À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

17/09/2010

André Orléan: 22 mesures pour éviter d'aller dans le mur

Emmanuel Levy

L'initiative de quatre économiste pour dénoncer sous la forme d'un manifeste la non qualité du débat économique à l'œuvre dans le pays prend une certaine ampleur médiatique. Coauteur du manifeste des économistes atterrés, André Orléan livre à Marianne les objectifs de cette pétition.

André Orléan: 22 mesures pour éviter d'aller dans le mur
En 1999, André Orléan publiait Le pouvoir de la finance (édition Odile Jacob). Le professeur d'économie qui officie entre autre à l'X, y décrivait l'incroyable ascension de cette construction sociale, décrite comme parfaite par ses promoteurs, et les risques qu'elle faisait, en réalité, peser sur l'économie. Quelques crises plus tard qui sont toutes nées dans cette dimension immatérielle que constitue l'ensemble des salles de marchés de la planète, rien ne semble avoir changé. Le manifeste des économiste atterrés reprend l'essentiel des analyses déjà présentées dans ce livre et augmenté des travaux de ses trois coauteurs Philippe Askenazy, Thomas Coutrot et Henri Sterdyniak. Ils identifient 10 « fausses évidences » et « 22 mesures » à prendre pour en finir avec la dangerosité avérée du pouvoir de la finance, et mettre fin à la domination dans l'académisme de ses thuriféraires. Pour l'heure, la pétition a recueilli un peu moins de 400 signatures. Mais le manifeste semble retenir enfin l'attention des média. Cette semaine, le Monde a ainsi publié une tribune des quatre économistes, tandis que Libération a réalisé une double page, après que Marianne a mardi réalisé sur son site un premier article.
Le débat est ouvert, et c'est tant mieux. Marianne y contribua en faisant réagir les économistes de toutes les chapelles.
A tout seigneur tout honneur, voicile commentaire de l'initiateur de la pétition, André Orléan.

Marianne : Pourquoi, ce manifeste qui est aussi une pétition ?

André Orléan : Il s’agit d’interpeller l’opinion publique. Lui fournir les éléments pratiques et théoriques de compréhension du débat. Il y a un sentiment diffus que cela ne peut plus marcher comme avant. Que le système, qui a intronisé la finance comme le principal et quasi unique centre de pouvoir, est à bout de souffle. En insistant sur les dix fausses évidences, notre manifeste ne vise pas pour l’heure à faire naître un courant académique, mais à influer sur les décisions de politique publique que les États vont être amenés à prendre. Car ce sont pourtant encore avec ces mêmes schémas de pensée qui ont montré leur inefficience et leurs caractères inégalitaires que les gouvernements élaborent leur scénario de sortie de crise. C’est absurde. Nous allons dans le mur.

Vous visez donc le débat politique ?

A. O. : Notre manifeste n’est effectivement pas un texte de théorie économique, le temps du changement de paradigme académique est très lent. Et le choix politique ne dispose pas de ce temps. Le New deal n’a pas attendu que Keynes formalise sa pensée. Il lui préexiste en ce qu’existe un monde social pratique. Et la domination d’une finance fortement internationalisée en est l’une des expressions face à un mouvement syndical fragmenté et des souverainetés nationales déficientes.
Aussi, notre démarche vise-t-elle les politiques en les interpellant sur la faillite de la pensée économique académique à apprécier l’ampleur de la crise, parce qu’au fond, elle croit en la capacité du système à perdurer. Cela explique pourquoi le parti socialiste, qui s’en inspire, a insuffisamment conscience de ce qui est nécessaire aujourd’hui pour sortir de la crise.

En formulant 22 mesures, donnez-vous clef en main un programme alternatif à la gauche ?

A. O. : Nous entrons dans un moment propice: celui de l’ouverture de la campagne présidentielle. Ces 22 propositions visent à former une sorte de boîte à outils pour une meilleure pratique de la politique économique. Mais pour cela, il faut remettre la finance à sa place, et l’Etat au sien. Autrement dit renverser l’ordre de ces pouvoirs. La crise et les choix qu’il est nécessaire d’élaborer offrent une fenêtre. Aux pays européens de se retrouver sur des convergences fortes, quitte à commencer par un nombre restreint d’entre eux.

André Orléan est Directeur d’études à l’EHESS, Président de l'Afep

http://www.marianne2.fr/Andre-Orlean-22-mesures-pour-eviter-d-aller-dans-le-mur_a197452.html

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails