À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

25/03/2010

Ah, ils nous la vendent bien, la réforme du système de santé d'Obama!

A tel point que tout le monde crie à l'exploit, à la révolution, non seulement outre-Atlantique (côté démocrate, les républicains, eux, en toute mauvaise foi – et probablement bêtise crasse - hurlant au scandale), la propagande ayant bien fonctionné là-bas, normal, mais aussi de ce côté-ci du pays de Candy …
Alors, disons, qu'il y a tout de même quelques ratés que j'aimerais, selon les modestes moyens de ce blog, exposer et diffuser afin de remettre quelques pendules à l'heure.
A travers, entre autres, un article de Chris Hedges "The Health Care Hindenburg Has Landed", publié le 22 mars 2010 par TruthDig.com

Les Français se sont entichés de ce président US (rêvant probablement de quelqu'un de moins vulgaire et moins brut de décoffrage à la tête de notre beau pays si démocratique): peu importe les actes si le président présente bien les choses et s'il porte bien le costume. Et puis, comme il est plutôt noir, eh bien, une partie de la gauche préfère être dupe.
Quant à certains journaux et magazines d'"information", ils sont pathétiques: une dépêche d'AFP en direct de la Maison Blanche et hop, emballés!
Aux Etats-Unis, pourtant, l'enthousiasme de Washington relève de la méthode Coué.

Barack Obama, euphorique et hypocrite, parle de "jour historique", qui prouve que les Etats-Unis restent "capables d'accomplir de grandes choses".

"Ce soir nous avons répondu à l'appel de l'Histoire comme tant d'Américains l'ont fait avant nous. Nous n'avons pas cherché à échapper à nos responsabilités, nous les avons endossées. Nous n'avons pas eu peur de notre avenir, nous l'avons façonné", a également déclaré le président des Etats-Unis.

Quant à Nancy Pelosi, chef de file du parti démocrate à la Chambre des représentants, elle n'a pas non plus eu peur des mots: "Hier soir, nous avons écrit l'histoire", a-t-elle dit, ajoutant: "Nous pensons que ce projet de loi donne aux Américains la liberté d'avoir des vies plus saines, de poursuivre leurs passions, d'exercer leurs talents et d'être heureux".
Et selon Jim Clyburn, l'élu noir le plus influent de la Chambre des représentants, "c'est l'acte sur les droits civiques du 21ème siècle".
Waouh! Rien que ça!
Joe Biden, fort à propos, qualifie la réforme de "big fucking deal". Tout est dit, en trois petits mots de rien. (Mais je me doute qu'il ne voulait pas dire ce à quoi je pense ;-) )
Les médias, eux (les sérieux, je veux dire, pas ceux qui déversent des torrents de boue sur tout ce qui est à gauche de l'extrême–droite), mettent tout de même un bémol à cette "avancée historique" et autres "change, yes we can" proclamés par les leaders démocrates.

Alors qu'en est-il vraiment? Va-t-on assister à l'effondrement de tout le système d'assurance maladie aux US et à la mise en faillite des sociétés privées au bénéfice d'une assurance maladie pour tous?
Parce que c'est de cela qu'il devrait être question, non?

Le titre du Figaro ne croit pas si bien dire: "La réforme d'Obama acceptée par l'industrie de la santé".
Une litote.

"Même les compagnies d'assurance", dit l'article, "dont la cupidité supposée est sans cesse dénoncée par les démocrates, s'en tirent moins mal que prévu. Elles n'auront pas à faire face à la «concurrence déloyale» d'un régime public d'assurance santé longtemps proposé par Barack Obama. Il n'y aura pas non plus de nouvelle agence fédérale de réglementation de leurs primes. En revanche, au niveau des États doivent se mettre en place des plates-formes où leurs offres seront mises en concurrence. Elles ne pourront plus refuser d'assurer des personnes malades ou «à haut risque». Leur modèle va donc devoir évoluer. Certaines risquent de souffrir de cet ajustement".

Nous allons voir que l'industrie de la santé a le triomphe modeste.

Mais revenons d'abord un peu en arrière, à la semaine passée et au vote de dimanche (21 mars) à la Chambre des représentants.

