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Les tâches les plus pénibles

Ils arrivent tous les matins par centaines avec un tamis sur les dunes de sable ou les décombres de bâtiments pour récupérer les galets, les pierres et le sable qui peuvent servir à fabriquer des blocs de béton. Ils fouillent les poubelles dans toute la Bande de Gaza ou se frayent un passage entre les tas d'ordures à la recherche de plastique, de métaux, et de tout ce qui peut se revendre. Ils s'aventurent dangereusement tout près de la clôture pour détacher des ruines de leur maison détruite les tiges de métal et d'acier. Ce sont les recycleurs de Gaza et sur un territoire où le taux chômage atteint près de 50% et que la pauvreté touche 80% de la population, les considérations environnementales sont loin de faire partie de leurs préoccupations. Ils font ce travail par nécessité.
Yousef, 14 ans, emmène ses deux petits frères le long de la route entre Khan Younis et Deir al-Balah pour aller récupérer des matériaux qui serviront à fabriquer du béton .

“Nous habitons à Khan Younis et il y a environ 30 minutes de marche pour arriver sur ce site. Mais nous nous arrêtons tout le long de la route pour chercher des cailloux, dit-il, courbé en avant pour trier les pierres. Un de ses frères travaille dans un des tunnels de Gaza et un autre n'a pas de travail. "J'ai cinq sœurs, aussi. Nous sommes 12 en tout, et mon père est au chômage".

Comme beaucoup de ceux qui sont au chômage aujourd'hui, le père de Yousef travaillait en Israël, jusqu'à ce que les autorités ferment les points de passage entre Gaza et Israël. Actuellement, il travaille de temps en temps à la journée dans des exploitations agricoles, mais le salaire est bas.
Moatassan, le frère de Yousef qui est âgé de 3 ans, entasse les pierres sur la charrette tirée par un âne, contribuant lui aussi à augmenter les revenus de la famille. "Une pleine charrette se vend environ 30 shekels (8 dollars)", explique Yousef. "En général, on arrive à remplir deux charrettes par jour.
Il est typique des enfants de Gaza qui grandissent bien trop vite. "Au moins, ça fait un peu de travail", dit-il, sans jamais cesser de trier les pierres.
A quelques centaines de mètres au sud, le long de la route de Salah el-Din, les dunes de sable sont envahies par les trieurs quotidiens. Les enfants plantent fermement leurs pelles dans le sable, pour remplir des seaux, qu'ils charrient ensuite péniblement jusqu'à des tas à des centaines de mètres de là. Ils font cela tous les jours, du matin jusqu'au soir.
Les femmes d'un certain âge sont assises, secouant allègrement des tamis de fortune pour tamiser le sable et le tasser dans des seaux que quelqu'un viendra chercher. Abu Majed, un homme de 45-50 ans, travaille avec quelques-uns de ses enfants à creuser le sable et à remplir des seaux.
"J'étais pêcheur. Mais quand les Israéliens ont commencé à multiplier les attaques en mer, et nous ont empêchés de trop nous éloigner de la côte avec les bateaux, ça ne valait plus le coup d'aller pêcher", dit-il.
Selon les accords d'Oslo, les pêcheurs palestiniens peuvent pêcher jusqu'à 30 kms de la côte. Les canonnières israéliennes limitent la pêche à moins de 5 kms et elles tirent ou lancent des roquettes sur ceux qui s'aventurent près de ces limites ou qui les dépassent, et attaquent parfois même ceux qui sont encore plus vers l'intérieur.

"Nous pêchions la sardine mais on ne trouve pas de sardines près des côtes, il faut aller au-delà de 9 kms. Que pouvais-je faire? J'ai six enfants à nourrir. Et donc, je me suis mis à vendre du sable et du gravier. C'est un travail pénible et je ne gagne qu'environ 30 shekels par jour. Mais c'est toujours mieux que de mourir de faim."

99 % des industries de Gaza ont été détruites à la fois par le siège – imposé peu de temps après l'élection du Hamas en 2006, et renforcé en juin 2007 – et par l'offensive menée par Israël au cours de l'hiver 2008-09 qui a, selon Oxfam, détruit ou détérioré 7000 usines et commerces.
Les 4000 industries de Gaza se sont arrêtées de tourner, et seules environ 5% d'entre elles fonctionnent encore, d'après le compte-rendu de l'OCHA (le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU/ United Nations Office for Coordination of Humanitarian Affairs), qui précise que même celles qui fonctionnent encore ont une activité très réduite.
Toujours d'après l'OCHA, entre le siège et l'offensive contre Gaza on estime à environ 120.000 les pertes d'emplois dans le secteur privé depuis le milieu de l'année 2007.
Et si la fermeture totale des frontières à Gaza a rendu le commerce encore plus difficile ces trois dernières années, la journaliste israélienne Amira Hass souligne que les mesures de fermeture des frontières à Gaza existent depuis les années 1990.
Mais pour ceux qui fouillent le bord de routes et les décharges, ce qui est le plus difficile à admettre, c'est le fossé énorme entre ce qui se passait il y a à peine quelques années en arrière, où on trouvait encore un peu de travail, et la situation actuelle où il n'y en a plus du tout.
Près de Deir el-Balah, au centre de la Bande de Gaza, tout près de la route principale nord-sud, cinq hommes travaillent chez un ferrailleur pour faire le travail qui était naguère effectué par 12 hommes.

