Maxime Combes
Quelle idée que celle d'organiser un G7 finances ces 9 et 10 septembre à Marseille! La crise économique et financière est globale, prête à tout emporter sur son passage.
Pourtant la France convie un G7 des ministres des finances et gouverneurs des banques centrales. Pays concernés : Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, auxquels sont adjoints des représentants du FMI et de la Banque Mondiale. Un G7, comme le G8, qui fleure bon les années 1970-80 où l'on se complaisait à réunir les pays « les plus industrialisés ». En 2011, réunir un G7, c'est comme s'acharner sur un vestige, une scorie du passé.
Officiellement, ce beau monde doit "tirer les leçons" des "soubresauts de l'été". Soubresauts ? A Marseille, on dirait plutôt le « oaï », une vraie pagaille, une tempête financière attisée par une spéculation sans limite s'abattant sur les banques de la zone euro et aux répercussions bien réelles. La récession pointe et les gouvernements multiplient les plans d'austérité dont les plus touchés seront à nouveau les populations les plus fragiles, comme l'illustre le plan Fillon. Tout cela est maintenant connu et rabâché.
Que propose donc le G7 ? Comme le dit Attac France, « les gouvernements du G7 ont une grande part de responsabilité dans cette situation dramatique » puisque « la récession est provoquée par leurs politiques d'austérité stupides, aveugles et socialement injustes ». Juste après ce G7, supposé sommet informel et duquel ne sortira aucune déclaration - à quoi bon alors - va donc succéder un G20 finances dans deux semaines à Washington. Avec l'objectif, comme lors du G20 de Toronto de 2010, de mondialiser l'austérité.
Mondialisons les solidarités !
A l'heure où l'INSEE vient de confirmer que 8 millions de personnes en France vivent sous le seuil de pauvreté, Emmaüs Marseille a rappelé ce jeudi 8 septembre, sur le Vieux-Port, que ce genre de rencontres évitent les questions fondamentales : l'accès à l'alimentation, à la santé, à l'éducation, vivre avec dignité dans un environnement sain. « G7, G8, G20, GRIEN » scandait Emmaüs. Évinçant les pays pauvres et séquestrant la démocratie mondiale, G7, G8 et G20 sont à des années-lumière de la satisfaction des besoins essentiels des populations.
Opération "Du pain pour ceux qui n'ont pas de blé" par Emmaus jeudi 9 septembre 2011. © Alter-Echos (www.alter-echos.org)
Ils veulent « rassurer les marchés » pour poursuivre le « business-as-usual ». Nous voulons « désarmer les marchés financiers » pour « mondialiser les solidarités ». Deux orientations diamétralement opposées. L'avenir de nos sociétés et de chacun-e de nous dépendra de ce choix. Le second ne s'obtiendra pas dans les alcôves ministériels ou internationaux à coup de bonnes idées ou de lobbying bien intentionné.
Comme l'écrivait récemment Edwy Plenel :
« On ne compose pas avec un adversaire déloyal, aveuglément idéologique et profondément amoral. Non, on l'affronte, pied à pied, par la construction d'un rapport de force et d'une alternative déterminée. »
Samedi, le collectif "les peuples d'abord, pas la finance ! " organise un rendez-vous de mobilisation, à partir de 15 heures, sur le Vieux-Port à Marseille. L'occasion de prendre date pour des initiatives de plus grande ampleur d'ici et pendant le prochain G20 (3 et 4 novembre à Cannes) dont Nicolas Sarkozy a la présidence.
Maxime Combes, membre d'Attac France et de l'Aitec, et engagé dans le projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org).
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