Le Hindenburg du système de santé a atterri

Chris Hedges (traduction)

La décision de l'élu Dennis Kucinich de voter "oui" à la Chambre des Représentants dimanche dernier au projet de loi sur la réforme de santé, alors qu'il avait juré de voter contre tout projet de loi qui ne comportait pas d'option publique, est l'exemple parfait de la raison pour laquelle je ne pourrai jamais faire de politique.
Je respecte Kucinich. Pour un homme politique, il est même ce qu'on peut trouver de mieux, mais c'est quand même un homme politique. Il faut qu'il fasse campagne pour être élu. Il lui faut trouver de l'argent. Il lui faut apaiser la machine du parti démocrate ou risquer les représailles et la défaite. Et donc, il a approuvé un projet de loi qui ne fera rien pour améliorer les souffrances de nombreux Américains, qui obligera des dizaines de millions de personnes à débourser beaucoup d'argent pour un produit défectueux et, qui finiront par rejoindre les rangs de ceux qui ne sont pas assurés.
Les affirmations des partisans de ce projet de loi relèvent de la publicité mensongère habituelle diffusée par le secteur privé. Le projet de loi ne va pas étendre la couverture maladie à 30 millions de personnes qui n'en avaient pas, surtout que les subventions accordées par l'Etat ne seront pas versées avant 2014. Les familles qui n'ont pas les moyens de payer les cotisations élevées, les franchises et tout ce qui n'est pas remboursé, qui représentent, en général, selon les estimations, entre 15 et 18% des revenus des familles, devront se passer de couverture maladie, ce qui augmentera le nombre des personnes non assurées. Les compagnies d'assurance privées peuvent unilatéralement augmenter les prix sans plafonnement et monopoliser les marchés locaux pour écraser la concurrence. Les 1055 trillons de dollars (trillion=mille milliards) qui seront dépensés au cours des dix prochaines années impliqueront l'ajout de services de gestion administrative supplémentaires à un système déjà ingérable et finalement indéfendable.
La malhonnêteté des leaders démocrates face à cette réalité est stupéfiante. Howard Dean, qui est médecin, déclarait récemment: "On vote sur une seule question: êtes-vous pour les compagnies d'assurance privées ou être-vous pour la population?".
Voilà un homme (Kucinich, NDLT) qui était partisan de l'option publique et qui a aujourd'hui vendu son âme au diable.A quoi bon le soutenir, lui, ou tout autre Démocrate? Quel degré de lâcheté peuvent-ils atteindre?
Regardez le désastre de l'assurance maladie au Massachusetts, le modèle qui va servir pour l'ensemble du pays. Une personne sur six à qui on a imposé de contracter une assurance maladie n'a pas les moyens de se soigner parce que les factures sont trop élevées, et des dizaines de milliers de personnes ont été rayées des listes des bénéficiaires des aides publiques à cause des réductions budgétaires.
Les 45000 Américains qui meurent chaque année parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'assurer ne seront pas sauvés par la loi fédérale. La moitié de toutes les faillites personnelles seront toujours dues à l'impossibilité d'acquitter des factures de soins de santé astronomiques. La seule bonne nouvelle, c'est que les actions et les bonus pour les dirigeants des compagnies d'assurance sont en train de grimper en flèche. Notez bien cela: il s'agit une nouvelle fois d'une victoire des seigneurs féodaux et d'une défaite des serfs.
Les Etats-Unis dépensent deux fois plus que les autres pays industrialisés pour les soins de santé - 7129 dollars par personne – alors que 45,7 millions n'ont pas de couverture maladie et des millions d'autres ont une couverture insuffisante, ce qui veut dire que s'ils tombent gravement malades, leur traitement ne sera pas remboursé.
14000 personnes par jour perdent aujourd'hui leur assurance maladie. Un article dans Health Affairs (magazine mensuel sur la santé, NDT) explique que si le système reste inchangé, un dollar sur les cinq dépensés par les Américains en 2017 ira à l'assurance maladie. Les frais de gestion des assurances privées s'élèvent à 31 cents pour chaque dollar consacré aux dépenses de santé. Réorganiser les prestations avec une caisse publique unique permettrait d'économiser plus de 400 millions de dollars par an, suffisamment, comme le fait remarquer l'association "Physicians for a National Health Plan" (Médecins pour un régime de santé public), pour fournir une assurance-maladie de qualité et qui couvre tout pour l'ensemble de la population.
Ce projet de loi ne concerne donc ni le souci de réduire les dépenses publiques ni celui du bien-être de toute la population. Il vise à augmenter les profits des sociétés d'assurance aux dépens des contribuables. C'est la version industrie de la santé au renflouement de Wall St. Ce projet de loi sert à distribuer des centaines de millions d'argent public à l'industrie pharmaceutique et au secteur des assurances privées. Les quelque 3000 lobbyistes du secteur de la santé à Washington, dont les mains sales sont toutes posées sur le projet, ont une fois de plus trahi la population pour de l'argent.
Ce projet montre une fois de plus que le changement ne viendra jamais des démocrates. Le parti est dirigé par les grands groupes privés et leur appartient. Les cinq plus grandes compagnies privées d'assurance maladie et leur association, America's Health Insurance Plans, ont dépensé en 2009 plus de 6 millions de dollars pour faire du lobbying. Pfizer, le géant mondial de l'industrie pharmaceutique, a dépensé plus de 9 millions de dollars au cours du dernier trimestre de 2008 et des trois premiers mois de 2009. Le Washington Post a révélé qu'une trentaine d'élus du Congrès des deux partis occupant des postes-clés dans les comités détiennent des parts importantes dans les compagnies privées du secteur de la santé pour un total entre 11 millions et 27 millions de dollars.
Le directeur du président Barack Obama chargé de la santé, qui refuse d'entendre parler d'option publique, a siégé aux conseils d'administration de plusieurs groupes de services de santé privés. Et pendant que les salaires de la plupart des Américains stagnaient ou baissaient au cours de ces dix dernières années, les profits des compagnies d'assurance augmentaient de 480 %.
Obama et les leaders du congrès ont sciemment écarté des débats les défenseurs d'une caisse unique d'assurance publique.
La presse, y compris des journaux comme le New York Times, traite le mouvement pour l'assurance-maladie publique comme s'il s'agissait d'un phénomène marginal. Et les chaînes de télévision n'en parlent presque jamais. Et pourtant, entre 45 et 60 % des médecins sont favorables à une caisse d'assurance maladie unique. Entre 40 et 62 % des Américains, parmi lesquels 80% des démocrates encartés, souhaitent un système de santé universel avec une caisse d'assurance maladie unique à but non lucratif pour tous les Américains. La capacité des groupes privés à discréditer et à faire taire les revendications d'au moins la moitié de la population prouve hélas une fois de plus la capacité de notre Etat à la solde du secteur privé à verrouiller tous les débats de fond.
Nous ne pourrons changer les choses que si nous construisons des mouvements qui s'opposeront de façon énergique et intransigeante aux démocrates et aux républicains. S'ils peuvent amener Kucinich et John Conyers, qui étaient à l'initiative de la Résolution 676 de la Chambre des représentants, un projet de loi qui visait à créer un système de sante universel public et qui aurait éliminé les compagnies privées, à voter pour cette arnaque orchestrée par les groupes privés, à quoi bon prétendre qu'il y a de la place pour nous dans ce parti?
Et pourquoi donc devrions-nous perdre notre temps avec des groupes de libéraux dégonflés comme Moveon.org, qui a imaginé de récolter 1 million de dollars pour faire pression sur les élus démocrates de la chambre des Représentants qui avaient voté "non" au projet de loi initial, tout ça pour se rétracter au final? Que faisait, de toute façon, ce groupe soi-disant pacifiste à servir d'agent recruteur pour Obama pendant la campagne des présidentielles? Plus nous restons pieds et poings liés aux démocrates et à ces organisations progressistes en déconfiture et plus nous paraissons ridicules et impuissants.

"Je suis prêt à écouter ce qu'a à dire la Maison Blanche, si la Maison Blanche est prête à écouter l'intérêt qu'il y a à inclure une option publique dans ce projet de loi", avait déclaré, avant de basculer, le vieux Kucinich aux émissions de radio et de télévision de Democracy Now!". "Ils peuvent le faire. Vous savez, ils sont encore en train de conclure des accords de dernière minute. Remettez l'option publique dans le projet. Et que ce soit une option solide. Donnez aux gens la possibilité de négocier vraiment leurs contrats avec les compagnies privées … en s'appuyant sur l'option publique. Mais ne dites pas aux gens que vous procédez à la réforme du système de santé si vous offrez aux compagnies d'assurance privées une place dans notre économie encore plus importante ".

Chris Hedges écrit régulièrement pour le site: Truthdig.com. Diplômé de Harvard Divinity School, Hedges a été pendant près de vingt ans correspondant à l'étranger pour le New York Times. Il a écrit de nombreux livres, dont le dernier s'intitule: : Empire of Illusion: The End of Literacy and the Triumph of Spectacle (l'empire de l'illusion: le fin de la culture et le triomphe du spectacle) .

Notes:
Le dirigeable Zeppelin LZ 129 "Hindenburg" était le plus grand aéronef jamais construit. Son vol inaugural a été effectué en 1936]. Après 14 mois de service actif dédié au transport commercial de passagers, il a été détruit par un incendie le 6 mai 1937 lors de son atterrissage à Lakehurst.

Qui est Kucinich et pourquoi tant d'attention ou d'indignation à son égard?
Kucinich, c'est le seul élu démocrate de gauche qui ait voté en novembre 2009 contre le projet de loi sur le système de santé présenté à la Chambre des représentants (voir ici).
Le résultat du vote final ce dimanche à la Chambre s'annonçant serré (il fallait au moins 216 voix pour que le projet passe - ce qui a été fait par 219 voix contre 212), il a fallu ramener le brave Kucinich à la raison. Et c'est Obama qui s'y est collé lui-même, l'invitant à plusieurs reprises à discuter avec lui.
(Eh, oui, même le Front de Gauche cède aux sirènes, alors …).
Evidemment, je suppose qu'il fallait bien cela pour que Kucinich s'en sorte avec le moindre mal et puisse continuer à jouer le rôle de poil à gratter des élus démocrates, qui poursuivraient tranquillement comme avant, à savoir le laisser brailler pour donner l'illusion au grand public qu'ils sont un parti de gauche.
D'ailleurs, Kucinich a déclaré: "j'ai décidé de le soutenir dans l'espoir que nous puissions évoluer vers une approche plus complète, une fois que ce projet de loi sera adopté" (ben, oui, c'est sûr: c'est courant comme démarche!), ajoutant qu'il fallait "faire très attention à ne pas détruire le potentiel de la présidence de M. Obama par ce débat", parfois âpre, qui dure depuis plusieurs mois au Congrès". (Ça ne vous rappelle rien? Entre autres, en 2000, pendant les grèves contre Allègre, les syndicats tendance PS et assimilés ont fait ranger les banderoles en disant que cela risquait de faire tomber le gouv. Jospin et que, hein, le PS, c'est quand même mieux que la droite).
Mais les progressistes, qui avaient voté pour Obama sur la promesse (entre autres) qu'il mettrait en place un système de santé public pour tous, ont plutôt rechigné que Kucinich finisse par céder. Il faut dire aussi qu'il était trop isolé pour peser dans la balance et imposer l'option publique.
Voilà, grosso modo, l'histoire.

Mais revenons sur cet "événement historique" qui a semé l'émoi et fait gonfler les ego.
Ça n'étonne personne qu'il ait fallu bouger le gars le plus à gauche de la panoplie dème pour faire voter ce projet de loi?
D'accord, on peut toujours se dire que si les rèpes ont voté contre d'un seul homme, c'est qu'ils trouvaient tout cela bien trop "socialiste".
C'est oublier que dèmes et rèpes nous font un parfait numéro de duettistes. Et que quand les uns sont aux manettes à la White et au gouv., les autres essaient de les bousculer un peu, mais rien de grave: personne ne perd de postes d'élus professionnels (plus ou moins prestigieux, certes) qu'ils se répartissent gentiment (un peu comme ici, mais en pire … empire).
Eh bien, pour finir, dans les hautes sphères, tout le monde est bien content et les compagnies d'assurance se frottent les mains pendant qu'Obama fait croire qu'il a accouché aux forceps d'une "réforme" quasi révolutionnaire.
O pôvre!

La réforme du système de santé, ils en rêvaient: Obama l'a fait!
Enfin, presque.
Parce que son truc tordu, faut voir ça de plus près pour comprendre.
D'abord, comprendre que cela n'a rien à voir, absolument rien, avec le système de santé même perfectible qui a été mis en place en France, et dans les pays européens.

La seule analogie qu'il y ait, c'est Medicare et Medicaid.

Medicare est le système d'assurance maladie géré par le gouvernement américain et destiné aux personnes de plus de 65 ans ou répondant à certains critères.
Medicaid est un programme qui a pour but de fournir une assurance maladie aux individus et aux familles à faibles revenu et ressources. Il est géré par les états qui le subventionnent conjointement avec le gouvernement fédéral.
Les personnes susceptibles de bénéficier de ce programme sont: les parents à faible revenu, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.
Donc, pour les couches de la population les plus démunies, il existe une couverture maladie. Le problème, c'est que les critères d'attribution changent et si on est assuré un temps, on n'est pas assuré de l'être tout le temps.
Sinon, tout le reste de la population doit s'assurer auprès d'un organisme privé - à but lucratif, donc.

La santé aux Etats-Unis n'est pas un droit fondamental: c'est une marchandise.

Et c'est bien connu, les sociétés privées ne font pas dans le mécénat et les contrats proposent une assurance basique (chère) et il faut encore et encore mettre la main à la poche si on veut bénéficier de prestations plus élaborées, du genre opérations ou traitements lourds, prévention, jusqu'aux techniques les plus en pointe réservées aux riches clients.
Et donc, comme expliqué précédemment, le système actuel est bien plus coûteux et largement exclusif .

Avant la loi:

Les salariés, censés être assurés par leur employeur l'étaient de moins en moins. De plus, avec les suppressions d'emplois industriels, avec la montée du chômage, et la "crise" aidant, beaucoup n'ont plus eu les moyens de s'assurer.
45 millions d'Américains n'étaient pas assurés, dont la grande majorité parce qu'ils ne pouvaient pas se permettre de grever leur budget déjà très serré. Pour les autres (les jeunes adultes, par exemple), tout aussi pris à la gorge par des remboursements de toutes sortes, c'était un pari sur l'avenir, une sorte de roulette russe. En croisant les doigts pour que rien de fâcheux ne survienne.

Ce qu'apporte de différent cette nouvelle loi:

Ceux qui n'ont pas d'assurance maladie seront contraints de souscrire une assurance privée. S'ils ont des revenus insuffisants (selon les critères gouvernementaux – plafond, plancher, seuil de pauvreté …), l'état versera des subventions directement aux sociétés d'assurance privées. Seront théoriquement susceptibles de bénéficier des aides publiques ceux qui sont juste au-dessus des critères définis par Medicaid actuellement (à moins que le plafond pour en bénéficier ne soit encore baissé).
Vous suivez toujours? C'est compliqué. Bien.
Donc, les assurances privées verront affluer une énorme vague de nouveaux adhérents parmi lesquels: les plus pauvres, dont l'assurance sera payée par l'état et les plus jeunes, qui jusqu'alors faisaient l'impasse sur l'assurance-maladie, et dont la santé est en général bien meilleure que le reste de la population. Pratiquement tout bénef.
Elle n'est pas belle, la vie d'un assureur privé aux US?
Sans compter tout le matos et les médocs supplémentaires à refiler à tous ces gens.
On comprend alors que la réforme d'Obama soit "acceptée par l'industrie de la santé", comme le dit le Fig. !
Alors, quand même, ces pauvres sociétés privées devront en compensation reverser une poignée de sous à l'état – une misère à côté des bénéfices escomptés. Mais les riches, c'est bien connu, ça n'aime pas qu'on leur prenne le pognon qu'ils ont gagné à la sueur de leur front, tellement ils ont réfléchi à trouver une nouvelle arnaque.
Ensuite, les assurances ne pourront pas résilier votre contrat si vous tombez gravement malade. Cela pouvait sembler logique dans un monde où la santé est considérée comme fondamentale, mais, apparemment, c'était à préciser.
Elles ne peuvent pas prendre, non plus, prétexte d'"état de santé préexistant" -- enfin, si vous avez une assurance qui couvre les maladies graves évidemment - pour vous refuser le remboursement des soins. De toute façon, à mon humble avis, elles trouveront bien autre chose pour compenser le manque à escroquer là aussi.
Autre point: les enfants dépendants pourront être couverts par l'assurance de leurs parents jusqu'à l'âge de 26 ans. Moyennant une petite compensation financière, je suppose. On veut bien être humain, on n'en reste pas moins hommes. Et puis, on a nous aussi une famille à nourrir.
Anecdotique: Les assureurs qui ont des dépenses administratives trop élevées devront offrir des ristournes à leurs clients. Ca aussi, faudra voir.