"Nous travaillons de 7h du matin à 7h du soir et ensuite il arrive une nouvelle équipe" dit Mahmoud. “Nous gagnons au maximum 50 shekels par jour. Ce n'est pas suffisant. Avec ça, on doit payer le taxi matin et soir et subvenir aux besoins de la famille."

Avant le siège, en travaillant de 7 à 5h du matin, les employés touchaient 100 shekels. Le métal était exporté, vendu hors des frontières de Gaza. Maintenant, le patron de l'usine fait empiler la ferraille en attendant le moment où il sera à nouveau possible d'exporter.

"Nous ne faisions pas tous ce travail auparavant, certains d'entre nous étions étudiants, d'autres dans le bâtiment. Nous avions tous des vies et des emplois bien meilleurs", explique Mahmoud. "Mais nous prenons ce travail parce qu'il n'y a pas d'autre solution. Il faut bien vivre".

L'acier, le gravier, le sable et les divers métaux que les plus démunis de Gaza récupèrent pour quelques malheureux shekels venaient auparavant d'Israël, à un prix bien inférieur au marché actuel.
Selon l'OCHA, une tonne de ciment coûte actuellement 3400 shekels alors qu'il coûtait 350 shekels avant juin 2007.
Selon le "Palestine Trade Centre", alors que les matériaux de construction représentaient plus de 50% des importations avant le siège, depuis l'offensive d'Israël contre Gaza, seulement 0.05 % de la moyenne mensuelle avant le siège a été autorisé à entrer à Gaza depuis décembre 2009.
Le siège empêche l'importation de ciment, de tuyauterie, de bois, de verre, d'acier et d'autres métaux et de tout le reste, à l'exception de moins de 40 produits.
L'OCHA indique que même s'il y avait suffisamment de ciment sur place, 20 cimenteries sur 29 ont subi de gros dégâts pendant l'offensive israélienne, en même temps que d'autres usines liées au bâtiment.
Avec plus de 6400 maisons détruites ou qui ont subi de graves dégâts, et près de 53000 un peu moins touchées, il y a une énorme demande pour ces matériaux et l'attente est longue. Des familles déplacées sont toujours en location dans des logements dont elles n'ont pour la plupart pas les moyens de payer le loyer, s'entassent chez des membres de leur famille dont les maisons étaient déjà pleines, ou vivent sous la tente.
Dans une usine de béton qui utilise les gravats recyclés, le gravier ramassé à la main et le ciment passé en fraude dans les tunnels, les prix sont élevés, même en vendant à perte. "Un bloc de ciment revient à 4 shekels actuellement alors qu'avant, c'était un shekel seulement", dit Abu Fadi, propriétaire d'une usine.

Actuellement, il faut attendre une semaine pour avoir une pile de pierres et de galets comme celle-là pour les transformer en blocs de béton" dit-il, en montrant une pile de pierres.
"Le ciment que nous achetons en Egypte coûte plus de trois plus cher parce qu'il passe par les tunnels, explique-t-il. C'est ridicule. Nous payons actuellement une tonne de graviers 150 shekels. Avant, nous payions des gens pour nous débarrasser du gravier".

La qualité du gravier et du ciment, l'accès aux matériaux et leur prix ne sont que des problèmes parmi bien d'autres.

"Il y a des problèmes d'électricité à Gaza. Et donc, cela signifie que nous ne pouvons faire fonctionner nos machines que quand il y a du courant". Mais les coupures durent en général 8 heures par jour. Et 12 heures actuellement, alors nous nous asseyons en attendant que l'électricité revienne".

En contrebas, il y a une petite usine de recyclage de l'acier. Les charrettes tirées par les ânes déchargent l'acier trouvé dans les gravats et les ouvriers le fixent avec un étau et se mettent à le forger aussitôt.
"C'est paradoxal. Les maisons en ruine créent la demande pour des matériaux de construction. Mais en même temps, elles fournissent les gravats et le fer nécessaires à la reconstruction", dit Abu Fadi.

Ahmad, 23 ans, a abandonné les études à l'université pour travailler dans les tunnels, gagnant environ 100 shekels par jour quand il y a de l'argent. Certains jours, son tunnel livre du ciment. "Aujourd'hui, on a reçu du gravier importé d'Egypte. Un sac de graviers de 50 kg se vend 100 shekels à Gaza", dit-il.

A la fin de ses études à l'université, Sameh a travaillé pendant deux ans jusqu'à ce qu'il se retrouve au chômage. 'J'ai fini par rejoindre mes amis, je suis allé ramasser des pierres près de la frontière. On peut vendre une tonne pour 150 shekels, ce qui fait 50 par personne. C'est un travail pénible qui casse les reins. J'ai mal partout".

Ceux qui travaillent près de la frontière souffrent doublement. Entre le milieu de l'année 2007 et août 2009, au moins 33 Palestiniens, parmi lesquels 11 enfants, ont été abattus par des soldats israéliens. Plus de 61 civils, dont 13 enfants, ont été blessés, selon les données de l'OCHA.
Shahin Abu Ajuwa (17 ans) a encore des éclats d'obus dans les deux jambes après avoir été mitraillé, ainsi que son cousin Saber, 15 ans, avec un fusil à injection depuis un tank israélien alors qu'ils ramassaient des pierres et de la ferraille à l'est de Jabaliya, en novembre 2009.
"Nous étions à plus de 600 mètres de la frontière. Nous étions à un endroit où beaucoup de gens se rendent tous les jours pour récupérer du métal et des pierres" explique Ajuwa."Les Israéliens voient tout le temps des gens travailler là-bas. Il n'y a rien d'anormal".
Ajuwa, un des huit garçons de la famille, a 6 sœurs et les 10 ou 200 shekels qu'il aurait peut-être gagnés ce jour-là auraient été compléter les ressources de la famille.
"On a pu extraire un des éclats d'obus, mais il en reste encore six".
Certains sont enlevés et détenus par l'armée israélienne. Toutes les semaines, on entend aux informations que d'autres ramasseurs de matériaux de récupération, y compris des enfants, ont été enlevés par les soldats israéliens dans les limites officielles de Gaza, et dont beaucoup étaient bien en deçà de la limite de 300 mètres imposée aux Palestiniens par Israël.
Le Centre de Défense des Droits humains Al Mezan raconte un incident qui s'est produit le 10 février, où des soldats israéliens ont tiré sur des jeunes gens qui ramassaient des pierres à 350 m de la frontière. Un des trois ramasseurs, Mohammed Suboh, 17 ans, a été touché à la main et la poitrine par les tirs israéliens. Tous les trois ont ensuite été placés en détention. Suboh a été relâché quatre jours plus tard.

"J'ai des diplômes universitaires, je parle couramment trois langues et j'ai travaillé pour des ONG internationales, dit Sameh, "mais j'en suis réduit à faire cela parce qu'il n'y a pas de travail à Gaza.

Eva Bartlett est une militante canadienne des droits de l'homme qui a passé huit mois en Cisjordanie en 2007 et quatre mois au Caire et au point de passage de Rafah. Elle est actuellement basée à Gaza, après être arrivée avec le troisième voyage réussi du Free Gaza Movement. Elle travaille avec le Mouvement de Solidarité Internationale (ISM) dans la bande de Gaza, où elle accompagne des ambulances tout en documentant les frappes aériennes israéliennes et l’invasion terrestre en cours dans la bande de Gaza.

Boycott, désinvestissement, sanctions

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Appel au Boycott, aux Sanctions et aux Retraits des Investissements contre Israël

Pour le boycott, le désinvestissement, les sanctions, contre l’Israël de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid, publié le mardi 9 mars 2010

Apartheid, épuration ethnique, génocide ... que faut-il dire?

Le gouvernement français sans foi ni loi, pourtant largement déconsidéré par une large majorité de la population, utilise les mensonges et la répression pour soutenir un pays voyou.
BDS, lettre de protestation à F. Fillon. samedi 6 mars 2010
Signez-la lettre
Ce bigot de Fillon soutient les crimes contre l'humanité. On se demande ce qu'il fait dans des lieux où ils font la pub pour l'"amour du prochain"! Ah, Ah!, elle est belle la religion! Aussi peu crédible que les promesses du pitre de l'Elysée.

Boycott_Israel__prod_de_beaute.jpg Produits de beauté fabriqués dans les colonies

Campagne BDS
Ils ont oublié Coca. Et bien d'autres (c'est plutôt une affiche pour les Brits). Mais enfin, ça donne une idée ...
Le problème, avec les boycotts de nos jours, c'est que les groupes de distribution sont tentaculaires, et parfois exclusifs. Il faudrait faire des boycotts tournants.

http://blog.emceebeulogue.fr/post/2010/03/17/Comment-survivre-%C3%A0-Gaza-avec-le-si%C3%A8ge%2C-un-taux-de-ch%C3%B4mage-de-50%25-et-un-taux-de-pauvret%C3%A9-de-plus-de-70%25