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24/03/2010

Le faux argument du coût du travail

Depuis déjà deux décennies, l’axe majeur de la politique de l’emploi en France a été la multiplication des exonérations de cotisations sociales et fiscales. Accessoirement, les contrats aidés ont été aussi plus ou moins promus.

Cette politique est fondée sur un argument totalement infondé selon lequel la faiblesse du taux d’emploi et la persistance du chômage en France seraient liées aux coûts élevés du travail et particulièrement au poids des cotisations sociales dites patronales. Le « coût de travail » est un concept relatif, surtout dans le contexte de la mondialisation. Il est vrai que le monde est fortement inégalitaire et que les écarts salariaux sont extrêmement importants. Toutefois, il est absurde de comparer le coût du travail dans différents pays sans tenir compte de deux facteurs :
- 1) la quantité de biens et services, de marchandises, que la force de travail permet de produire en un laps de temps donné, ce que les experts appellent « productivité du travail » ;
- 2) l’évolution du coût du travail par rapport aux autres coûts de production et particulièrement par rapport aux prélèvements financiers (dividendes versés aux actionnaires et charges d’intérêts) ;

Contrairement à une idée reçue et largement répandue par le patronat et le gouvernement, le coût du travail en France se situe dans la moyenne des pays qui ont à peu près le même niveau de développement économique et social. En revanche, la France se situe dans le peloton de tête en ce qui concerne la productivité du travail.

Le tableau suivant met en évidence cette réalité. Dans ce tableau, le coût de travail est calculé en tenant compte de la productivité du travail. Il exprime donc le coût du travail par unité produite.
Pour la moyenne de l’Union européenne à 15, le coût du travail en tenant compte de la productivité du travail est considéré comme la référence (chiffre de 100 dans la troisième colonne). Pour l’Union européenne à 27, ce même coût est de 86,68.
On le voit clairement, qu’il s’agisse de la zone euro ou de l’Union européenne, lorsqu’on tient compte de la productivité du travail, le coût du travail en France est en-dessous de la moyenne.
En tenant compte de la productivité, le coût du travail est plus élevé au Danemark, en Suède, en Finlande, en Autriche, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas.


Productivité horaire du travail coût du travail compte tenu de la productivité rang
Danemark 96,4 139,73 1
Suède 103 125,36 2
Finlande 96,5 111,98 3
Autriche 101,7 105,27 4
UEà15 100 100
Allemagne 111,9 96,33 5
Italie 88,9 93,29 6
Pays-Bas 121 87,84 7
UE à 27 88,8 86,68
France 116,9 83,75 8
Portugal 54,9 79,95 9
Luxembourg 165,5 77,32 10
Espagne 94,3 67,39 11
Estonie 47,8 60,3 12
République tchèque 54,8 55,76 13
Slovaquie 62,9 53,54 14
Hongrie 54,7 50,54 15
Pologne 43,6 50,54 16
Roumanie 31,4 42,11 17
Lettonie
41,9 18
Lituanie 47,1 39,51 19
Bulgarie 31,2 23,49 20

http://www.cgt.fr/spip.php?page=article_dossier2&id_article=37067

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