Donc, si on y regarde de plus près: cette loi, ne va pas jusqu'à être "quasi révolutionnaire", comme le dit Barack. Non? A moins que quelque chose m'ait échappé …

En revanche, toujours en y regardant de plus près, on constate quelques petits (oh, très petits) écueils:

Le premier, c'est que cette loi ne sera mise réellement en place que d'ici à 2014, ce qui veut dire que les 45 millions et plus qui ne sont pas assurés doivent encore attendre 4 ans! A-t-on jamais vu une mise en place aussi longue?
Et pour ceux dont l'"état de santé préexistant" aura servi de prétexte pour ne pas leur rembourser les soins, eh bien, espérons qu'ils seront encore en forme d'ici là.
45000 personnes meurent chaque année faute de soins.

En outre, entre-temps, il y aura eu les élections de mi-mandat (nov 2010: renouvellement de tous les représentants de la Chambre + d'autres ), où la majorité risque fort de basculer, celle du POTUS, en 2012, et on ira, en 2014, vers d'autres élections au Congrès.
Avec tout ça, si la réforme historique n'est pas repoussée aux calendes grecques …

Ensuite: ceux qui ne bénéficieront pas des aides de l'Etat mais qui ne pourront pas plus s'assurer qu'actuellement, faute de moyens, seront sanctionnés par une amende, si, si!.
Donc: t'as pas les sous pour bénéficier d'une assurance maladie, connard de pauvre? Aboule-le fric quand même!
Surtout ne pas oublier de punir les pauvres: ils se rattraperont bien assez une fois au paradis - et à ce tarif, ils y arriveront plus vite que les autres.
C'est pas de la chance, ça?

Toujours dans ce plan de santé "historique":
Imposer à tous de souscrire une assurance ne veut pas dire qu'ils bénéficieront de soins, la facture finale, entre les franchises, les non-remboursements de certaines prestations ou médicaments étant trop lourde et, donc, beaucoup de ceux qui ne sont pas assurés actuellement et qui seront tenus de le faire, n'auront pas les moyens de se faire soigner pour autant. Il s'agit donc juste de donner de l'argent qui entrera direct dans les poches des assureurs sans contrepartie.
Comment vous dites que ça s'appelle? une ... arnaque? peut-être bien...
Exemple: une famille de quatre personnes qui a un revenu annuel de 66.370 dollars devra débourser 5.243 dollars par an pour l'assurance maladie. Si on défalque le minimum vital, il leur reste 8.307 dollars de revenu discrétionnaire — pour payer l'habillement, les divers emprunts, la crèche et les frais de scolarité en plus des 5.882 dollars pour les dépenses de santé à leur charge.

Autre problème, ce plan va coûter de l'argent au contribuable sans que celui-ci y voie une quelconque amélioration dans la vie courante, ni pour lui, ni pour ses concitoyens, l'argent allant directement dans les caisses des compagnies privées, qui gèreront. On sait comment.

Les employeurs, eux, seront forcés d'assurer leurs salariés mais bénéficieront de réductions d'impôts: ils seront donc tentés de choisir des assurances au rabais où les franchises sont plus élevées et les remboursements moindres.

Quand, d'autre part, les produits sont subventionnés, cela entraîne une augmentation des prix, or le plan Obama n'impose aucune contrainte, aucun plafond aux sociétés d'assurance.

Enfin, last but not least, les femmes ne sont pas oubliées dans cette galère. L'avortement ne sera pas remboursé par l'Etat et donc ne devra pas figurer dans les contrats subventionnés.
Si une femme pense qu'elle devra un jour avoir recours à un avortement (à titre préventif, donc, comme pour une grippe ou une maladie de cœur éventuelles), ce n'est pas compliqué: il lui faudra souscrire une assurance privée comportant cette clause. Je suppose que comme c'est très spécifique, la cotisation le sera également.
Mais enfin, de toute façon, il n'y a quasiment plus de cliniques qui pratiquent l'avortement, alors, autant s'en passer directement.

Enfin, à noter:
Ce projet de loi est pratiquement identique au plan proposé en 2009 par l'AHIP, l'association des compagnies d'assurance … Une référence … NON?

Eh ben, j'espère que vous aurez eu le courage de lire jusqu'au bout, pour avoir une idée, et pour ensuite diffuser l'info, question de faire cesser les stupidités propagées partout sur les exploits d'Obama.

http://blog.emceebeulogue.fr/post/2010/03/24/Ah,-ils-nous-la-vendent-bien,-la-r%C3%A9forme-du-syst%C3%A8me-de-sant%C3%A9-d-Obama!

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