique sans doute par la différence de "bruit médiatique" accordé aux uns et aux autres... Le Laboratoire de l'égalité a encore du travail !
Photos par Agnès Maillard à Toulouse.
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/component/content/article/42-cafouillage/625-retraites-penibilite-du-travail-invisible
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